L’époque moderne est une époque de troubles et d’insécurité. La globalisation des moyens de communication a mondialisé des attitudes que l’on rencontrait hier à une échelle plus réduite, nationale ou locale. Des représentations simplistes et monolithiques de cet autre, de cet « étranger », qui pouvait être son voisin, entretenaient hier des certitudes, voire un racisme plus ou moins assumé à l’égard de « lui » et d’« eux » ; ces certitudes étaient rassurantes quant à soi-même (« moi », « nous ») et à ses propres doutes. Le phénomène s’est amplifié et approfondi. La globalisation et les migrations, en augmentant l’insécurité et les peurs de façon proportionnelle, ont contribué à développer des réactions souvent irrationnelles et en tout cas peu raisonnables. Les cercles de nos appartenances se sont inversement et proportionnellement restreints et sont devenus de plus en plus exclusivistes : nous devons avoir une identité, appartenir à une communauté, à un groupe et nous lui devons notre absolue loyauté.
Les obsessions contemporaines sur la question de l’« identité » sont une façon apparemment neutre de questionner nos appartenances et nos loyautés. Comme nous devrions avoir « une identité », nous devrions avoir une loyauté exclusive : si cette dernière n’est pas revendiquée prioritairement, ou si elle est critique par rapport à son champ d’appartenance, alors le doute s’installe sur les intentions, les fidélités et, au fond, sur la nature de la loyauté. Les études et les approches constructives et positives relatives à la diversité – proposées par des philosophes et des penseurs comme le Canadien Charles Taylor, le Libanais Amin Maalouf, l’Indien Amartya Sen ou le sociologue britannique Tariq Modood – sont bienvenues et somme toute fondamentales. Il est important de rappeler que nos identités sont multiples et mouvantes et que nos sociétés ne survivront qu’en gérant positivement, et en célébrant comme il se doit, la richesse de leur pluralisme religieux et culturel. Bien que ces contributions philosophiques et sociologiques soient déterminantes, il est nécessaire de leur ajouter la dimension politique liée à la question de la loyauté. Car, répétons- le, derrière le spectre de l’identité affichée, la question qui demeure, et qui importe, est celle de la loyauté défendue, et pour quel pouvoir.
Ce qui ne signifie pas nier nos identités ou rejeter nos appartenances – ce serait proprement impossible, et sans doute dangereux –, mais savoir comment les gérer, comment se définir par rapport à soi et aux groupes qui se constituent ou que l’on constitue autour de soi. En disant « je » pour son identité et « nous » pour son appartenance, l’individu établit des sphères de jugement et de pouvoir. Il est impératif que chacun se questionne sur ses relations et la nature de sa loyauté à ce pouvoir et à ce jugement. Or, notre présente réflexion sur l’indépendance de l’éthique et l’éthique de l’indépendance vient de nous révéler que seule la loyauté critique respecte un principe de cohérence auquel nul individu et nulle société n’échappent. En d’autres termes, être loyal à soi-même et à sa communauté d’appartenance exige – sur le plan éthique – d’exercer un jugement critique sur soi et sa communauté à la lumière des valeurs que l’on a, soi-même ou sa communauté, déterminées individuellement ou collectivement. La démarche est philosophique mais également éminemment politique : l’individu, le groupe et la société déterminent des champs de pouvoir et la démarche éthique et critique consiste clairement à juger raisonnablement l’exercice de ce pouvoir et à en limiter les excès potentiels.
