Les sciences et l’éthique 2/4

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C’est dans le domaine des sciences expérimentales que l’on comprend le mieux la nécessaire double autonomie de l’éthique. Bien qu’elle soit impérative- ment liée au sujet qui s’y réfère ou qui l’a produite (selon que c’est une éthique religieuse ou rationnelle) ou à l’objet sur lequel elle doit s’appliquer (les sciences du vivant, la médecine : les domaines de la bioéthique), elle se doit de rester distincte et du sujet et de l’objet. En d’autres termes, le sujet présente son éthique, d’une part, comme une norme (ou un corps de normes) qu’il aimerait voir partagée par tous et, d’autre part, il ne confond jamais la pratique libre d’une science avec l’élaboration des limites éthiques et juridiques (dont l’objectif devrait être de prévenir ses excès). Que ce soit à l’intérieur d’une tradition phi- losophique ou religieuse, ou dans leur interaction, imposer sa seule norme relève de l’esprit dogmatique et exclusiviste alors qu’interférer sur la double autonomie de la science et de l’éthique (par une confusion des ordres du savoir) peut aboutir à museler les sciences et à réinviter à sa table les esprits inquisiteurs.

Il faut ajouter à cela que les sciences contemporaines nous rappellent tous les jours la nécessité de l’éthique. Les savoirs sont devenus tellement complexes et performants que les hommes ont le pouvoir désormais de transformer la nature et la création, de manipuler des gènes et de produire les instruments de leur propre destruction. Les expériences réalisées, les technologies produites, les progrès scientifiques permanents ont des conséquences sur la vie, les intelligences, les psychologies collectives, les relations sociales, l’ordre naturel, le climat et, bien sûr, l’avenir de l’humanité. Des commissions d’experts et de scientifiques ont été créées et les comités d’éthique se sont multipliés : il s’agit d’ouvrir des espaces de négociations collectives entre les agents du progrès scientifique et les gardiens de la conscience humaine désireux d’empêcher les excès d’un savoir qui se retournerait contre son auteur, l’homme, et l’anéantirait.

De multiples intérêts contradictoires sont en jeu : la science s’intéresse certes au savoir, mais ses relations d’interdépendance avec le monde économique complexifient les procédures de décision. Les connaissances et les progrès que les sciences permettent génèrent des compétences, des intérêts et des richesses : les sciences contemporaines produisent ainsi autant de savoir que d’argent et les opérateurs économiques (qui sont rarement invités dans les commissions scientifiques ou les comités d’éthique) occupent souvent le rôle de cet absent omniprésent qui agit sur l’atmosphère des lieux et garde la main haute sur l’orientation des débats et la nature des décisions. Le réalisme nous impose de relativiser les compétences et les pouvoirs des comités d’éthique et des appels à la responsabilisation collective quand tant de millions de dollars et d’intérêts privés et/ou publics sont concernés. Au-delà des déclarations de bonnes intentions, des études scientifiques et des avis des spécialistes, on a pu voir le peu d’influence effective qu’ont les recommandations éthiques et écologiques quand l’économie et les multinationales pèsent de tout leur poids sur les décisions politiques: la non-ratification du protocole de Kyoto (sur la réduction des gaz à effet de serre) par les États-Unis (le pays le plus pollueur de la planète) est un exemple parmi tant d’autres des conflits d’intérêts entre les domaines de l’éthique, des sciences, de l’économique et du politique.

L’univers des sciences expérimentales impose une réflexion sur l’éthique qui soit concentrée sur son application concrète et qui, en cela, nous permette d’éviter de nous perdre dans des débats philosophiques préliminaires nébuleux et peu productifs. En sus, une démarche inductive – qui remonte des questions d’application concrète des normes éthiques vers leurs sources – nous donne la possibilité, d’une part, de clarifier le statut de l’éthique au cœur du pluralisme des spiritualités, des religions et des philosophies et, d’autre part, de préciser l’objet ou l’activité auxquels elle s’applique. Les principes de l’éthique peuvent naître d’une morale considérée comme universelle (selon la termi- nologie de Kant), mais il est nécessaire que chacun ait la claire conscience qu’il existe une diversité de philosophies et de traditions spirituelles et religieuses et qu’il s’agit de débattre, d’échanger des points de vue et de déterminer le statut et la nature des valeurs partagées. Ces dernières ne nous appartiennent plus en propre, elles ne sont plus la propriété d’une religion, ou d’une philosophie, qui s’impose aux autres, mais elles sont le bien commun de la collectivité sociale ou humaine (selon que la question est nationale ou internationale). Certains défis fondamentalement globaux, transnationaux et transculturels questionnent notre capacité à produire, ensemble, une éthique universelle partagée, applicable et à appliquer. C’était le souhait du théologien Hans Kung avec son projet d’« éthique planétaire » dans la lignée des initiatives inter-religieuses et de coopérations transversales et très concrètes entre les différentes traditions et religions.

