Conférence à l’École Hassania des Travaux Publics: Science et Éthique

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8 Commentaires

  1. Merci beaucoup pour cette conférence. Un vrai garde-fou pour tout scientifique.

    Il y a une sourate dans le Saint Coran qui relate bien le rôle de l’humilité quand on détient un (brin de) savoir, ou quand on reçoit l’enseignement d’une ou plusieurs sciences qu’on a pu approfondir ou « maîtriser ». Sourate An-naml (Les fourmis, sourate XXVII) est incontournable pour comprendre ce que l’islam prône à ce sujet. Bonne (re)lecture 🙂

    Sur la deuxième partie, je n’ai pas bien saisi le sens de « culture mondiale ».

    Par ailleurs, je ne voudrais pas miner l’atmosphère, mais à propos des sciences, dans les sociétés majoritairement musulmanes la question n’est pas tellement : quand et où faut-il s’arrêter ? mais plutôt : quand et où allons-nous commencer à travailler sérieusement, à dégager les fonds pour la recherche scientifique, loin de toute corruption des gouvernements décadents, de toute corruption de « chefs de projets ». C’est la question contemporaine majeure ! Les cerveaux s’envolent vers l’Occident, alors pour quand le grand réveil, pour quand le grand retour des cerveaux ?

    Et enfin, je trouve que les savants du fiqh ne se pressent pas pour servir les musulmans. Sur le sida ou le don d’organe comme évoqué, mais aussi sur des questions aussi bêtes que les horaires de prière -surtout aç-çoubh et el-maghrib, pendant le ramadan- dans les pays des hautes latitudes (en Norvège, Pays-Bas, Alaska…). La finalité du jeûne n’est sûrement pas de battre des records de journées de jeûne les plus longues (aube vers 3h du matin, coucher du soleil après 22h du soir) ou alors j’ai raté un chapitre quelque part. Comment -avec quelle force physique- et quand voulez-vous matériellement trouver le temps après la rupture du jeûne, pour digérer, manger un bout avant l’aube, ranger votre cuisine, vous reposer entre-temps et faire les prières « tarawiih », et/ou lire le coran ? De la spiritualité, je veux bien et en tant qu’adulte on fait l’effort parce que c’est le sens même du mois du ramadan. Mais quelque chose cloche dans la gestion des calendriers/horaires des prières au delà de 40° ou 50° nord (ou sud). Et ce qui cloche surtout c’est cette incapacité inexplicable à donner les dates de début et de fin du mois de ramadan, sur base de prévisions astrophysiques, sur n’importe quel point du globe. Pourquoi est-ce que les pays musulmans ne mettent pas pareils calendriers à la disposition des gens ? Non, il faut attendre que la veille, des cheikhs se rassemblent pour tenter d’apercevoir le croissant de lune, ou pour débattre : on ne peut pas commencer le même jour que le pays voisin vu qu’on est en conflit avec le pays voisin -ou que sais-je encore ? je ne comprends même pas pourquoi en Belgique ou en France, les musulmans attendent encore que sa majesté l’Exécutif musulman donne le feu vert : demain c’est le début du ramadan… Si quelqu’un est dans le secret des dieux, éclairez-moi s’il vous plait.

    Je me suis encore égarée.

    Sinon la conférence a été instructive, à plus d’un titre. Sur la théorie du genre, je vous suis à moitié encore une fois. Oui il y a des différences entre hommes et femmes, et non, les différences de lecture du coran ne varieront pas en fonction du sexe, pas exclusivement, mais bien en fonction d’un million d’autres paramètres, dont le niveau de culture, le niveau social, les expériences personnelles, et bien sûr l’image que l’on se fait de la femme et de l’homme.
    Cette conférence me donne aussi envie d’aller lire le dernier livre « Au péril des idées ».

    • Souvent intéressant de lire quelqu’un qui cite et renvoie au coran(c’est si rare à notre époque)des passages sur l’humilité dans sourate an naml? intéressant

      je partage votre avis sur la question prioritaire vis à vis de la science, même au-delà des pays dit majoritairement musulman, c’est une question général.aborder la science en commençant par Parler des limites c’est souvent lier à une peur ou une façon de prendre du pouvoir quand on pense ne pas en avoir.

      « dans le secret de Dieu » serait plus approprié….

