Depuis longtemps et dans le monde entier, beaucoup de philosophes et autres chercheurs soulignent qu’une des causes des difficultés à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés est ce que l’on appelle le sectarisme. C’est-à-dire un comportement marqué par l’étroitesse d’esprit, l’intolérance, le dogmatisme, l’agressivité et le refus du dialogue avec les autres qui ont des opinions différentes. Comment donc éviter les attitudes sectaires de celles et ceux qui prétendent détenir la vérité absolue et leur faire face afin de ne pas subir les effets parfois tragiques de ces postures ?
Dans la République française, il existe une institution officielle intitulée la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui « observe et analyse le phénomène sectaire, coordonne l’action préventive et répressive des pouvoirs publics à l’encontre des dérives sectaires, et informe le public sur les risques et les dangers auxquels il est exposé ». Et récemment, lors d’un débat télévisé, les insuffisances de ce service public – avec leurs conséquences néfastes – ont été soulignées par divers intervenants.
À La Réunion, beaucoup de personnes se mobilisent contre les diverses formes de sectarisme dont souffre notre peuple actuellement, comme on l’a vu par exemple lors de la grande conférence organisée le 22 avril dernier à Saint-Denis par le collectif associatif Génération 21 avec le philosophe islamologue Tariq Ramadan. Celui-ci a plaidé avec force pour « plus d’éthique en politique et en économie pour dire non à la corruption, non à un système injuste et oui à la transparence sur les finalités des discours comme des actes ».
Le prochain est à aimer
Au 2e Congrès tamoul dravidien de La Réunion tenu à Saint-Paul le 26 avril, l’Association Culturelle des Descendants Dravidiens Pratiquants de la Religion Hindoue Populaire à La Réunion, a rappelé qu’elle « s’est donnée pour tâche de débattre des questions de fond dans le respect de l’unité réunionnaise, et cela sans sectarisme ». Son président, Daniel Singaïny, a lancé un appel à « mettre fin à toutes les mésententes stériles (…) et rassemblons-nous dans des domaines de compétences complémentaires et non plus concurrentielles ».
Dans le même esprit, le 28 avril au Centre Saint-Ignace à Saint-Denis, le Père jésuite Dominique Salin a souligné en présence notamment d’Idriss Issop-Banian, président du Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion, l’importance de la culture du spirituel face aux intégrismes, aux sectarismes et à la loi du marché qui domine la planète. À ce sujet, il a rappelé que parmi les repères chrétiens il y a « l’appel à la communion, la logique de l’amour, la méditation collective, en sachant que le prochain est à aimer ».
Diverses pistes
Tous ces rejets de l’égocentrisme nous font penser à l’intervention de Raïssa Noël, porte-parole du Comité de l’Appel de l’Ermitage, le même jour dans l’émission matinale ‘’Alon Kozé’’ de la radio Kanal Océan Indien. À cette occasion, elle a rappelé l’urgence de s’entendre entre Réunionnais pour faire appliquer dans notre pays un des Objectifs du Millénaire pour le Développement, ce programme de l’ONU dont la France est signataire et qui prévoit notamment « l’éradication de la grande pauvreté dans le monde ».
Comme le dit le Comité, « ouvrons le débat et recherchons le consensus, dépassons nos ego afin de nous unir sur l’essentiel : abolir l’extrême pauvreté à La Réunion avant le 31 décembre 2015 ». Et le Parti Communiste Réunionnais a rendu publiques le 22 février dernier lors d’un rassemblement à Sainte-Suzanne 25 propositions à débattre « pour une nouvelle politique à La Réunion ». Voilà diverses pistes pour passer ici comme ailleurs du sectarisme à la solidarité et au partage…
Alon filozofé