par Frédéric Burnand, pour swissinfo.ch à GenèveLe candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi et son possible tombeur Aboul Foutouh s’affrontent par affiches interposées (AFP)
Le pays des pharaons connaît ses premières élections présidentielles libres. L’Egypte post-Moubarak se faufile entre une armée sur la défensive et une mouvance islamiste en pleine recomposition, traversée par un conflit de génération. Décryptage.
«Depuis 1952, année de la prise de pouvoir des officiers libres (dirigés par Gamal Abdel Nasser, ndlr) et du renversement du roi Farouk, c’est la première élection présidentielle avec des candidats civil », relève le chercheur Hasni Abidi.
L’actuelle junte au pouvoir, le Conseil suprême des forces armées – qui assure la transition – sera donc en principe remplacée par le vainqueur du scrutin des 23 et 24 mai.
L’enjeu est crucial dans un Proche-Orient porté à l’incandescence par le huis-clos syrien, le nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien. Pour les Etats-Unis ligotés par leur présidentielle et l’Europe empêtrée dans sa crise financière, la préoccupation est plus que jamais que l’Egypte conserve une relative stabilité, surtout en matière de politique étrangère.
Maintenir l’Egypte dans le giron occidental
«Israël suit naturellement de près l’élection de celui qui dirigera la politique étrangère, tout comme les Etats-Unis», constate Hasni Abidi avant de relever que Washington a appelé à collaborer de manière inconditionnelle avec les islamistes.
«Les Etats-Unis font preuve d’un pragmatisme qui vire à l’opportunisme. Ce que les Européens ont encore de la peine à faire, préoccupés qu’ils sont par le respect des libertés, des minorités et des femmes. Ce qui est tout à leur honneur», commente le chercheur basé à Genève où il dirige le Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen.
Le destin de l’armée qui dirige l’Egypte depuis 60 ans est donc crucial.
«L’armée est consciente aujourd’hui que le temps ne joue pas en sa faveur. Tôt ou tard, elle doit trouver une nouvelle formule et engager le retrait de la scène politique et surtout économique. Mais le processus sera très lent. Vu les difficultés économiques et les difficultés de la transition, l’armée se voit toujours comme le garant de la stabilité», souligne Hasni Abidi.
L’avenir de l’institution militaire
De son coté, Patrick Haenni, de l’Institut Religioscope basé à Fribourg, précise: «L’armée est la grande perdante des événements de ces 4 derniers mois où elle jouait la division des partis pour conserver l’essentiel de ses prérogatives, comme le secret qui couvre son budget. Elle se retrouve aujourd’hui sur la défensive pour préserver un minimum d’acquis.
Tout tourne donc autour des négociations entre l’armée et les partis. Mais cette négociation de coulisse n’est pas l’enjeu de ces élections.»
En effet, les principaux candidats en lice ne remettent pas frontalement en cause le pouvoir de l’armée sur l’économie de l’Egypte et sa politique étrangère, notamment l’accord de paix signé avec Israël. Et plus que les programmes, les personnalités des candidats sont déterminantes. Mais cette réalité ne résume pas une campagne où les divers courants islamistes se recomposent et s’affrontent. Les Frères musulmans pèsent toujours d’un grand poids, mais voient éclater leurs divisions à l’épreuve de la démocratisation de l’Egypte post-Moubarak.
Frères musulmans déstabilisés
«Chez les Frères, on assiste à une sorte d’implosion entre une jeunesse qui portait l’espoir du soulèvement et une vielle garde apeurée», estime le Suisse Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans et toujours empêché de se rendre en Egypte, malgré ses demandes répétées.
Alors qu’ils avaient initialement annoncé ne pas vouloir présenter un candidat, les Frères musulmans sont ensuite revenus sur leur parole, suite à leurs premiers succès électoraux au parlement l’année dernière et à la forte poussée sur leur droite des salafistes, un courant plus rigoriste encore que les Frères musulmans.
«Cette valse-hésitation a brouillé leur visibilité et leur crédibilité», juge Tariq Ramadan, professeur à l’Université d’Oxford en Grande Bretagne.
Spécialiste des mouvements islamistes, Patrick Haenni ajoute: «Les frères ont montré une grande capacité à durer et font preuve d’une grande continuité dans leur ligne. Ils ne réalisent pas que l’islamisme s’est profondément diversifié. Ils se retrouvent pris en sandwich entre des islamistes libéraux et les salafistes. C’est révélateur de la scène politique de demain.»
