Identités multiples : d’abord français ou musulman ?

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La mondialisation, les migrations, les exils, les changements politiques et sociaux de plus en plus rapides, tous ces phénomènes provoquent des peurs, des angoisses et des crispations. Les anciens repères semblent caducs et ne suffisent plus à apporter la sérénité : qui sommes-nous au cœur de ces bouleversements ? La question de l’identité est née de ces troubles profonds. Quand tant de gens autour de nous, dans notre propre société, ne nous ressemblent plus et paraissent si différents, on ressent naturellement le besoin de se définir. De la même façon, l’expérience du déracinement, de l’exil économique ou politique, pousse à cette quête de l’identité au cœur d’un environnement qui n’est pas naturellement le nôtre. La réaction est compréhensible, mais ce qu’il importe de retenir ici est qu’il s’agit d’abord d’une -action à une présence ou à un environnement qui nous semblent étrangers. On définit ainsi son identité en réaction, par différenciation, en opposition à ce qui n’est pas soi, voire « contre » l’autre. Le processus est naturel et il est tout aussi naturel que la démarche se traduise sur le mode binaire et finisse par opposer « une identité » plus ou moins construite à une autre que l’on projette sur « l’autre » ou sur « la société ». Les identités ainsi définies, les identités réactives, sont, par essence, en vertu même de la nécessité qui les a fait naître, uniques et exclusives : il s’agit de savoir qui l’on est et, clairement, qui l’on n’est pas.

Cette attitude est naturelle et, encore une fois, compréhensible en période de bouleversements rapides, mais elle est malsaine et dangereuse. Pour clarifier, l’on simplifie et surtout l’on réduit. On attend de soi et de ses concitoyens qu’ils répondent clairement : il faut donc être d’abord « italien », « français », « britannique », « hollandais », etc. Ou alors prioritairement « juif », « chrétien » ou « musulman » : toute réponse qui apporte un brin de nuance à cette définition exclusive de soi tend à être perçue comme ambiguë. Plus fondamentalement, elle jette le doute sur la loyauté des individus et c’est particulièrement le cas des musulmans aujourd’hui qui sont sommés de dire s’ils sont d’abord « musulmans » ou « français », « italiens », « britanniques » ou autre. Cette question est explicitement orientée vers la définition qu’ils vont donner de leur identité alors que, implicitement, et plus sérieusement, elle s’intéresse à la loyauté. Comme on ne peut avoir qu’une identité, on ne peut avoir qu’une loyauté. Il faut répondre, clairement et sans nuance… sans ambiguïté !

Or la question n’a pas de sens ! Obsédé par l’idée de se définir par opposition à ce qui n’est pas soi, on finit par réduire son être à une seule identité qui serait censée tout dire de soi. Pourtant, il existe des ordres différents dans lesquels il va falloir se définir différemment. La question de savoir si l’on est d’abord « musulman » ou « italien » ou « français » ou « canadien » oppose deux identités et deux appartenances qui ne sont pas du même ordre. Dans l’ordre religieux et philosophique, celui qui donne sens à la vie, l’être humain est d’abord athée, bouddhiste, juif, chrétien et musulman : son passeport, sa nationalité, ne répondent pas à la question existentielle. Quand il faut voter pour un candidat à des élections, l’individu a une identité citoyenne et il est d’abord un Italien, un Français ou un Britannique s’engageant dans les affaires de son pays. Selon l’ordre ou le champ d’activité, l’individu a donc d’abord telle ou telle identité, sans que cela soit contradictoire.

En m’écoutant un jour en Grèce, à l’invitation de Georges Papandréou, l’économiste Amartya Sen avait signifié son total accord avec ma pensée en l’illustrant de belle façon. Supposez, avait-il proposé, que vous soyez poète et végétarien : si, donc, vous êtes invité à manger, ce n’est ni le moment ni le lieu de décliner votre identité de poète et si, par ailleurs, vous assistez à un cercle de poésie, vous n’allez pas vous présenter comme « végétarien », sauf à passer pour un original déphasé. En d’autres termes, vous avez plus d’une identité et vous donnez la priorité à l’une ou l’autre de ces identités en fonction de l’environnement et de la situation sans que cela remette en cause votre loyauté à l’un ou l’autre des ordres d’appartenance. Celui qui s’affiche végétarien lors d’un repas n’en est pas moins poète ! La démonstration est clarifiante en effet et prouve que la question de savoir si l’on est d’abord ceci ou cela (ou exclusivement ceci ou cela) est une mauvaise question, une question qu’il faut questionner et à laquelle, au fond, il faut refuser de répondre.

