Le CIMEF 2008 … du Togo au Mali

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Lomé accueillait cette année le cinquième Colloque des Musulmans dans l’Espace Francophone (CIMEF) du 8 au 11 août 2008. Après Abidjan, Cotonou, Niamey et Ouagadougou, nous nous retrouvions pour traiter ensemble de la question du développement et des objectifs du millénaires tels que formulés, entre autres, par les Nations Unies. Il s’agissait de confronter les objectifs et les idéaux avec les faits et les réalités.

 

Comment les musulmans, d’Afrique comme d’Occident, pouvaient analyser, comprendre et agir au cœur des réalités actuelles ? Nous avons parlé des objectifs mais également des priorités en matière de développement humain et de la reconsidération des paramètres qui indiquent le niveau de « développement » d’une société. La question de la terminologie, des « indices » du développement et des chantiers à considérer. Des conférences et des ateliers de travail ont traité des questions de la pauvreté, de la santé, des femmes, de l’engagement dans la société civile de même que dans le tissu associatif. Encore une fois les débats furent animés, parfois vifs (quand il s’est agi, comme par un curieux hasard, de traiter de la question des femmes…) et surtout intéressants et constructifs.

 

Il faut saluer ici la présence toujours stimulante, riche et généreuse du shaykh Abû Bakr Fofana, de Côte d’Ivoire, et du shaykh Muhammad al-Habib, du Bénin. Sans oublier, bien sûr la présence plus discrète, souvent, mais si efficace et importante du shaykh Muhammad Minta de France et du Dr Yacoub Mahi de Belgique. Ensemble ils apportent tant à ces rencontres biannuelles. L’invité de cette année, le Dr Nouredine Bennani du Maroc, a fait un exposé magistral d’énergie, de simplicité et d’efficacité en exposant à l’assemblée sa façon de travailler sur le terrain en tant que médecin soucieux de s’intéresser aux plus démunis et aux régions enclavées de son pays. Avec son association Rangs d’Honneur, qui invite les amoureux des randonnées à marier l’utile à l’agréable, il a montré qu’avec des petits moyens, de la volonté et du sérieux, il était possible de changer les choses et de mettre en branle des dynamiques très performantes. Il avait déjà fait une mission hors du Maroc, en Mauritanie, et après le CIMEF, il se rendra in shâ Allah au Bénin et au Togo pour reconnaître le terrain et accompagner des initiatives locales. Un exemple de modestie et d’efficacité : un modèle qu’il faut étudier et reproduire.

 

Au Togo, comme au Burkina Faso et les pays qui les ont précédés, le gouvernement était au complet le jour de l’inauguration. Le Premier ministre togolais a ouvert le 5ème Colloque et nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec le Président de la République du Togo que nous avons remercié pour ce soutien. Nous avons toujours salué cette reconnaissance officielle du CIMEF de même que du contenu de ces débats qui, sur le plan politique autant que symbolique, est un signe fort que l’islam et les citoyens de confession musulmane sont respectés et pris au sérieux. La présence des ambassadeurs ou de corps et conseillers diplomatiques des Etats-Unis, de la France, du Japon, de la Chine, du Maroc, d’Algérie, de Mauritanie (et d’autres encore qu’il serait long de citer ici) a finalement la même fonction et le même impact. Ce qui reste pour nous essentiel est de demeurer absolument indépendants dans notre pensée, nos débats et dans nos conclusions. La critique des politiques, des Etats, des gestions parfois dictatoriales et de la corruption a été formulée librement par de nombreux participants qui se sont toujours présentés libres aux différents CIMEF et qui en sont repartis tout aussi libres de corps et d’esprit. Il faut donc ici saluer avec force et fraternité toutes les délégations qui se sont rendues à Lomé : plus de cent cinquante participants de dix-huit pays francophones qui font la qualité et la vigueur de ces rencontres si importantes et si riches.