De son coté, Tariq Ramadan relève: «En soutenant le candidat Aboul Foutouh qui cherche à rassembler sur un consensus beaucoup plus large, les salafistes jouent le pragmatisme pour, principalement, mettre à mal la crédibilité des Frères.»
La montée en puissance d’Abdel Moneim Aboul Foutouh est en effet l’une des surprises de la campagne électorale. Ancien cadre des Frères musulmans, ce médecin de 60 ans est également soutenu par la bourgeoisie copte et la jeunesse de la place Tahrir.
Démocratie participative
Des activistes qui n’ont pas été balayés par la vague verte qui a suivi le soulèvement contre Hosni Moubarak. Et ce même s’ils ont perdu en visibilité.
«L’été passé, raconte Patrick Haenni, ils se sont divisés sur la suite à donner à leur engagement. Après avoir pour certains tenté de créer des partis, sans succès, un engagement informel via le net s’est développé, comme de suivre les sessions parlementaires et les critiquer ou des campagnes pour montrer la réalité des violences et des tueries que l’armée leur attribuait l’année dernière et dont elle était en réalité responsable.»
Et le chercheur de s’interroger: «Par leurs interpellations, leurs critiques et leurs propositions, par leurs manifestations, ils sont en train d’inventer une nouvelle forme de démocratie participative. Pourra-t-elle se développer face aux forces conservatrices? C’est l’inconnue.»
Rappelons qu’environ 40% des 77 millions d’Egyptiens sont analphabètes et que 45% d’entre eux vivent en ville. Et ce, alors que l’économie peine à redémarrer, que les investisseurs ne se bousculent pas et que les caisses de l’Etat sont bientôt vides.
Frédéric Burnand, swissinfo.ch
Genève
salamu alaikom
Une de mes amies égyptienne m’a dit ce qui suit:
حسبنا الله و نعم الوكيل مما رأيناه من حملات بعض المرشحين اللى بينزلوا بعربيات و مكبرات صوت و يوزعوا فلوس و أكياس مش عارفة فيها أيه ..
و لما بلغنا اللجنة العليا على بال ماحد إتحرك كانوا وصلوا رسالة للناس بأن حملة دكتور محمد مرسي هم أللى بيعملوا كده ..!
Vraiment fragile démocratisation la hawla wa la 9owata illa billah … May allah bless and protect EGYPT and its people <3
ps: النتيجة النهائية للمصرين فى الخارج كانت كالاتى ||
مرسى 38% = 102345 صوت
أبو الفتوح 28% = 73997 صوت
حمدين 15% = 40156 صوت
موسى 12% = 32898 صوت
شفيق 7 % = 18853 صوت
comme d’habitude votre analyse de faits est très pertinente, et relève de l’esprit réel de la chose, et non du suréalisme dont vis la majorté de nos penseurs
ce que je voudrais noter, est le suivant:
l’égypte est par excellence l’exeption de tous les pays 1 musulmans, 2 nord africains, 3 arabes, 4 méditerranien , pourquoi ? pour la simple raison : l’état de la palestine,
les dirigeants (futurs) de l’égypte n’ont pas seulement et unique défis la situation à l’intérieur , mais plutot c’est de l’extérieure et plus précisément de l’état de la palestine qui est fondamentale
ainsi si on n’a pas une vision claire et réaliste de la chose, et bien vaut mieux ne pas se précipiter vers une « chaise » qui va brûler nos images, brûlé nos CVs , je parle des gens qui ont des CVs lourds
merci à vous
Permettez moi de déplacer un tout petit peu le sujet; mais par rapport aux soulèvements du monde arabe, par rapport aux éléctions, au pays et ce qui se passent. On sait déjà que le Maroc c’est de la fourberie.
Sarkozy a été acceuillie royalment à Marrakech, alors qu’il a passé toute l’année à critiquer les musulmans et leur faire des procès d’intention et Dieu sait que parmi ses musulmans il y avait bcq de marocains.
Vous appelez cela un commandant des croyants, je l’appel le commandant des fourbes, les fourbes de son cabinet et de son parlement.