Dans sa propre famille, face au pouvoir des parents, de la fratrie ou du clan, il faut savoir conjuguer le respect des personnes et la critique des comportements. Un respect critique, une critique respectueuse. Ce n’est jamais très aisé dans les familles traditionnelles et les cultures du Sud. C’est cette même attitude qui devrait prévaloir dans sa communauté spirituelle et religieuse : manifester une confiance dans les idéaux de cette dernière et dans sa capacité à y être fidèle tout en portant un jugement objectif sur le comportement de certains et les compromissions communautaires. Plus largement encore, dans toute société humaine, la loyauté critique est un impératif. Tout en reconnaissant les besoins d’identité et d’appartenance, elle soumet tous les pouvoirs qui pourraient en résulter à l’« arme de la critique » pour reprendre l’expression de Marx qui désirait, à juste titre, que l’homme ne s’illusionne jamais sur la nature des rapports de force et de domination (économique comme politique). Il faut néanmoins en être conscient, dans son clan comme parmi les siens. Dans une dictature, la logique de la résistance s’impose d’elle-même et doit habiter la conscience citoyenne dans les démocraties : questionner le choix des élus, les injustices tolérées, le populisme instrumentalisé, les alliances internationales suspectes – les dictatures particulièrement –, les incohérences quant au respect des Droits de l’homme, la discrimination et le racisme structurels, les excès policiers au nom de la sécurité, l’acceptation de la torture, etc. La liste est longue, très longue, mais si la loyauté à son pays et aux principes de la démocratie a un sens, alors elle commence par l’exercice de son esprit critique et le respect du principe de cohérence. C’est le rôle de la société civile en général et des intellectuels en particulier : s’il est naturel que les peuples et les nations aient une identité, il est impératif qu’ils aient une conscience. Or, si l’appel à l’identité et à l’appartenance implique une perte de la lucidité de la conscience alors l’homme y aura perdu tant l’éthique que son indépendance et, de surcroît, une part de son humanité. C’était l’intuition de Bergson, au moment où il écrivait son dernier ouvrage sur Les Deux Sources de la morale et de la religion : il reconnaissait des étapes et désirait une évolution. Dans la distinction qu’il opère entre deux types de morale et de religion, il y a l’idée que leur fonction première est de permettre la constitution du groupe, de la société et ensuite d’assurer leur protection. Ce sont les « sociétés closes » qui déterminent l’appartenance par la sécurité et la protection. Il faut pourtant dépasser ces dispositions et, dans la confiance, s’ouvrir aux valeurs universelles et faire de sa société une « société ouverte ». C’est donc la conscience des valeurs universelles (qui dépassent nos appartenances) qui nous permet la sortie de soi au moyen de l’esprit ouvert, raisonnable et critique. Bergson pensait que ce sont les hommes exceptionnels, à l’image du Christ, qui ouvrent la voie vers ce dépassement. L’étape ultime de ce cheminement est l’amour, au-delà de soi et des siens, qui marie le choix de la confiance de l’origine, la conscience éthique et critique sur le chemin et, au terme de la quête, la reconnaissance du semblable au-delà des différences. Les spiritualités, les philosophies et les religions l’ont affirmé, Wang Yangming l’a illustré, Bergson l’a répété : l’éthique est une question de conscience autant que de cœur.
Salam…
ignorer ou dénigrer les voies de l’Humanité est-ce délibérément occulter et refuser les biens fondés d’une Nature, alors qu’il soit 1000, 2000, 4000, 10 000 ans, ou plus, ou moins, après chaque réalité apprise acquise admise, quel point de vue restitue en plein et chaque jour l’inconnu du monde et des futurs humains, car tous points de vue consistent et relèvent en un lien, si ce n’est plusieurs, mais du seul et même lieu, cqfd, quel avenir se joue dans toute l’histoire des hommes et quelle identité se court dans toute l’immensité des vies, pourtant, parmi des vérités libres égales fraternelles, et défendues, partout la paix n’est pas moindre en question humaine ni fausse en réponse culturelle, et terrestres… » peut être que tout n’est pas moins juste à savoir de chaque qualité et que rien n’est pas plus vide à revoir de chaque faculté » …