Il convient de résister aux tentations de réduire son identité à une dimension exclusive et prioritaire qui se distinguerait de toutes les autres. On comprend que cela puisse être rassurant, mais c’est surtout appauvrissant et, en temps de crises et de tensions, cela peut engendrer des rejets, du racisme et des conflits d’identités, de cultures ou de « civilisations » larvés ou passionnés. Il faut accéder à une vue plus ample de soi et de ses concitoyens : chacun de nous a de multiples identités qu’il doit accepter, nourrir et enrichir. Depuis longtemps, je répète aux musulmans et à mes concitoyens que je suis suisse de nationalité, égyptien de mémoire, musulman de religion, européen de culture, universaliste de principe, marocain et mauricien d’adoption. Il n’y a là aucun problème : je vis avec ces identités et l’une ou l’autre peut devenir prioritaire selon le contexte et la situation. Il faut même ajouter d’autres dimensions à ces identités qui sont le fait d’être un homme, d’avoir un certain statut social, une profession, etc. Nos identités sont multiples et toujours en mouvement[1].

Accéder à cette conscience de la multiplicité mouvante des identités personnelles suppose que l’on acquière une certaine confiance en soi et en autrui. Encore une fois, nous touchons ici à un registre plus psychologique que strictement philosophique et religieux. Ce travail sur soi, sur la multiplicité de ses appartenances et sur la capacité de décentrage vis-à-vis de l’autre exige une connaissance de soi et d’autrui, confrontée à l’exercice de la vie quotidienne : l’enjeu est important. Seuls un travail éducatif, une véritable pédagogie appliquée et critique qui permet aux individus de se réconcilier avec les diverses dimensions de leurs êtres, de leurs origines et de leurs espoirs, peuvent leur permettre de dépasser les tentations frileuses, réactives et passionnées lors de la rencontre avec l’autre. L’initiation naturelle passe par la rencontre au quotidien justement, dans la vie, autour de projets culturels ou sociaux, rencontre qui brise les enfermements et ouvre les horizons. Ce n’est que dans ce vécu, dans cette éducation par l’expérimentation, l’expérience et le dialogue, que l’on peut se faire confiance et faire confiance et, ainsi, mesurer la loyauté de l’autre. Au demeurant, il ne s’agit jamais d’exprimer une loyauté aveugle ou d’avoir à prouver sa loyauté. Dans la confiance, on comprend que les seules vraies loyautés sont critiques : avec son gouvernement, avec ses coreligionnaires ou avec la « umma », il ne s’agit jamais de soutenir « les siens », aveuglément, contre tous « les autres ». Il s’agit d’être fidèles à des principes de justice, de dignité, d’égalité et d’être capables de critiquer et de manifester contre son gouvernement (voire la majorité de sa société) quand celui-ci se lance dans une guerre injuste, quand il légitime l’apartheid ou traite avec les pires dictateurs de la terre. Il s’agit de la même façon d’avoir une loyauté critique vis-à-vis de ses propres coreligionnaires musulmans (ou autres) et de s’opposer à leurs idées ou à leurs actions quand celles-ci trahissent ces mêmes principes, stigmatisent l’autre, produisent du racisme, justifient les dictatures, les attentats terroristes ou le meurtre d’innocents. Cette question ne relève pas du conflit des identités, mais de la cohérence de la conscience qui marie ces dernières autour d’un corps de principes dont l’usage, pour être justes, ne peut être sélectif et doit demeurer critique autant qu’autocritique.

Il est bon d’être patriote, de se sentir appartenir à une société, à une nation ou à une communauté de foi, mais cela ne peut justifier le nationalisme chauvin et aveugle, l’affirmation de l’exception ou de l’élection nationale et/ou religieuse, ou encore le dogmatisme religieux exclusiviste qui défend ses coreligionnaires dans n’importe quelles circonstances. Les attitudes les plus respectables sont celles de ceux qui ont osé se lever contre les leurs au nom de la dignité et de la justice : celles et ceux qui, pendant la seconde Guerre mondiale, ont refusé de livrer des juifs (ou de les renvoyer à la frontière) quand leur gouvernement le leur imposait ; qui ont refusé d’aller combattre au Vietnam et qui en ont payé le prix par la prison ; qui ont résisté aux lois iniques de l’apartheid, et ce, au prix de leur vie ; qui se sont opposés à l’instrumentalisation de la religion pour produire des systèmes autocratiques très islamiques (comme en Arabie Saoudite) ou qui se sont opposés à l’instrumentalisation de sa soi-disant modernisation pour justifier des dictatures « en phase avec la modernité » (comme en Tunisie) ; qui, enfin, ont condamné les attentats terroristes contre les innocents alors que ceux-ci étaient perpétrés au nom de leur religion.