De toute mon coeur j’espère inch’allah que le peuple marocain destitura ce monarque de son trône et je lance de ce site , en tant que journaliste convertie, un appel au peuple marocain à sortir de la naiveté. Vive l’humanité libre et honnète
SALAM Alaikom G beacoup aimé ton commentaire; 🙂 Bless U Jean-Marc Bless U 🙂
En tant que
ce qu’il fO comme même savoir C ke le peuple est « ivre » ne comprend po ce ki se passe autour de lui , et tt ceux qui remette le roi en cause sont immédiatement sanctionnés au nom de « المس بثوابت الدولة » (G po su comment la traduire)!
_ J’espère ke M6 réussira à se débarrasser de ces « fourbes » qui sont autour de lui avant que le peuple se réveille…. Allahuma ihfad al maghreb yaaa rab …
Salam aleykoum
« En effet, les principaux candidats en lice ne remettent pas frontalement en cause le pouvoir de l’armée sur l’économie de l’Egypte et sa politique étrangère, »
Si c’est le cas,alors pourquoi tous ces pseudos islamistes courrent derrière le pouvoir ,si ce n’est pour assouvir leurs vils petites ambitions.
Où l’on constate que notre intelligentsia suisse donne une vision plus factuelle et respectueuse de Monsieur Ramadan que les politiques français…
Je note plusieurs choses importantes :
quand on arrache enfin « sa liberté » qu’en fait-on ? quand on détruit un ordre établit, garanti par une armée, le difficile est de remettre en place un autre ordre. Il faut des leaders reconnus, des chefs charismatiques.
Il y a toujours les même problèmes endémiques : gestion des ressources (humaines et naturelles) – gestion de l’enseignement, gestion de la démographie galopante. La courbe des naissances est inversement proportionnelle au niveau social.
On a éloigné les paysans de leurs terres dans tous les pays, erreur fatale. La nourriture est essentielle à la vie.
Nous avons donc avant tout un problème de gestion, gestion de la démographie, gestion des ressources. Il faut donc que les futurs leaders ne soient pas seulement des savants de l’Islam mais aussi des savants en gestion et en diplomatie suffisamment charismatiques pour fédérer et redonner de l’espoir. Cela doit bien exister…
En pensées avec l’Egypte millénaire si fascinante. Laurence
Il s’agit d’une analyse purement occidentale. Pourquoi on insiste sur l’analphabitisation de 40% des egyptiens, de l’importance des investisseurs étrangers?Les caisses sont vides est alors?autrement dit regretter la periode de moubarek: les caisses etaient pleines !! Les egyptiens ne demandent pas de l’aide. Ils ne veulent pas l’ingerence et mains noires occidentales. La verité est que ce monde dit libre et democrate ne veut pas voir un autre modele de la democratie et de la prosperité chez nous (Le monde arabo-musulman). Le canard enchainé a rapporté dans un numero paru aprés la revoltion que sarkosy a dit que moubarek etait trés important pour la securité d’israel. En plus, J’ai vu les declarations de ministre des affaires étrangères espagnole aprés la defaite des partis islamiques en algerie il ya quelques jours. Il a remercié dieu et il etait trés content (4O% de gaz consommé en espagne provient de l’algerie). Hier le journal de 20h de france 2 n’a pas meme parlé de ces elections alors que ARTE a passé un reportage sur les salafistes egyptiens. C’est vrai ce la premiere experience mais sera un exploit. L’egypte etait la locomotive de monde arabe et elle redeviendra inchaa Allah. Le vrai changement en egypte signifie une politique qui repond aux attentes de peuple et donc un changement radicale de la politique etrangere et des allilés.
Au moins ce que j’espare inchaa Allah
Il va falloir non seulement surveiller l’armée mais Israël également, qui ne veut surtout pas de frères musulmans…
Salama haleykoum,
La venue de Monsieur Abdel Moneim Aboul Fotouh serait bon pour l’Egypte .
Il est Salafiste, frère musulman et » islamiste libéral « , son investiture devrait être que bénéfique pour un peuple aussi grand .
La charia doit être appliquer dans tout les pays musulmans, en effet, la loi islamique doit être imposer en Egypte afin d’éviter la corruption et de diminuer la pauvreté !
Ce qui est malheureux c’est que l4Egypte est un pays stratégique sur l’échiquier concernant des accords bilatteraux etc…. bref, bon courage et respect pour Monsieur Abdel Moneim Aboul Fotouh