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par ailleurs, en matière politique, si l’on peut dire, la valeur humaine et la valeur économique des sociétés se sont visiblement rendues incontournables et interdépendantes entre les peuples, et chacune estime grandement des besoins divers et variables entre des vitalités des priorités et des nécessités, le désappointement fasse qu’elles se rivalisent bien plus qu’elles ne se mutualisent, de cette équivoque naissent alors la pauvreté la misère et la brutalité d’un côté, et la richesse le pouvoir et l’autorité de l’autre, rarement, ou tragiquement inversable, comment faire pour les réconcilier, comment croire pour les réunir, comment juger pour les satisfaire, scientifiquement il se rapporte que quatre saisons très unies savent bien, et font bien savoir, à toutes surfaces, toute leur valeur ajoutée, philosophiquement, des pensées partagées et bien construites se sont des idées mesurées et qui profitent, autrement, la politique humaine et la politique économique sont deux valeurs actuelles et complexes à résoudre du meilleur intérêt, comme de la meilleure perspective, de chacun(e), naturellement,… « de près ou de loin, deux arbres vivants mais différents ne se distinguent pas mieux ni plus vite par les racines »…
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une terre vivante variée et respectable et un monde croissant légitime et culturel ne suffisent-ils donc plus à la vitesse des progrès, et des identités, et l’Éthique humaine et civile qui se lutte à mourir et à renaître un peu partout autour au cœur des moindres valeurs naturelles, pratiques, humaines, spirituelles, démocratiques, citoyennes…entre des hommes, des savoirs, des mémoires, pour ne plus subir, ni sursoir, l’inconcevable et le blâmable des consciences et pour unir l’espèce et la culture des réalités, mais, sans vouloir tendre au plus haut la critique démesurée depuis les temps assignés et les aspects composés de l’existence, à quelle vitesse, ou à quelle distance, de la vie des hommes le temps ne se résume guère plus à un rôle estimable en tolérance, depuis, les cultures de l’amitié, comme les natures de l’entité, se seraient-elles, toutes, désintégrées…
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pourtant, au plus récent et à la veille de cet instant(article) partagé objectif et plutôt consciencieux, donc au loin de l’irrespect et de l’inculture, abusif(ve), Nord et/ou Sud, des lectures imagées et des sens stigmatisant détournant et visant la personnes officiant nominalement du jour aux airs de la « rentrée »de par sa qualité principale et nouvelle, se poursuivent surviennent et paraissent ailleurs, mais tout près aussi, comme de nouveaux et bien pire passés, jaillissant au titre facile et déjoué d’une autre et belle liberté, la particularité intellectuelle aurait-elle prise, ou mise, en la demeure, inutile… « c’est donc bien le manque universel de liens existentiels qui crée et favorise sans doute, et en toute actualité humaine, le manque culturel de réalités essentielles »…, ainsi le monde ouvert et communicatif lui aussi se dé-globalise outre mesure, dans l’outre sens d’une outre raison, une triste légitimité ne peut être ni vraie ni belle ni simple, c’est grave (docteur) mais pas tant que ça, loyalement la tristesse n’étant généralement ni souhaitable ni incurable à tout être…
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bonne route à chacun(e)…
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…KHassan…Salam…merci…
Assalâm ‘alaïkoum,
La loyauté critique.
Vous faites des rappels qu’il est important de ressasser : être arrimé à des principes avant de l’être à un groupe culturel, religieux, voire socioéconomique, professionnel, philosophique, politique. Les « groupes » ont mille et une couleurs, mille et une saveurs, mille et une orientations. Nous n’en sommes pas moins des individus qui devront affronter seuls la mort et son après lorsqu’on est croyant (je parle en terme de conscience).
L’image illustrant votre article, une sorte de farandole joyeuse d’êtres humains de toutes les couleurs, demeure une belle utopie, belle à regarder.
Afin de ne pas trop la troubler, je préfère m’abstenir de la contrebalancer avec la complexité du quotidien, les manoeuvres anonymes des groupes d’intérêt et la nécessité d’apprendre à formuler ses critiques différemment si l’on est face aux puissants ou aux subalternes. J’ajouterais aussi que la critique n’est jamais en sens unique: il faut aussi s’attendre/apprendre à la recevoir et en tirer partie.