Née de soi, mais indépendante de soi dès lors qu’elle devient un produit collectivement partagé, l’éthique doit également, nous l’avons dit, se distinguer de son objet afin de ne pas chercher à s’imposer sur les méthodes scientifiques mais se concentrer sur les limites de leurs applications (en s’intéressant bien sûr à la question du sens). La préservation de cette indépendance est bien sûr impérative dans tous les autres domaines de l’agir humain et notamment dans ceux de la politique et de l’économie. Au demeurant, cette indépendance est à la fois sa force et sa faiblesse : soumise à aucun ordre, elle peut se présenter comme la norme objective à partir de laquelle on peut évaluer la justesse des choix humains, scientifiques, politiques ou économiques. Toutefois, cette indépendance n’offre à l’éthique aucun levier de pouvoir pour agir concrètement sur le réel et transformer les comportements : des théologiens, des philosophes, des scientifiques et des militants écologistes peuvent bien parler du sens, des limites, de la responsabilité humaine et de la destruction de la planète, ils apparaissent souvent comme de doux rêveurs, des voix parfois fortes, mais sans réel moyen d’agir sur le cours des choses. Le pouvoir de l’éthique aujourd’hui n’est ni religieux, ni philosophique, ni politique : il est tout simplement, et malheureusement, dans la conscience de l’imminence des catastrophes que les hommes sont en train de provoquer par leur irresponsabilité. Le pouvoir de l’éthique raisonnable est objectivement l’ultime recours face à la folie humaine. Les hommes, à cause de leurs actions, se voient dans l’obligation de convoquer leur conscience d’une façon ou d’une autre, au Nord comme au Sud : face à la destruction de la planète, au réchauffement climatique, à la corruption ou au nouvel esclavage moderne par exemple. Nous atteignons les limites de la survie et l’éthique se voit investie du pouvoir de la conscience collective qui doit chercher les moyens de cette survie : nous assistons, dit le philosophe Michel Serres, au retour de la morale. Ce n’est plus l’universalité de ses principes imposés qui semble nous permettre, selon l’école kantienne, de l’appeler « morale », mais la nature des catastrophes globales qui menacent la planète entière et chacun d’entre nous. Ce retour « impose » la prise de conscience et la responsabilisation de chacun dans son comportement quotidien: une éthique personnelle et un engagement à reconsidérer ses habitudes, sa consommation et l’ensemble de son mode de vie. Loin des débats philosophiques ou des distinctions conventionnelles, nous assistons au mariage, à la fusion de la morale et de l’éthique: universel imposé ou choix individuel, nous ne décidons plus. La morale et l’éthique s’imposent à notre liberté perdue.

11 Commentaires

  1. Je ne suis pas d’accord sur une ou deux choses ici :
    « Les connaissances et les progrès que les sciences permettent génèrent des compétences, des intérêts et des richesses : les sciences contemporaines produisent ainsi autant de savoir que d’argent et les opérateurs économiques (qui sont rarement invités dans les commissions scientifiques ou les comités d’éthique) occupent souvent le rôle de cet absent omniprésent qui agit sur l’atmosphère des lieux et garde la main haute sur l’orientation des débats et la nature des décisions. »
    A savoir que ce sont souvent les opérateurs économiques qui soutiennent la recherche scientifique et sont de ce fait à l’origine de la plupart des connaissances et progrès. Ils sont omniprésents à toutes les étapes : décider de l’orientation de la recherche, des ressources mobilisées, et parfois de la teneur et l’issue (ou résultats) des recherches -et pour exemple rappelez-vous des géants du tabac dans les années 60 aux Etats Unis, ou des fabricants de l’essence au plomb (rebaptisé « éthyle » par les compagnies américaines -dont General Motors, pour ne pas alarmer les gens).