 

Sauf accident, nous nous retrouverons in shâ Allah à Bamako, au Mali, pour fêter les dix ans de nos rencontres. En 2010, pour cause de Ramadân, le CIMEF se tiendra le dernier week-end de juillet et nous sommes persuadés que nous serons aussi bien accueillis que nous l’avons été à Lomé. Un immense « Merci ! », un profond jazakum Allah , aux organisatrices et aux organisateurs du CIMEF 2008 à Lomé. Votre travail a été magistral et l’accueil excellent : les différentes commissions (scientifiques, accueil, administration, medias, etc.) sont parvenues à atteindre leurs objectifs et jusqu’à l’équilibre financier. Tous les participants vous ont remerciés et vous nous avez offert votre présence, votre fraternité sans oublier …la sacoche, le t-shirt, l’attestation et le CD de compilation des différents débats déjà enregistrés (on pourra les retrouver dans nos sections audio&vidéo sur ce site). Impressionnant, vraiment !

 

Au terme du CIMEF, un concours de joute oratoire "Malcolm X" a été organisé par  l’association HADIS et certains participants européens. La lauréate, la jeune Nassiba Salami, a fait preuve de la plus grande maîtrise du verbe et de l’argumentation. Vous pouvez lire un de ses textes dans notre rubrique "Invité" sur ce site.

 

Un mot pour nous rappeler le bon souvenir de Ahmad Tetu qui nous avait accompagnés il y a deux ans, lorsqu’il était Président de l’Union des Musulmans du Togo, et que Dieu a rappelé subitement à Lui il y a une année environ, rahimahu Allahu, que Dieu l’agrée. Il avait tant rêvé de ce CIMEF à Lomé. Notre présence est un témoignage de fidélité que nous avons transmis à son épouse, ses enfants et sa famille, avec nos condoléances, notre fraternité et notre amour. En route donc vers le dixième anniversaire in shâ Allah.

 

D’ici là, à nos sœurs et à nos frères des pays de l’espace francophone ou d’ailleurs, un bon et serein mois de Ramadan 2008.

 

 

8 Commentaires

  1. Merci pour cette information. Je ne connaissais pas le CIMEF. C’est vrai que c’est merveilleux d’apprendre que des colloques, de tels échanges ont lieux partout dans le monde. Une fraternité qui réchauffe le coeur.

    Je souhaite à tous le monde un bon et heureux Ramadan Inch’Allah.

    • C’est en effet très intéressant. Et l’on souhaite que ces échanges continuent.

      Mais la situation politique et humanitaire du Togo semble dramatique.

      Il suffit de faire quelques recherches sur Internet, avec les mots “inondations de juillet” ou “situation politique”.

      Le président de la République est le fils de Eyadéma, arrivé au pouvoir désigné par l’armée…

      Les infrastructures sont délabrées, le pouvoir semble corrompu, des opposants disparaissent et sont retrouvés morts surla plage…

      Il semble que les institutions internationales estiment que le pays s’est démocratisé. Mais quelle réalité?

      N’oublions pas les opprimés…

      F

    • Les échanges lors du CIMEF étaient des plus riches, surtout ceux en parallèle des conférences et des ateliers de réflexion. L’une des choses qui m’a le plus marqué est l’absence de victimisation de la part de la plupart des frères et des soeurs d’Afrique subsaharienne qui connaissent très bien dans quel contexte ils vivent. En dépit du grand nombre d’épreuves que Dieu a placé sur leur chemin, je n’ai vu que détermination, persévérance, intelligence du coeur et de l’esprit. J’ai vu des frères et des soeurs donnant tellement d’eux mêmes pour défendre les principes de justice et de dignité humaine que cela a eu valeur d’exemple à mes yeux afin de mieux m’engager pour ces mêmes idéaux en France. Indubitablement, Dieu met Sa bénédiction où Il veut. Avec si peu de moyens en comparaison avec ceux qui sont à notre disposition en Europe, ils font tellement. Une leçon, un rappel…

    • Merci de ce témoignage.

      C’est certainement une bonne chose que ces échanges aient pu avoir lieu, et que des suites fructueuses puissent en résulter. Parmi lesquelles la capacité des populations à prendre leurs affaires en main…

      Alors sans doute, les régimes autoritaires et les dictatures pourront avoir peur.

      La force de la générosité…

      Mais soyons sans illusion sur les jeux politiciens “périphériques” à ce travail.

      F

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