Enfin, vous évoquez la période moderne comme si elle recouvrait des phénomènes inédits : la globalisation, les autoroutes de l’information, l’accélération du temps entrainent des crispations identitaires. Je crois qu’il importe de replacer notre séquence historique, non pas uniquement dans une globalisation postmoderne éthérée, mais surtout dans sa dimension postcoloniale. Sans vouloir m’attarder, le dernier ouvrage d’Achille Mbembe est ma réfèrence implicite (Critique de la raison nègre).
Salâm
Salam…
d’un ou d’une parallèle entre la substance et la circonstance d’une justice et d’une loyauté, il y a autant des mesures collectives qui précisent et déterminent une individualité que des mesures individuelles qui composent et construisent une collectivité, à valeur de clémence et par les degrés faisant la règle et l’unisphère, 360° ne forment aucun angle préjudiciable, deux moitiés assemblées non plus…
il est tout de meme constater, pour l’instant, de considérer que tous les instants de la vie prédominent à tous les autres, et si ils tiennent cette place « avancée », donc forcément ni entièrement maitrisée ni complètement mémorisée, ils préservent et concentrent le sens d’une nature et ils élèvent et prétendent les raisons d’un futur…
et pour le dessin il s’agirait parfois que des terres de toutes les couleurs farandolent tout autour d’un couple humain, de fait un petit soleil et une petite lune n’y seraient pas moins brillants, bien placés, et rassurés aux endroits éternels où battent les temps de la vie, humaine…
…KHassan…Salam…merci…
Mohammed (PBSL) avait aussi cette démarche : il faut aider ton frère (dans ta famille, clan, communauté… ou dans l’humanité) dans tous les cas, avait-il dit. Et si ce dernier se comporte de manière injuste ? Alors, il faut l’aider pour arrêter cette injustice. Il y a donc des priorités à établir, une échelle de valeurs à édifier, et à respecter : les valeurs universelles priment.
Ce que dit cette phrase toute simple du dernier prophète, en outre, c’est qu’à tout moment, en toute circonstance, un recul par rapport aux traditions ou aux pratiques usuelles est nécessaire, une remise en question de ces pratiques est vitale. C’est une idée philosophique à la logique implacable, tous les prophètes étaient de grands philosophes (et des sages, qui plus est).
Salam,
Ce principe (défendre la justice au-delà des appartenances) est simple à dire, à comprendre, difficile à appliquer dans le quotidien. Au temps du Prophète (SAW), il a fallu toute une longue éducation pour amoindrir l’esprit clanique (Aws versus khazraj) à Médine, à travers notamment un pacte de fraternité. Cela n’a pas pour autant empêché sa résurgence à la mort du Prophète (SAW). La question de la distribution du pouvoir (politique, économique, culturel), les conflits d’intérêt rendent compliqués la réalisation d’un tel principe. Les principes, les idéaux sont beaux à énoncer sous la plume et vraiment complexes à concrétiser.
L’éducation, la diffusion de certains modèles, la construction de dynamiques socioculturelles et politiques qui favorisent une telle posture humaniste apparaît comme crucial pour se rapprocher d’un tel idéal. Il s’agit aussi de prendre acte du fait que cet idéal s’inscrit dans un cheminement à partir de différents points de vue, notamment à partir des références islamiques sans exclusivité.
Qui dit éducation, dit pédagogie voire contre-pouvoir face aux puissants. Si Malcom X était entendu dans les ghettos noirs et au-delà, c’est qu’il a su élaborer une approche valorisante auprès d’une population dévalorisée du fait de la couleur de peau et d’une situation sociale modeste (tout en adoptant une posture androcentrique). Après s’être engagé dans Nation of Islam, il était en voie de mutation. Son engagement contre les injustices et les violences physiques, symboliques et socioéconomiques auxquelles étaient confrontées les Noirs américains a pris une tournure internationaliste et anticolonialiste. Cela l’a amené à se situer dans le cadre des droits humains et de l’universalité, et donc avec dans une logique d’alliance avec toute dynamique allant dans ce sens.
