La patience [Risalat al Islam – Ramadan 2015 Épisode 17]

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6 Commentaires

  1. Salaamun wa rahmatullaahi alaykum, wa barakaatuh,
    Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le mot « sabr » traduit ici par patience/endurance/persévérance ne contient en fait pas du tout le sens « patience ». Les mots en arabes, et dans le Coran particulièrement, sont très précis.
    Voici pour la racine ce que veut dire le verbe « sa-ba-ra » :
    صبر: يصبر، صبراً،
    1 تجلَّد و واجه المصائبَ و البلايا بِجُرأةٍ.
    2 صبرعن الشَّيءِ: حبس نفسه عنهُ، امتنع عنهُ.
    3 صبرنفسَهُ : حَبسَها، ضبطها.
    4 صبرهُ : حبَسَهُ، مَنَعَهُ.
    5 صبرهُ : أوْثَقَهُ، قيَّدَهُ.
    6 صبرهُ : لَزَمَهُ.
    Il n’y a pas de notion de patience dans le mot « sabr » qui soit dans le sens « attente ». L’attente c’est « intidhaar ».
    Le « sabr » contient davantage la notion d’espérance, que celle de la patience ou de l’attente (passive).
    L’espérance est basée sur la foi (c’est vraiment cela qu’est le « sabr »), alors que l’attente peut être juste une résignation, si on est réduit, par la force des choses, à attendre, en prenant son mal en patience. Ayoub avait de l’espérance, et non de la résignation. Il n’a jamais désespéré ni douté de la bonté de Dieu (c’est cela qui fait « sabr »).
    Remarquons aussi que dans le Coran, la notion d’attente (intidhaar) est évoquée dans le contexte des gens qui ne croient pas en Dieu, quand Dieu leur dit qu’ils préfèrent « el-‘aajila » (ce qui peut être rapidement obtenu ici-bas) à « el-aajila » (ce qui est reporté à la vie d’après), et qu’ils vont quand-même devoir « patienter » (intadhiruu, innaa muntadhiruun).
    Et enfin, Dieu nous incite à nous hâter pour répandre le bien, pour faire le bien, afin (d’espérer) de gagner le paradis. Et pour cela, nous ne devrions pas attendre mais être endurants et persévérants.
    Je voulais attirer votre attention sur ces petites nuances mais qui -dans la compréhension collective dans le monde arabo-musulman- prête souvent à confusion, et même, ces nuances sont souvent détournées pour faire passer des messages du style : « on pourrait espérer obtenir davantage de droits pour les femmes et les hommes, un jour, peut-être, il faut être patient, bien sûr, rien ne se fait du jour au lendemain ». Ce à quoi j’ai envie de répondre que « rien ne changera jamais avec ce genre de discours, car Dieu ne changera rien en nous (ou pour nous), si nous ne le faisons pas maintenant, si nous n’y travaillons pas sérieusement dès MAINTENANT », ou encore « les révolutions prennent du temps, certes, mais pour qu’il y ait révolution, nous avons besoin de révolutionnaires, et non de « patients » qui attendent que la révolution se fasse toute seule, un jour peut-être ».
    Voilà.
    Que Dieu nous/vous guide.

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