    • Bonjour Mr/Mme Remarque !
      Merci pour la remarque. Bien sûr qu’il n’y a qu’un seul dieu, c’est Dieu.
      « Etre dans le secret des dieux » résume l’opacité totale autour d’un fait/évènement/info ou autre, dont seuls quelques privilégiés détiennent le secret. J’ai utilisé l’expression sciemment, et consciemment, parce qu’elle exprime très bien la façon avec laquelle ces dits privilégiés se comportent : un peu comme se comporteraient des dieux sur Terre -s’il pouvait exister des dieux sur Terre. Ils ont des prérogatives que personne n’ose leur disputer, ils ont leur ascendant sur le monde, ou une partie du monde, et ne doivent rendre compte à personne.
      C’est une image, une belle image que me fournit la langue française (je n’ai rien inventé).

  2. Salaamun âlayka, wa rahmatu’llah – frère Remarque !
    Dans Sourate An-naml il y a beaucoup de références aux bons usages du savoir (sciences, connaissances) et aux comportements que l’on peut avoir quand on en détient.
    Sourate An-naml fait partie d’une trilogie : c’est la deuxième après Les Poètes (Ash-shuâraa’) et avant La Narration (Al-qaçaç) -apparemment, elles sont descendues successivement, c’àd dans l’ordre chronologique. Comme ces deux dernières, elle s’ouvre par des lettres T. S. (Taa’-Siin, alors que c’est T.S.M. dans les deux autres). Ce ne sont pas ces lettres uniquement qui vont directement et très clairement nous enseigner l’humilité. Le fait de ne rien comprendre à la signification de ces lettres (et aux autres dans d’autres Sourates), et de leurs portées, même en y passant toute votre vie, prête déjà à réflexion. Nous ne saurons jamais que ce que Dieu voudra bien nous dévoiler. Pourquoi TSM, TS, puis TSM au début de Sourates consécutives ? Est-ce que ce nous enseignent ces 3 Sourates sont en lien avec ces lettres ? Pour tenter d’y répondre, il faudrait beaucoup, beaucoup, beaucoup de recherches -personnellement, je ne pense pas en être capable, je ne dispose pas de tous les outils pour…-, et nos réponses ne seraient de toute façon que spéculations : il faut le redire, nous ne saurons jamais que ce que Dieu nous laissera savoir. Donc, restons humbles, cela vaut mieux 🙂
    Il y a ensuite cette invitation aux croyants à méditer les signes de ce Coran -qui en même temps est un Livre explicite- et qui est une guidance et une bonne nouvelle pour eux. Donc ce ne sont pas vraiment des « secrets », mais des signes qu’on peut voir, lire, qu’on doit pouvoir identifier, essayer de comprendre. Les secrets ont les fonctions inverses des signes, ils cachent la vérité, alors que les signes en dévoilent des facettes. Et le reste du Coran n’est que recommandations assez explicites pour les croyants (qui observent ces recommandations, se prémunissent, font la prière… etc).
    Ce Coran a été donné au prophète par Dieu, Dieu qui est Sage et Connaissant.
    A Moïse, Dieu avait enseigné un certain savoir (de changer la nature du bâton), Dieu le Tout-Puissant, le Sage.
    La sagesse est donc une soeur de la connaissance, ou du moins, elle doit l’être. Elle devrait aussi être la soeur jumelle du pouvoir. Le savoir dont disposait pharaon (qui était très puissant) et ses magiciens manquait de sagesse, Cf. versets 13-14
    « Quand Nos signes leur furent parvenus pour les éclairer (leur faire ouvrir les yeux) ils dirent : c’est de la sorcellerie flagrante ! Ils les renièrent, malgré la certitude de leur âme, par iniquité, par hauteur (ou orgueil)… » et c’est à cause de ce manque de sagesse qu’ils connurent une fin tragique.
    La sagesse est ce qu’on peut appeler de nos jours l’éthique -et elle est en lien étroit avec l’humilité -Cf. par exemple la conférence du professeur T. Ramadan. Sans sagesse, sans humilité, nous humains, nous pourrions être aussi « puissants » que nous le voudrions, notre connaissance, nos savoirs, notre savoir-faire, notre excellence, expertise dans n’importe quel domaine, ne nous conduira qu’à notre perte.
    Il y a encore beaucoup à dire sur la sagesse/humilité comme comportement chez le croyant, notamment sur le fameux propos de Salomon (Suleymaan) : « Seigneur, fais de moi quelqu’un qui te rend grâce pour le bienfait que Tu m’as dispensé ainsi qu’à mes parents, et fais-moi entrer dans Ta miséricorde au nombre des Tes bons adorateurs (ou Tes adorateurs qui font le bien, ou qui sont bien justifiés) ». Ici le bienfait inclut le savoir (le langage des animaux). Pour tout savoir qu’on peut détenir, on doit Lui rendre grâce, Le remercier, et Lui demander de nous montrer la voie pour agir avec sagesse, en utilisant ce savoir.
    Je terminerai ce soir, inchaa’allaah.