La posture universaliste humaniste est un cheminement ardu qui se construit dans le temps à partir d’une certaine position, d’un certain point de vue. Sinon, pourquoi reproche t’on aux musulmans engagés en France d’être uniquement préoccupés par les causes « islamico-islamiques » (dont la définition m’échappe) ?
« Faith in God necessitates that we have a critical awareness as believing in God is the way to liberating ourselves from all others. »
« La conscience de Dieu exige la conscience critique : la soumission à l’Un est le chemin de la liberté vis-à-vis de tous les autres. »
Contrairement à la version anglaise qui apparaît progressiste (il s’agit de s’en référer à Dieu, sans présupposer qu’il pourrait y avoir soumission), la version française se base explicitement sur la notion de soumission à Dieu, une notion que je vomis, mais que heureusement (pour moi), on ne m’impose pas (encore) ici chez moi.
Admettons que celui qui ait pondu ces deux paragraphes n’était pas dans une dynamique de traduction au mot près. Même dans cette hypothèse, il demeure que ces deux paragraphes sont en contradiction.
C’est très bien à mes yeux, car la version anglaise ouvre des portes. La version anglaise englobe la faculté de penser par soi-même, en fonction se son ressenti propre, ceci indépendamment de ce qu’une idéologie ou une pression sociale tendrait à imprimer.
Si vous tenez à la solidité de votre construction intellectuelle appelée Dieu, vous pourriez architecturer telle construction en vous basant sur l’idée que Dieu vous a donné la sensibilité, la conscience, l’intelligence, la capacité de raisonnement. Eh oui, Dieu, en vous dotant de ces capacités qui font de vous des hommes, et non des animaux, s’attend évidemment à ce que vous en fassiez usage. Commencez à penser par vous-mêmes. Réfléchissez. Votre Dieu vous a donné la capacité de vous libérer des « autres », graduellement et naturellement, parce que vous devrez cheminer sans dommage ni conflit dans les étapes du développement personnel qui sont l’enfance, l’adolescence, et la maturité.
Les « autres » qui ont fait leur devoir, qui pour vous protéger ont imprimé leur autorité sur vous (comme par exemple une maman a eu autorité sur son enfant pour l’empêcher de faire des bêtises), ces « autres », donc, vous devrez vous en en libérer pour atteindre votre propre maturité, que l’on soit homme ou femme. C’est un devoir par rapport à votre Dieu, votre créateur. Votre théologie s’emmêle les pinceaux lorsqu’elle proclame que vous avez été créés pour obéir, pour vous soumettre. Oui, vous devez vous soumettre à la loi de votre développement personnel. Oui, passé le stade infantile, passé le stade adolescent, vous devez forger votre propre maturité, un état supérieur (en guise d’étape peut-être) qui fait de vous un Homme, une Femme, un Roseau Pensant.
Et pourtant, ces « autres » à qui vous devez quasiment tout, ils ont parfois leurs défauts, ils sont parfois abîmés par la vie, ils sont parfois attirés par le repli, par le renoncement. Parfois ils ne supportent pas leur propre déchéance, face à votre propre développement, face à votre autonomie naissante. Là est le problème. Un problème universel. Cela ne date pas de hier. Or, plus vous êtes sensible, plus vous êtes intelligent, plus vous souffrez de cet état de fait.
On touche là une loi universelle. La génération N+1 doit succéder à la génération N. Succéder veut dire prendre le pouvoir. Succéder veut aussi dire prendre soin des enfants et des vieillards.
Le temps passant, vous vous retrouverez en face de ceux qui vous succéderont. Resterez-vous cohérent ? Laisserez-vous faire l’évolution, laisserez-vous donc vous enfants s’émanciper ? Leur permettrez-vous d’acquérir la connaissance et l’expérience qui feront d’eux des bons gestionnaires, capables de prendre soin de vous lorsque vous serez devenu un vieillard ?