[1]. C’est ce que j’exprimais et analysais dans l’ouvrage Être musulman européen en parlant d’une identité musulmane, toujours ouverte, toujours inclusive, toujours en mouvement.

12 Commentaires

  1. As-salamu alaykum wa rahmatullahi wa barakâtuh.

    C’est toujours un plaisir de vous lire. Quel chance de vous pouvoir vous écouter. Continuez, s’il vous plaît, n’abdiquez jamais. Puisse Allah [’Azza wa jalla] guider vos pas et les nôtres.

  2. Salut a tous,

    Tout a été dit, et de bien belle manière, rappeler que la paix nécessite deux conditions pour être, la justice et la vérité. Et ceci nous le savons tous depuis plusieurs millénaire, a moins de vivre dans une grotte(*), on devrait le savoir depuis…

    Courage et endurance a tous,

    Edit(*) : ah non en fait, même là(dans une grotte) le message a été donné… Comprendra qui voudra. 🙂

  3. SALUTATIONS
    les musulmans eux mémé confondent leur religion et leur culture rituel décadente dont les repaire n est pas l islam . alors la vision des autres sur l islam est erroné par les musulmans eux mémé

  4. Tout d’abord, comme je suis « nouveau » sur ce blog, je me présente. Je suis athée, je vote Mélenchon, et je pense que les religions monothéistes ont pour fonction de stabiliser des sociétés iniques.
    Bref, je suis un « opposant », ce qui ne signifie pas pour autant « Troll », ou raciste borné.
    A part ça…
    Je juge d’ailleurs cet article remarquable, remarquable par son intelligence, sa logique, et sa pédagogie. On est manifestement très loin du Tarik Ramadan décrit par Caroline Fourrest, inféodé aux Frères Musulmans, et partisan d’une application stricte de la Charia.
    Reprenons point par point.
    – Le concept d’identités multiples me semble assez pertinent. On ne peut en effet réduire un individu à une seule appartenance (Français, musulman, riche ou pauvre, blanc ou noir, etc).
    – La culture spécifique d’un groupe doit dans tous les cas être prise en compte. Elle n’est ni « bonne », ni « mauvaise », prise en compte la relativité de ces notions. (Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà).
    – Le « réflexe communautariste » doit être compris à l’aune des persécutions subies, et trouve sa légitimité dans l’indifférence de la gauche à ce problème (en extrapolant légèrement).

    D’accord sur tous ces points.
    Reste à juger au sujet des idéologies en lien avec la religion.
    En effet, les « valeurs de l’Islam », au final guère différentes des « valeurs judéo chrétiennes », à savoir, anti hédonistes, et fondamentalement réactionnaires, sont elles en accord avec l’intérêt général?
    Est-ce la religion qui doit poser le droit, ou la réflexion théorique, basée sur le principe de compromis d’intérêt général?
    Juste pour mémoire, je ne crois toujours pas en Dieu, ni en une éthique immanente d’origine céleste, Façon Platon..
    Et je pense aussi que le communautarisme est une réponse d’extrême droite à une oppression d’extrême droite.
    Je développerai plus tard.

    • Bonjour, je suis aussi un nouveau visiteur, désireux de comprendre les discours tellement différents d’un média à l’autre.
      Merci à Patrice de son bon résumé, et j’ai un peu les mêmes questions, en particulier celle-ci : « Est-ce la religion qui doit poser le droit, ou la réflexion théorique, basée sur le principe de compromis d’intérêt général? »
      Je comprends la quête de sens que vous évoquez dans votre article du 19 avril, à laquelle les religions doivent aider à répondre. Mais cette quête de sens doit rester de l’ordre de la foi, de l’intime. Elle peut faire l’objet d’une association mais pas d’une institution.
      Les codes et le droit doivent être écrits par des institutions indépendantes pour un bien commun défini objectivement et démocratiquement.
      Je pense d’autre part que la majorité des Français n’estiment pas nécessaire de faire un choix d’identité, et acceptent qu’on puisse être français et musulman, ou suisse et athée.
      Cordialement