    « Nous atteignons les limites de la survie et l’éthique se voit investie du pouvoir de la conscience collective qui doit chercher les moyens de cette survie (…) »
    Cela dépend fortement du sens que l’on donne au mot survie, ce qu’il englobe et sous-entend. Car les objectifs des quelques milliards de personnes sur Terre divergent, et les moyens donnés à chacun sont inégaux. Pour certains survivre c’est juste avoir de quoi subsister, pour d’autres c’est l’exigence de faire vivre tout le monde dans la dignité, pour d’autres encore, c’est la suffisance de se savoir à l’abri (et le monde doit contribuer naturellement à leur survie et peut crever après eux… c’est ordre naturel des choses !)
    L’éthique qui accompagnerait la quête de la survie est de ce fait toute relative, cela dépend du point de vue que l’on adopte et de l’objectif qu’on vise. Vous évoquiez dans l’un de vos livres l’aspect relatif de la morale ou l’éthique : chez les Romains, à l’âge d’or de la démocratie, la démocratie ne prenait en compte ni les Etrangers ni les esclaves, c’était une démocratie relative. La « survie » de Rome se faisant aux dépends des Autres. Sans oublier ce que l’Eglise d’une Europe impérialiste avait décrété sur l’inégalité des âmes entre Blancs et Noirs.
    Pour espérer mettre d’accord tout le monde autour des mots survie et éthique, il faudrait passer par des notions moins relatives, des notions qu’on ne peut instrumentaliser ou dévier. Il faudrait redéfinir une éthique au caractère « absolu », c’est à dire une sorte de morale en fin de compte.

    • Salam…°*°…

      « L’univers des sciences expérimentales impose une réflexion sur l’éthique qui soit concentrée sur son application concrète et qui, en cela, nous permette d’éviter de nous perdre dans des débats philosophiques préliminaires nébuleux et peu productifs.(T.Ramadan/4ème paragraphe…)

      L’Éthique impose une réflexion sur l’univers des sciences expérimentales… … sur leurs… … …, n’est ni opposable ni dommageable en d’autres point de vues, un grand nombre de sens et/ou de raison ce n’est pas toujours se perdre au milieu d’un(e) petit(e)…

      lorsque une échelle invariable varie de gré, une échelle variable aussi se crée, dans la mesure où l’Éthique n’est ni un sommet ni une profondeur forcément accomplis et/ou sans issue dans l’univers d’une atmosphère « éthiquante », ou éthiquée, ou si commune, les différents états d’une eau sont-ils ou ne sont-ils pas un peu beaucoup tellement les facteurs et les vecteurs d’un seul et même composé, d’une seule et même matière, de solides différences vivent de manières réfléchissantes, assisté d’une fenêtre au mode contemporain, quel flou se permet le dessin,…

      en fait tout part de là, et pour cause évidente et humaine, l’Éthique est-elle authentique, et, une fois sur la table, la seconde question, qui n’est en fait que la même, se pose exactement à ceux et celles qui l’entourent et la revendiquent précisément, n’est-ce pas…, pour faire dire et penser qu’une valeur existe et élève tout prochain, seule la réalité existentielle et naturelle délivre et atteste tout commun, sous le toit d’une nuit le jour s’éclaire et s’embellit de vie et sous le toit d’une vie le jour s’unit et s’équilibre de nuit…

      …KHassan…Salam…merci…

  2. L’éthique se réfère à des normes, à des valeurs, à des limites. En se sens, elle est politique puisqu’elle dessine les limites du tolérable. Elle se loge dans les conventions sociales, les lois, des manifestes politiques, des expressions artistiques, des interprétations de textes religieux etc. Elle ne se résume pas à des commissions dont les intitulés utilisent son label.
    La manière dont elle se reconfigure à travers le temps, est complexe et dépasse le simple espace de négociation entre différents « savants », « experts », ou « scientifiques ». Elle n’est pas le simple fruit de négociation collective, mais aussi de lutte en rapport à des assemblages de pouvoirs asymétriques, plus ou moins avantageux ou oppressifs pour certaines catégories de personnes.