  3. Voici la suite :
    Avant d’aller plus loin dans les versets, il faut revenir sur un point. Aux versets 15-16, David et Salomon ont témoigné leur gratitude envers Dieu pour la science qu’Il leur a transmise :
    « Nous avons donné une (certaine) science à David et Salomon et ils ont dit : louange à Dieu qui nous a privilégié sur beaucoup de Ses adorateurs croyants. Puis Salomon a hérité de David, et il dit : humains, on nous a enseigné le langage des oiseaux, on nous a donné de toute chose, c’est cela le grand privilège (ou le privilège très clair/ou encore la gratification ou bienfait) »
    Ce que l’on peut tirer de là est :
    a) Le privilège (Al-fadl, du verbe faddala, c’àd préférer, privilégier) réside dans ce que David et Salomon ont été choisis par Dieu parmi tous les hommes pour recevoir cette science ; être conscient que c’est un privilège n’aboutit pas naturellement à la gratitude dont témoignent les deux prophètes. Il leur faut encore avoir cette conviction que « au-dessus de tout détenteur de savoir, il y a l’Omniscient » qui dispense Ses privilèges à qui Il veut. Le fait de comprendre ce rapport-là à Dieu à travers la science qu’Il vous transmet, vous oblige à l’humilité, et à cette gratitude.
    b) La science et autres biens octroyés par Dieu à ses prophètes sont perçus par ceux-ci comme un privilège/gratification/bienfait (al-fadlu lmubiin). La science est effectivement un bienfait quand elle est bien utilisée, avec sagesse. Et elle devient destructrice sinon. Or cela découle du point précédent : puisque David et Salomon étaient des hommes qui louaient Dieu pour cette science, ils devaient -on peut aisément l’imaginer- utiliser cette science à bon escient, c’àd avec discernement, beaucoup d’humilité et de sagesse (je les vois mal s’amuser à mettre la zizanie dans le monde des oiseaux, tout en louant Dieu… c’est illogique). Donc il est normal qu’ils considèrent cette science comme un fadl, s’ils travaillent et emploient ce savoir dans ce sens.
    c) Pour le commun des humains, un oiseau est juste une autre bête qui vole. Mais le monde des oiseaux est un vrai monde à lui seul. Chaque espèce a sa propre organisation, langage, hiérarchie, et c’est très complexe (comme à peu près toute la création). Même en ne pipant mot de ce que les oiseaux se racontent, le seul fait de ne plus considérer ces oiseaux comme « juste-des-êtres-vivants-et-qui-volent » et de regarder un peu plus près vous force à l’humilité : l’humilité devant le Créateur. Essayons d’imaginer maintenant le sens profond d’humilité qu’on acquis David et Salomon, après avoir pu déchiffrer le langage des oiseaux, et de tout un royaume d’êtres que nous ne pouvons même pas percevoir.

    Ensuite vous avez le verset 22 : où la huppe détenait un savoir que même le grand roi Salomon n’avait pas. Comme quoi, l’humilité peut s’enseigner dans toutes les situations, à tout âge…
    Puis encore le verset 40. Ce sera pour tout à l’heure. In chaa’allaah.

  4. La traduction (approximative) des versets 15-16 cités plus haut n’était pas géniale, au niveau du temps utilisé (et parfois des fautes d’orthographe/grammaire/typo). Désolée. Ces versets se liraient mieux comme ceci :
    « Nous conférâmes une (certaine) science à David et Salomon et ils dirent : louange à Dieu qui nous a privilégiés sur beaucoup de Ses adorateurs croyants. Et Salomon hérita de David, et dit : humains, nous avons été formés au langage des oiseaux, et nous avons été gratifiés de toute chose, c’est cela le grand privilège. »
    La 2ème partie du verset 40 de Sourate An-naml dit ceci :
    « … il dit : cela est un privilège/bienfait de mon Seigneur, pour m’éprouver : serais-je reconnaissant ou non. Celui qui témoigne de la gratitude/reconnaissance le fait pour lui-même, celui qui témoigne de l’ingratitude alors (qu’il sache que) Dieu n’a besoin de personne (Il se suffit à Lui-même), Dieu est généreux. »
    Ce verset, comme celui de la huppe, revient sur cette idée que le fait d’acquérir un savoir/science ouvre « naturellement chez l’homme » les portes de l’orgueil. C’est une épreuve permanente… L’humilité aide alors à garder les pieds sur terre, et se manifeste par cet élan de reconnaissance et de gratitude envers Dieu.

    Et Dieu sait mieux !

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