Salâm,
Tariq Ramadan met en avant le fait que l’islam signifie « entrer dans la paix de Dieux » ; « soumission » est une traduction pouvant porter à confusion, surtout au vue du sens que ce terme revêt aujourd’hui. L’idée d’obéissance aux préceptes divins n’est, en effet, pas antinomique avec la créativité intellectuelle ou artistique. Elle est même encouragée dans les textes de références de l’islam, selon un certain cadre éthique. Tout ce qui est mimétisme en ce qui concerne les affaires sociales n’est pas encouragé dans l’approche réformiste de la religion musulmane puisqu’il y a une dynamique du temps qui est prise en compte; elle implique des changements et donc la nécessité d’être inventif.
Ensuite, il est vrai que pour ce qui concerne les actes d’adoration, l’idée d’obéissance (et non pas de soumission) aux prescriptions divines est présente. Tout à chacun est libre d’être observant ou non. Aucune force coercitive ne devrait obliger qui que ce soit à être un(e) musulman(e) observant(e), effectuant ses 5 prières quotidiennes, le jeûne du Ramadan, s’acquittant de la zakat par exemple. Un verset du Coran dit : « lâ ikraha fi dîn » (pas de contrainte en religion); un autre précise que nul ne portera le fardeau d’un autre (dans l’au-delà) signifiant que nous détenons un libre-arbitre ici-bas par rapport auquel nous sommes individuellement responsables et devrons répondre dans l’au-delà. Ainsi, un individu face à sa famille, ses proches peut prendre une toute autre voie que celle qu’ils avaient préconisée pour lui, notamment à travers des attentes émises, une éducation délivrée. Ce schémas n’est pas rare, n’est-ce pas ? C’est à ce niveau que j’ai du mal à saisir l’objection que vous formulez par rapport à l’article de Tariq Ramadan.
Ensuite, l’obéissance aux préceptes de Dieu est perçue comme une libération du point de vue musulman dans le sens où il signifie l’adhésion à des valeurs, une éthique d’inspiration divine conçue comme source de positivité pour l’être humain. Nul être humain n’évolue dans un espace social sans adhérer à des principes, des normes. Nul être humain ne se suffit à lui-même. On participe à une multitude de groupes sociaux et culturelles véhiculant différents systèmes normatifs, des codes à partir desquels se construisent les interactions, mais aussi le désirable et l’abject. Nul n’évolue donc véritablement comme un « électron libre » agissant selon son bon vouloir où qu’il se trouve, indépendamment de l’époque contemporaine.
C’est en cela que l’islam signifie « entrer dans la paix de Dieu ». En adhérant à des principes éthiques source de positivité pour moi en tant qu’individu et être social, je reconnais une souveraineté suprême qui m’affranchis d’autres types de souveraineté : celle du dogme de la consommation par exemple. Ce processus peut également m’inciter à développer un esprit critique et de résistance face aux systèmes socioculturels et économiques qui déshumanisent, suscitent un esprit prédateur allant souvent de pair avec une volonté dominer au détriment d’autres individus et groupes sociaux (impliquant la « race », l’ethnicité, la classe, l’âge, le genre etc.) comme l’actuel système néolibéral. En cela, il me permet de m’ouvrir sur d’autres dynamiques socioculturelles allant dans ce sens, qui ne partent pas forcément d’une référence musulmane, dans la mesure où ce type de valeur n’est pas l’apanage de la religion musulmane.
Ainsi, je crois que Tariq Ramadan apporte une contribution à ce débat que trop peu de personnes procurent, jeunes comme moins jeunes. Il risque de demeurer prolixe pendant longtemps (au plaisir ou au déplaisir de certains en fonction de là où on se situe).
@ CL. Mon billet ne constitue pas une objection par rapport à Tariq Ramadan. Mon billet se borne à illustrer au niveau sociétal ce qui se profile derrière la notion de « Loyauté critique ».