    Nous vivions dans un monde néolibérale dont l’existence repose sur les prémices du projet moderne tel que l’a formulé l’Europe. L’une de ses caractéristiques est de faire fi de toutes questions éthiques et notamment de la justice sociale et de l’écologie. La loi du plus fort règne. Le sens est inexistant hormis celui d’accumuler les dividendes, ouvrir de nouveaux marchés. Ce système n’est avantageux que pour une minorité puissante. Celui qui détient le pouvoir socioéconomique et financier donne le la aux décisions politiques.

    La réforme radicale que vous préconisez s’inspire, semble t’il, beaucoup de la pensée kantienne reprise notamment par Habermas. La vision de l’espace public de ce dernier est des plus idylliques : les relations de pouvoir et de domination sont suspendues ou atténuées au profit de l’élaboration d’un vivre-ensemble. L’une des conséquences est la production d’une pensée élitiste, eurocentrique, peinant à fournir des outils épistémologico-politiques pour des catégories de personnes étant éloignées des centres de pouvoir tels qu’ils existent actuellement et/ou cherchant à défaire les approches eurocentriques.

    Je formule ces remarques critiques en vue de construire ma propre réflexion sur les enjeux sociopolitiques et culturels contemporains que j’ai à relever et qui dépassent ma propre personne. Je suis à la recherche de solutions. J’avoue ne pas vraiment en trouver dans votre approche à l’heure actuelle sans vouloir vous visez pas en tant que personne. Il est important de développer son esprit critique et d’être à l’écoute de ce qui nous dérange.

    Que Dieu nous facilite et nous ouvre les portes. Amin.

    • Salam…°*°…

      pourtant, comme à l’exemple fortement temporel et commun que l’histoire implique et formule, le présent se situe toujours entre deux circonstances, proches ou éloignées à tout un chacun dans le temps, tout à fait comme celles que chacun(e) imagine conçoit et/ou présume face à tout ou partie de leurs études distinguées et selon toutes réalités de leurs valeurs rapprochées, le passé comme le futur constitue donc tout aussi bien le lien invariable et indivise de cette ligne temporelle et composée des natures que l’attitude unanime et correspondante de cette valeur affectée et projetée des hommes, quels sont alors et déjà les instants unis et constants, et parfois croissants, désignant favorablement ou défavorablement, entièrement ou partiellement, la luminosité ou l’obscurité humaine des ensembles d’hier d’aujourd’hui et de demain…

      si vous empruntez des formules sans tenir compte des valeurs d’une échelle et des mesures du réel, des nombres factuels et humains ne désignent pas toujours le sens d’une belle raison ni la raison d’un beau sens, l’art de la guerre est-il, a-t-il été, sera-t-il vraiment une œuvre solide et splendide à conserver ou un silence sordide et morbide à conjurer, si la question ne cesse c’est que le problème persiste et, surtout, que la réponse s’évite ou s’achète chère des hommes…

      …KHassan…Salam…merci…

  3. Assalâmou alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouhou,

    « […] il s’agit d’ouvrir des espaces de négociations collectives entre les agents du progrès scientifique et les gardiens de la conscience humaine désireux d’empêcher les excès d’un savoir qui se retournerait contre son auteur, l’homme, et l’anéantirait. »

    Cette opposition entre « agents du progrès scientifique » et « les gardiens de la conscience humaine désireux d’empêcher les excès d’un savoir » me laisse perplexe.
    En effet, ne peut-on pas être à la fois gardien de la conscience humaine désireux d’empêcher les excès d’un savoir  » et « agent du progrès scientifique » ?

    Peut-on conclure à un progrès scientifique lorsque les applications des résultats d’une science ne permettent non pas une « humanité augmentée » mais son contraire… en somme, qu’elles déshumanisent?
    Dans le paragraphe suivant, Professeur T. Ramadan, vous l’avez très bien dénoncé, c’est en vérité une histoire de gros sous, de rentabilité, qui inspirent les « avancées scientifiques » et non pas le sens à donner aux travaux scientifiques.

