DH.BE – Tariq Ramadan: « Les imams belges doivent être formés en Belgique »

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Lors d’une récente conférence tenue Palais des Beaux-Arts (Bozar), à Bruxelles, l’islamologue suisse a rappelé son engament en faveur d’un islam européen institutionnalisé. 

C’est après être passé par un important dispositif de sécurité qu’un public, largement conquis d’avance, a écouté l’intellectuel musulman donner son point de vue sur le printemps arabe. Ambiance.

Il est 19h30 ce samedi, tandis que la file d’attente à l’entrée du Bozar ne semble jamais vouloir se résorber. En cause: les impressionnantes mesures de sécurité mises en place à l’entrée de ce bâtiment situé au centre-ville, dont la minutieuse fouille corporelle imposée à chaque visiteur devant le hall d’entrée. « Ces mesures de sécurité sont devenues très courantes au Bozar », relativise Barbara Porteman, la porte-parole du Bozar.

Un dispositif qui s’explique par le maintien de l’alerte de la menace terroriste au niveau 3. Ce samedi soir, c’est l’islamologue suisse Tariq Ramadan qui est prévu au programme. Un théologien présenté, depuis des années, comme controversé par de nombreux médias. Ses nombreux détracteurs lui reprochent notamment de tenir un dangereux double discours, même s’ils n’ont pourtant jamais pu le prouver de manière convaincante.

Dans le cadre du cycle « A coloured view », Tariq Ramadan était invité samedi soir à faire le bilan sur cinq ans de printemps arabes​. Ceci en présence de deux modérateurs: le rédacteur en chef de Apache.be Karl van den Broeck et Johan Leman, qui a dirigé le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. C’est avec finalement 45 minute de retard que la conférence débute devant une salle pleine, soit quelque 300 personnes silencieuses et attentives. C’est que Tariq Ramadan jouit d’une grande popularité, certaines de ses interventions étant regardées par des centaines de milliers d’internautes sur Internet. La conférence affichait d’ailleurs sold-out depuis quelques jours. Le théologien a tout d’abord fait part, durant 45 minutes, de ses critiques sur la manière dont les gouvernements occidentaux ont géré les printemps arabes.

Ceux-ci affirment vouloir favoriser l’émergence de régimes démocratiques au Moyen-Orient, tout en continuant de soutenir des dictatures telles que l’Arabie Saoudite, a-t-il notamment fait remarquer. Précisons que, selon l’intellectuel musulman, ce sont d’abord et de loin les pays arabes qui, par leurs politioques incohérentes ou leur absence de vision, sont les premiers responsables des problèmes dans la région.

Mais les récents attentats de Paris poussant à nouveau l’islam au centre de toutes les attentions médiatiques, Tariq Ramadan n’a pas pu échapper samedi soir à la question de l’islam en Europe. « Il faut un islam européen, qui serait institutionnalisé dans chaque pays, et qui ne dépende pas des influences étrangères comme l’Arabie Saoudite. Les imams belges doivent être formés ici en Belgique. Ils doivent parler la langue de leur pays, c’est-à-dire le français et le néerlandais », a-t-il insisté, lors de la deuxième partie de la soirée. « Les musulmans ne peuvent pas se contenter de dire que les auteurs (NDLR: des attentats) ne partagent pas leur religion. Cela serait trop facile. Il faut notamment combattre ce qui se passe d’un point de vue intellectuel et dire que ce qu’ils font est anti-islamique », a ajouté le théologien, applaudi ce samedi à plusieurs reprises par la salle.

Vers 22h, à la fin de la conférence, de très nombreux fans se sont ensuite pressés devant l’estrade pour lui demander de poser avec eux en photo. Un exercice auquel le Suisse a patiemment accepté de se plier.

Tariq Ramadan tient-il vraiment un double discours?

Selon ses détracteurs, Tariq Ramadan a un double discours. Il tiendrait en public et en français des propos beaucoup plus modérés et consensuels que lorsqu’il parle en arabe ou qu’il se trouve en petit comité. Des accusations récurrentes qui jettent un voile de suspicion sur cette personnalité dotée d’une indéniable aura médiatique. Le fait qu’il soit le petit-fils de Hassan el-Banna, le fondateur de la confrérie des Frères musulmans, joue probablement un rôle dans ces soupçons.

Il serait également contesté, peut-on apprendre dans différents médias, par certains spécialistes de l’islam. Reste que, d’après les deux islamologues de l’ULB que nous avons interrogés, ses propos en français ne diffèrent pas de ceux en arabe, une langue dans laquelle il ne s’exprimerait que très peu. « Je ne sais pas de quoi on l’accuse quand on parle de double discours. En fait, il oeuvre depuis des années pour un islam européen assumé. Par exemple, pour lui, on peut porter le voile, y compris dans le cercle professionnel, si on le souhaite. Un discours qui change peu et qu’il assume », analyse Younous Lamghari, islamologue et chercheur à l’ULB.

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2 Commentaires

  1. Salam
    En lisant cet article ma première remarque est de constaté que Tariq Ramadan est toujours désigné comme intellectuel « musulman »,c’est à dire l’autre!
    En 2015 je suis malheureux de constater que la route est encore longue pour pouvoir jouir d’une pleine citoyenneté.

    • Etre citoyen n’est pas contradictoire avec être de confession ceci/cela, et n’exclut donc pas d’être musulman.

      Par contre, les journalistes ne peuvent y résister: quand il s’agit d’intervenants musulmans, ils se croient obligés de mentionner leur religion (« intellectuel musulman »), alors que tout autre intervenant de quelque autre confession que ce soit, ne passe pas sous le coup de cette apologie, suspicion ou humiliation (selon la perception). Là est le problème.

      Et enfin, -pour réagir à cet article- qu’on arrête avec cette histoire de double discours, de petit-fils d’untel, ou toute autre étiquette infligée et qu’on exhibe à tous les coups, qu’on martèle sans savoir de quoi/qui on parle, sans se renseigner véritablement (lire au moins un livre ou deux du type, visionner quelques unes de ses interventions). Qu’on « juge » l’homme sur ce qu’il dit, pas sur ce qu’on croit qu’il pense, pas sur des chimères. Les procès d’intention, c’est bête et c’est fatiguant (càd lassant, ennuyant). Etait-il nécessaire de ressortir ces bêtises pour la énième fois? Quand est-ce que les journalistes feront réellement leur boulot d’information (sur des faits, des analyses pertinentes, et non des propos accablants sous couvert de conditionnel), quand donc arrêteront-il de nous servir ces soupes empoisonnées?

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