D’une certaine façon, Tariq Ramadan tient à ce que vous commenciez à vous situer par rapport au Siècle des Lumières, un mouvement intellectuel qui a commencé en l’année 1715 du calendrier occidental, un courant de pensée qui a changé le monde. En bien. En mal.
On peut y voir une amorce de symbole, sachant que dans quelques semaines nous entrerons dans l’année 2015 du calendrier occidental. Trois-cents ans à scruter, à analyser, un vaste chantier pour vos Savants.
Où l’Occident aurait-il du placer le curseur de la Science et de la Technologie pour éviter que l’Industrie se mette à pratiquer l’esclavagisme (Traite des Noirs), le génocide (disparition des Indiens d’Amérique), et la dévastation (abattage des forêts, empoisonnement de l’eau) ?
Quoi faire maintenant ? Tout récemment, l’Occident a été le siège d’une prise de conscience, partielle, limitée à l’aspect écologique. Pour sauver la planète, donc en quelque sorte pour nous sauver nous-mêmes, faut-il rebrousser chemin, faut-il faire en sorte que l’Energie redevienne rare et coûteuse ? Ou au contraire, faut-il aller de l’avant, rendre l’Energie plus abondante et moins chère, afin d’accélérer l’un ou l’autre processus de réparation placé sous notre contrôle supposé bienveillant ? Clairement, le pétrole n’est plus adapté à la tâche. Et la pression démographique là-dedans ? Nécessité faisant loi, le contrôle des naissances deviendra-t-il incontournable ? Et là-dedans, le fait que dans une poignée d’années, le vieillissement puisse être vaincu ?
Regardez bien tout ce qui va nous tomber dessus. A quoi allez-vous en référer ? A votre propre expérience, à votre propre intelligence, ou à autre chose qui selon vous, devrait primer ? La foi ? Admettons. Mais la foi en quoi ? En un « container » vide de sens ? Ou plein de sens, me diriez-vous, selon le conditionnement que vous avez subi ? N’oubliez pas, il s’agit de nos vies, pas d’autre chose. Si vous invoquez l’au-delà, alors on risque bien de ne jamais tomber d’accord. Pourquoi ? Parce que le Siècle des Lumières a contribué à casser le contrôle social religieux, qui faisait que le gros de la population, brimé et exploité par diverses élites, était conduit à penser que pour mériter le Paradis, il lui fallait endurer ses souffrances terrestres. N’imaginez pas une seconde qu’on accepterait de rouler dans le même travers ! Les cathédrales, le catéchisme et tout le toutim, on a déjà donné. Objectivement, on devrait progressivement effacer ces témoins d’un âge inique, mais on n’y arrive pas. C’est peut-être une forme du syndrome de Stockhom. Le prisonnier qui tombe amoureux de son geôlier. Et vous, là-dedans, où vous situez-vous ? A l’évidence on voit que cela bouge, mais de là à dire que c’est en bon ordre …
Salâm,
Personnellement, je suis une personne croyante, musulmane pour être plus précise. Je ne pense pas que la foi en une transcendance soit une aliénation en soi, ni même une libération en soi. Il en va de même de tout système de pensée qu’il soit rationaliste ou autre. Tout dépend de la manière de croire ou d’exercer sa rationalité. Je rejoindrai Tariq Ramadan dans l’idée que c’est le dogmatisme qui aliène. J’ajouterai que tout système de pensée peut être mis au service d’une entreprise d’émancipation ou d’asservissement.
Au temps du Prophète (SAW), les données historiques démontrent la diffusion d’une approche de l’islam allant dans le sens de l’émancipation et de l’égalité dans les rapports sociaux ainsi qu’une incitation à développer au maximum son potentiel humain en terme de piété mais aussi sur les plans intellectuels, artistiques, physiques. L’idée de bien commun et de bien être individuelle était également très présente. L’usage de la rationalité pour découvrir la grandeur de Dieu à travers Sa création, mieux l’administrer, mieux en faire usage était encouragé. Ainsi, la civilisation arabo-musulmane a été, en très peu de temps, à la pointe des découvertes scientifiques, des innovations technologiques, de la mise en place de systèmes de protection sociale ou de structures sanitaires durant sa période classique. L’objectif n’était pas de maximiser les profits comme aujourd’hui, l’être humain dans son rapport au Transcendant était au centre des préoccupations. (J’idéalise surement cette période, l’histoire n’est jamais lisse, toujours complexe).