  5. Assalam aleikoum
    Quelle belle illustration sur la multiplicité de l’identité avc une intelligence intarissable de notre très cher Mr Ramadan. Te lire est tjrs un plaisir.
    Thanks

  6. Un peu, beaucoup, tellement, comme tant de livres, légitimes dans leurs diversités, complexes dans leurs aspérités, les pages ont un mouvement substantiel que les lignes les mots les lettres apposé)e)s et imprimé)e)s à leurs structures ne peuvent avoir ou déterminer sans vue réelle des sens que chacun)e accorde ou accommode à ses « principes » évolutifs, et temporels…

    L’Humanité, à dire et à comprendre comme « Elle » peut et doit être communément et légitimement entendue et respectée, est sans doute et entre tou)te)s une réalité très, ou trop mal jugée malgré son juste et indéniable rayonnement, de même que l’évidence d’une étendue, plutôt parfaite et indépendante à tout espace existentiel et connu, ne peut être ni un point de vue trop réservé en hauteur ni un autre autant imprécis en profondeur, et ce parmi des ordres de la grande et universelle complémentarité effective et naturelle des différents « systèmes » auxquels nul)le ne peut, aujourd’hui, confondre ou réfuter les valeurs efficientes et constantes au cœur d’un partage ou d’une raison initialement inconnu)e, et donc logiquement et vertueusement inappropriable…

    Et puis, assez simplement, comme pour la plupart des choses et des idées actuelles et humaines signifiant et spécifiant, à leurs consciences et parfois avec violence, la séquence indissociable d’une appartenance, qui ou quoi détermine objectivement l’autre pour qu’il y ait déjà bien trop de maux pour le)s cerveau)x, ou si peu de bien pour l’humain…

    Au nom des hommes, il faudra bien, un jour, un autre, au cœur de cette nature symboliquement héritée, croire que l’histoire de la vie autant que la vie de l’histoire, dans chaque dessein, ne comprend vraiment et à tout jamais, aucunes différences des êtres, aucuns mépris des vivants, d’ailleurs et pour cela, les frontières de la vie et celles de la mémoire sombrent et remisent souvent vers les guerres alors qu’elles méritent et cherchent toujours plus de lumière …

    …merci…

  7. je suis très satisfait de votre vision en ce qui concerne l’appartenance sociale ou religieuse d’un individu.nous ne devons pas ètre defini à travers notre appartenance mais par les actes que nous commettions au quotidien.je ne doit pas avoir un jugement particulier parce que tout simplement je suis de telle religion,telle nationalité ou de telle culture… si l’occident n’abandone pas sa campagne de stigmatisation en vers les musulmans,il risque de plonger le monde dans une situation intenable.le terrorisme est né dans l’optique de souiller l’islam,mais toute conscience en quète de la verité en consciente que l’islam se demarque de tel comportement inhumain que même les animaux n’osent pas soumettre à leur semblable.a mon avis c’est une association de malfaiteurs et drogués avec a leur tête un bailleur puissant et très riche qui veulent mettre a nean les efforts des musulman

