La dignité humaine [Risalat al Islam – Ramadan 2015 Épisode 3]

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  1. Salaamun wa rahmatallaahi wa barakaatuh,

    J’ai ré-écouté et ré-écouté, et des petites choses n’allaient pas… Alors, permettez-moi d’y revenir :

    D’abord, qu’est ce qu’on entend par juger un acte/comportement ? Porter un jugement sur quelque chose, le peser, s’en faire une idée, l’apprécier, disons de manière « neutre », intérieure, privée, se faire une opinion sur le comportement ou l’acte ? Ou alors, aller plus loin, dans un jugement « interactif » pour condamner ou autoriser/accepter le comportement ? Où se trouvera la limite de ma liberté de comportement, et celle du jugement des autres quant à ce comportement ?
    Il me semble que les Musulmans ont du mal à délimiter les libertés de chacun, de part et d’autre. J’imagine que le souci d’ « interdire les mauvais comportements et exhorter aux bons comportements » devrait être applicable à un champs qui est difficile à délimiter. De plus, est souvent difficile de définir un bon ou un mauvais comportement car ce qui justifie cette connotation de bon/mauvais vient généralement de la culture, des coutumes, et non de la religion elle-même.

    Et puis, nos comportements ne sont-ils pas les révélateurs et les reflets de ce que nous sommes convaincus d’être, de vouloir devenir, ou de ce que nous voudrions que les autres pensent que nous sommes (que ce soit vrai ou faux) ? Entre l’acte lui-même et la personne qui agit de cet acte, il y a juste une règle de grammaire : le vol est commis par un voleur, le meurtre par un meurtrier, le mensonge par un menteur, la manipulation par le manipulateur… etc. Si je condamne l’acte, je condamne l’acteur. Si je juge d’ignoble un acte, je juge également d’ignoble celui qui l’aura proféré, l’étiquette est collée sans qu’on y réfléchisse très longtemps. Alors, pourquoi serions-nous habilités à juger (dans le sens condamner/autoriser) les actes et les comportements des gens ? Si nous nous attribuons le droit de juger leurs actes, nous les jugeons tout court. Une fois le jugement des hommes rendu, il est très rare que l’on fasse preuve de clémence (par exemple envers les repentis). Nous ne saurons jamais ce qu’il y a dans le coeur des gens, alors pourquoi juger leurs actes ? A moins qu’il s’agisse d’actes criminels, nous n’avons pas l’habilité de juger les actes/comportements « anodins » des gens. Nous ne sommes à la rigueur que des témoins, témoins des actes.

    La dignité de l’être humain est intouchable (du moins elle devrait l’être), on est tous humain, personne n’est moins humain qu’un autre. Mais c’est une dignité « minimale ». Avec ce minimum de dignité, quand nous venons au monde, nous avons le droit d’être traités de manière égale, comme tous les hommes. Nous devenons responsable de cette dignité, à l’âge de la raison, et nous nous devons de l’entretenir et de la nourrir. Si Dieu évoque « le plus digne » d’entre les hommes, cela signifie qu’il existe bien sûr le moins digne. Le moins digne sera celui qui ne garde de sa dignité que le stricte minimum (celle d’être un homme, et non un caillou ou une bestiole). Pourquoi avons-nous toujours droit/accès à la dignité minimale, même quand on s’est comporté de la manière la plus vile qui soit ? Parce que l’homme garde ce choix (le libre arbitre – la liberté de choisir), il le garde jusqu’au bout, ce choix de changer son coeur, de changer son comportement, d’agir sur les choses dans la limite de ses possibilités, de se « payer une bonne conduite », et de retrouver sa place au sein des hommes justes. Les conditions sine qua non de la dignité « minimale » sont effectivement ce potentiel que les hommes ont d’accéder à la liberté, et au savoir (comme expliqué dans cette vidéo, et celle sur la responsabilité).

    Maintenant, qu’est ce qui peut élever la dignité des hommes ? C’est avant tout la noblesse du caractère forgée dans la résistance, la patience, l’humilité, la générosité, l’excellence, la compassion, le pardon, l’amour de son prochain, la pudeur, la droiture, l’honnêteté,… etc. Ce sont toutes des qualités, qui peuvent coexister, et même avec peu de connaissances ou de savoirs, et peu ou aucune liberté « reconnue » par les hommes (par exemple dans des conditions d’esclavage, de manque de moyens de subsistance… etc).

    Et Dieu sait mieux.

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