    Je ne verse pas dans la philosophie, alors la définition philosophique des termes m’échappe sûrement. Une pensée, néanmoins, occupe mon esprit : plutôt que de parler « d’agents du progrès scientifique », ne serait-il pas plus juste d’évoquer des « agents d’une science matérialiste ? »
    « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »…

    Wa salâm

  4. salam , ma fille de 15 ans a le cancer des os depuis janvier avec complication à la chaine entre des chimio intensives . Ses chances de survie sont très faibles et en septembre elle passe sous bulle . Question très terre à terre : ses risques de rechutes étant importantes ,et sa chance de survie faible ou commence l’acharnement thérapeutique ou l’euthanasie car si ma fille refuse de recommencer des chimio qui ne serviront à rien et veut mourir chez elle en paix entourer de sa famille , devant Allah , on fait quoi ? Bon en espérant que cette question sera entendu .
    Le gouvernement , pour info , a décidé de fermer L’oncologie de Garches (enfant atteint de cancer) . Ou vont aller ses enfants se faire soigner ? Ecoutez ce que dit le docteur Delpine au sujet des lobbys pharmaceutiques . salam

    • beaucoup d’éléments et beaucoup d’évènements cruciaux et récurrents parcourent aussi bien ce dernier que ce nouveau siècle, il semblerait qu’agir d’une sorte se contraigne fortement aux sortes du réfléchir, à nouveau…, le maillage important qu’induit la cause et la conséquence d’une circonstance produit et poursuit toujours l’inconscience et la malveillance inchangées et conjoncturelles d’un nombre d’actes, à postériori humain…il est parfois des abords urgents et vitaux de la Vie qui se vivent et qui se doivent, injustement, des perspectives déplacées face aux kyrielles des mesures irréfléchies, l’individuel et le collectif n’ont guère ou trop les moyens d’évitement ou de renoncement, ni même les chances épargnées ou dialoguées d’un système à l’autre, faire le tour du monde apporte-t-il, a-t-il apporté, meilleures nouvelles, faire le tour du monde des hommes les apportera-t-il vraiment, autrement, principalement…

      par ailleurs, l’Éthique médical biologique et écologique, fervents pionniers et ardents défenseurs des savoirs et des risques humains et naturels de l’histoire, se peut définir et se doit d’investir unanimement les champs pathologiques, graves et délicats, d’une société ou d’une culture, les séquences de l’existence furent-elles normales ou moins, ne varient jamais, d’une naissance ou d’une partance, d’une tolérance ou d’une résistance, du champs de compétences et du besoin de délivrances, à tout être vitalement nécessiteux…

      et si certain(e)s ne donnent à l’Éthique que si peu de conscience, donc moins de tolérance et moins d’espérance en tout à chacun(e), quelle culture et/ou quelle nature se manquent ou se matérialisent trop à leurs esprits…

      …KHassan…Salam…merci…

    • Salaamun alayka Sayyd Baker, wa rahmatullaahi wa barakaatuh,
      D’abord je suis de tout coeur avec vous et votre famille. Que Dieu vous donne la patience et la force nécessaires pour traverser cette épreuve des plus difficiles.

      Ensuite je crois que le Pr. T. Ramadan a déjà expliqué sa position sur l’euthanasie : il n’est pas fondamentalement contre quand le but est de sauvegarder la dignité humaine. Par ailleurs, vous pouvez trouver une recherche sur l’euthanasie dite active (que vous appelez euthanasie), et euthanasie passive (que vous désignez par mourir chez soi en paix, entouré par les siens), c’est de T. Mahdi ici : http://oumma.com/L-euthanasie-du-point-de-vue , cet article résume les positions des différentes écoles à ce sujet.

      Ce qu’il faut garder en tête est que toutes les interprétations -des uns et des autres- sont des interprétations faites à la lumière d’un ijtihaad (personnel), dans le cadre de compréhensions des principes de l’islam et de ses objectifs. Ces interprétations se valent toutes : on ne peut pas dire que l’une soit complètement fausse, ou qu’une autre soit la meilleure… On peut choisir dedans celle qui nous semble plus adaptée à une situation, puis une autre dans une autre situation. L’islam est une religion de miséricorde et de paix (et de facilité, dyn yusr).

