La tempérance [Risalat al Islam – Ramadan 2015 Épisode 12]

Salaamun wa rahmatullaah, wa barakaatuhu
Voici quelques sphères d’application du juste milieu (modération ou tempérance), de la sagesse, et de la justice :
– le juste milieu dans la consommation, dans le don de soi pour autrui et pour soi-même, dans l’investissement dans le travail pour ici-bas et pour la vie d’après
– la justice dans le fait de généralement choisir la voie du bien (et non du mal) : choisir le soin de son corps et de son esprit et non leur détérioration (par paresse, mauvais traitement…), soutenir l’opprimé et non l’oppresseur, répandre la paix et non la guerre
– la sagesse dans le juste milieu et la justice, mais plus encore dans ce qui peut échapper au juste milieu et à la justice : condamner celui qui a été injuste, par exemple un menteur, voleur ou un assassin, mais lui offrir une chance du repentir et de la réhabilitation (afin par exemple qu’il puisse retourner auprès de sa famille, refaire sa vie, reprendre le droit chemin), condamner en masse les gens/civils responsables dans une guerre civile de plusieurs assassinats mais opter pour la réconciliation du peuple. En temps de crise, généralement, c’est de sagesse qu’on a besoin (exemple : ne pas condamner un voleur qui vole pour survivre, faire des sacrifices « inhabituels » pour protéger ou sauvegarder la nature pour les générations futures en s’interdisant de consommer les viandes, détruire un barrage -et faire déplacer plusieurs villages- si on sait que c’est la seule option qui reste pour sauvegarder la forêt d’Amazonie, ce qui n’est pas juste envers les populations des villages)

Il est évident dans ces trois sphères d’application que le juste milieu ne peut pas remplacer la justice ni la sagesse. On ne peut pas choisir le juste milieu/tempérance entre le bien et le mal, ni satisfaire l’oppresseur et l’opprimé, ni travailler à moitié pour la paix et à moitié pour le sang. On ne peut pas condamner « à moitié » celui qui été injuste (il doit comprendre que son geste est totalement condamnable). Mais, le fait d’être juste aide à parvenir à l’expression et à la réalisation du juste milieu, de l’harmonie.
La justice serait très injuste dans certains cas où la sagesse devrait primer.

La balance évoquée par Dieu dans Sourate er-rahmaan c’est celle de la création. Je ne pense pas que ce soit une balance du juste milieu, ni celle de la justice de Dieu, mais celle de Son infinie sagesse (sagesse dans Sa gestion de la création). Nous devons essayer d’établir une balance similaire pour régir nos vies au quotidien, nos vies ici-bas, mais aussi pour préparer nos vies d’après. Le moyen qui est à la disposition de tout le monde pour tenter de vivre dans une sorte d’équilibre (pour arriver à cette tempérance, à cette harmonie dont vous parlez) c’est la justice, et, dans l’idéal, c’est la sagesse.

Et Dieu sait mieux.