  8. Cher Monsieur Ramadan
    Je me permets d’intervenir dans cette rubrique de commentaires car votre exposé sur le sujet très actuel du rapport entre identité, incluant ou non la religion, et valeur de la citoyenneté qui en découle renvoie à mes propres interrogations. Avant de commencer, je précise que je souscris à la plupart de vos arguments, comme d’habitude généralement, et je vous suis depuis très longtemps. Encore une fois, ce qui va suivre n’est que le résultat de mes propres réflexions mais je souhaite vous le soumettre.
    Comme vous l’avez très bien écrit, demander à quelqu’un s’il est, par priorité, français (ou belge car en l’occurrence je suis belge) ou musulman n’a pas de sens. J’ajouterai seulement que si cela n’a pas de sens, c’est parce que les deux propositions ne se situent pas du tout sur le même terrain de la personnalité, dont découle l’identité : la religion est afférente à l’être et la nationalité est afférente à la projection de cet être dans la société via un structure d’Etat qui gère un pays dans lequel la personne vit ou souhaite vivre. Je ne vais pas m’attarder ici sur le cas des citoyens qui ne peuvent en aucun cas agir ni sur leur être ni sur la projection de celui-ci, pour des raisons multiples allant de l’aliénation à l’impuissance structurelle d’agir, quelle qu’en soit la forme.
    Car au fond, c’est quoi la personnalité ? Est-ce ce que j’ai reçu par naissance et que j’ai reconnu et amélioré par mes enseignements et mes choix de cheminements possibles ou est-ce que c’est ce que les autres reconnaissent de moi et qu’ils s’approprient comme étant ce qu’ils veulent ou ce dont ils ont besoin de voir de moi ? Sans faire tout le catalogue des arguments de la psychanalyse et de la psychologie (la psychologie est ma formation), en ce qui me concerne, je dirais que c’est le deux. Nous avons tous deux personnalités : une symbolique et secrète qui nous est personnelle et que nous cherchons a améliorer en permanence, c’est de celle-là que nous cherchons à proposer une représentation de nous idéale et une deuxième que nous ne maitrisons pas forcément et qui est celle que nous recevons en miroir comme étant la seule que les autres perçoivent et qu’ils acceptent ou pas. C’est de celle-là que nait la fameuse identité. Et c’est celle-là que les autres veulent voir en nous. Pourquoi ? Parce que c’est celle-là qui nous donnera accès – ou pas – a un statut seul reconnu dans une société qui s’est construite sur des codes déterminés. Car une identité n’a de consistance que si elle est proposée aux autres.
    Si l’on accepte cela, faut-il pour autant réduire l’individu à sa représentation sociale ? Et considérer que c’est cette seule représentation sociale qui forme identité ? Bien sur que non. Un policier en uniforme quitte sa représentation sociale en redevenant civil mais cela lui permet alors de se concentrer sur ses intérêts personnels, affectifs et familiaux qui lui permettront certainement d’être plus équilibré personnellement et, en conséquence, plus équilibré ensuite dans son travail en uniforme. De la même manière, un gouvernement est composé de membres qui sont tous identifiés politiquement et choisis d’ailleurs pour cela, afin de représenter les choix des électeurs. On sait parfaitement de quelle couleur politique est tel ou tel ministre. Cela est parfaitement admis et on ne lui demande jamais la neutralité, bien au contraire.
    On connait l’obsession française de vouloir, par le biais de sa forme très particulière de la laïcité, vouloir à tous prix gommer les signes d’appartenance ou de choix spirituels voire philosophiques, essayant d’imposer une sorte « d’homo republicanus laïcus » (désolé pour la qualité de mon latin) qui n’a aucune valeur ni historique ni représentative. Le jour où une femme en hijab, faisant correctement son travail, se trouvera derrière le guichet d’une administration française, peut-être pourra-t-on simplement considérer que la France est devenue adulte.
    Enfin pour terminer ce rapide et trop succinct message. Qu’en est-il alors de ceux qui, comme moi, ont construit un parcours basé sur la recherche de ce qui semblait le plus cohérent avec leur recherche de sens ? Né en France dans une famille chrétienne calviniste, je m’y sentais si mal que j’ai cherché à partir le plus rapidement possible vers le pays des origines paternelles, le Royaume de Belgique où, après beaucoup de recherches personnelles, j’ai découvert que j’étais depuis toujours un musulman qui ne le savait pas. Et cela n’a pas suffit puisqu’aujourd’hui je vis au Royaume du Maroc, marié à une marocaine dans la plus parfaite harmonie car tout est en place pour cela enfin.
    Qui suis-alors ? Un homme, tout simplement. Cet homme a besoin de la présence et du soutien d’Allah (SWT) par Son messager (SAWS). Et cet homme emporte toute son histoire qui le constitue. C’est tout cela mon identité, et c’est cela que je voudrais que les autres voient de moi. Abdeslam.

  9. Tout dépend de ce que l’on voudra bien entendre par suisse, français, égyptien, etc… Aborder la chose sous le seul angle de la nationalité ne sera bien évidemment pas satisfaisant, et surtout impropre. Être suisse, français, ou égyptien ce n’est pas juste une question de passeport, c’est bien plus que ça, et heureusement. L’idée que l’on se fait du chinois est différente de celle que l’on se fait du brésilien. Je trouve votre théorie des identités intéressante, néanmoins je crains que celles-ci ne restent que les composantes de l’Identité.
    Bien cordialement.

  10. Français ou musulman : la question n’a pas de sens ! tout est dit !!!! non, musulman avant tout (mais n’ose le dire). Un fracas de philosophie, de mots accrochés les uns aux autres, d’un adepte de la taqqira !

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