      Quant à l’euthanasie active (qui n’est soutenue par aucun courant dans l’article mentionné), je crois que c’est une option périlleuse car elle est assez difficile à justifier face à :
      – l’appel de l’islam à accepter son destin et la volonté divine (c’est un des piliers de l’islam) ; mettre fin à sa vie peut venir de ce que l’on n’accepte pas ce qui arrive, qu’on n’accepte pas la maladie, la douleur, l’épreuve, « al-qadaa’, al-qadar »
      – l’épreuve de Dieu qui a pour but de distinguer le bon du mauvais chez Son adorateur. Esquiver l’épreuve, ce serait comme déclarer forfait, échouer, avant même d’avoir pu montrer ses capacités, ses qualités de croyant, son mérite
      – l’inconnu, l’avenir. Dieu seul le connait. Si on met fin à la vie d’un mourant et que le lendemain survient la découverte d’un remède, ou que le lendemain il était « écrit » que le mourant allait montrer des signes de rétablissement… Et si, au moment de partir, le mourant avait changé d’avis et avait voulu rester se battre encore, ou que la famille du mourant avait voulu se rétracter et profiter encore de moments avec le malade… et si, et si…
      Pour cela, l’euthanasie passive prévaut. Mais encore, l’euthanasie active pourrait se justifier quand le but derrière cette pratique est de soulager le malade -qui est condamné, de l’avis des médecins- (et non le refus du destin : les actes sont rétribués/jugés par Dieu selon les intentions qui les préfiguraient ou les motivaient « inamaa al-aemaalu bi-nniyyaat »), quand il ne reste d’autres alternatives que l’acharnement thérapeutique… et cela afin de préserver sa dignité d’être humain.

      J’espère que ces éléments de réponse vous aideront,
      et Dieu sait mieux.

  5. Salam alaykum Baker,
    je te conseille de patienter et de faire beaucoup d’invocations pour ta fille et de faire, comme nous l’a enseigné notre Prophète Mohammed alayhi salat wa salam, une prière où tu demande à Allah de prendre la vie de ta fille si c’est mieux pour elle, ou de la laisser en vie et de la guérir dans la cas inverse. Puisse Allah Tout-Puissant sauver ta fille et vous faire miséricorde. Amin

  6. Salam…

    si la quête d’une valeur de l’Éthique se résume, pour se perdre aussi facilement, de haut en bas, de long en large, de jour en jour, à la Vie, pourquoi toujours chercher à la décortiquer, à l’émanciper, à la reconnaître sans mesure ni volume adéquate…, la Vie est un perpétuel changement et une éternelle valeur, et l’Éthique valorise ou considère chaque mouvement qui l’accompagne, le présent ne peut être moindre à toutes mémoires et l’avenir peut être suffisant à tout espoir, l’Éthique ce n’est pas le pire à vivre ni le meilleur à chasser, tout comme le sens d’un anticorps naturel et commun, ou tout comme la force et le devoir immunitaire et particulier d’un ensemble, biologiquement l’Éthique est donc une mesure noble digne et appropriée, comme nourrissante et bienveillante à toutes natures vivantes, et plus si vivifiantes, alors que psychiquement scientifiquement et civilement cette mesure se disperse illogiquement ou même se défie mortellement, économiquement dites vous…

    entre et depuis la, les sources et l’origine de l’Éthique, ce sont des histoires et des hommes qui ont failli et/ou accru potentiellement des ennemis, et non pas des valeurs et des accords de la Vie qui ont manqué et/ou dénigré essentiellement chaque avis, c’est alors que chacun, chacune peut remarquer au fil du temps que l’Éthique constate et conserve le même degré et la même tempérance humaine autant qu’Elle institue et rétribue le même partage et la même image citoyenne, en l’Existence, et comme toujours d’un bien parallèle et universel en toutes circonstances en tous progrès et en toutes estimes, sortir de l’Éthique c’est trahir et détruire la Vie, solidariser l’Éthique c’est réunir et construire la Vie, une fois n’est pas coutume et quitte à choisir le meilleur sens évolutif et la meilleure raison collective, l’Éthique n’a qu’une limite autant que la Vie n’a pas de prix …

    …KHassan….Salam…merci…

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