Cela n’empêche pas les sociétés à majorité musulmane d’être très éloignées aujourd’hui de cette époque voire d’en être aux antipodes : dictatures, quête du profit, exploitation de la main d’oeuvre immigrée, sexisme.
Par ailleurs, la rationalité et l’humanisme des Lumières ne les ont pas empêché d’être l’inspiratrice d’entreprises colonialistes. Encore une fois, tout dépend de la manière dont on fait usage d’une idéologie et donc des rapports de force en présence.
Encore aujourd’hui, si les gouvernements des sociétés euro-américaines cherchaient véritablement à mettre fin au néolibéralisme qui est un système socio-économique déshumanisant pour la majorité de la population sur Terre, ils appliqueraient une politique beaucoup plus multipolaire et non pas monopolistique des ressources. Ils chercheraient à domestiquer le monde de la finance et non pas comme on le voit aujourd’hui lui donner un blanc-seing.
Salâm
Salam…
par rapport à l’écologie, donc à la nature dans ses moindre éléments, et fut-il en Ethique une valeur sans précédent ni renoncement à cette élémentarité indispensable, quelle vision incontestablement contestable se profile en tous points de vue comme en tous siècles, des hommes…
de lumières dites vous, mais de lueurs serait juste suffisant comme pour presque faire admettre un exploit intelligible et considérable englobant tout de meme, entre la cause et la conséquence, une certaine relativité temporelle, et spatiale, reconnue comme pour chacun(e)…
dans un élan d’optimisme, il s’annonce qu’en 2015, que ce soit la France à réunir de ce propos, de cet intéret, de cette vitalité, disons qu’il n’est jamais trop trad, ni trop tot pour bien faire de cette nature encore bien resplendissante et encore toute auto-régénérée tout comme de ses premières et secondes lumières, justes immenses et spatcieuses…
alors, sans vouloir retracer la, les parties sombres d’une évidence évolutive humaine et planétaire, constatant à travers siècles, et millénaires, que de l’activité principale et commune s’efforce chaque fois d’une ressource abondante malléable et terrrienne, outre les renaissances enracinées, mais faille-t-il toujours mieux éclairer chaque séquences de la vie pour se dire longtemps, et plus encore, que chaque jour et chaque nuit conduisent, à leurs sens réunis et à leurs raisons comparables, à estimer à évaluer et à considérer en toute modestie, pour que chacun(e), de son lieu et de sa réciprocité, puisse probablement, et NATURELLEMENT, croire et participer au mieux de ses connaissances et de ses facultés vers un avenir partagé, comme il existe un peu partout dans l’infini des présents, un volume des valeurs et un état des grandeurs bien égal à toutes perspectives, il est donc bien uniquement de la lumière toutes harmonies des saisons, meme l’eau n’en dit pas moins, dans l’air…
de par les moyens actuels et permanents et depuis les savoirs successifs et attenants, à l’histoire du monde et des peuples, il n’est donc pas si difficile de reconnaitre quel genre d’interférences interhumaines succèdent et s’inhibent fortement et très facilement à l’inhérence graduelle et absolue d’un bon nombre de valeurs internaturelles, la terre ne serait donc plus un champ de bataille, peut etre un chant de liberté, et plus si infinité affinée, si elle était à son tour régulier et à sa valeur incroyable, mieux estimée, bien protégée, humblement utilisée, depuis tous états toutes croyances tous concepts, et, devant chaque vérités…
une sagesse… le temps d’une narture et la nature d’un temps sont les fruits réunis et constants d’une évidence surhumaine, mais pas inhumaine…
…KHassan…Salam…merci…