Nous ? 4/4

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Une approche holistique de ces réalités requiert que nous redécouvrions, respectivement, ensemble et dans la pratique, les valeurs et les principes fondateurs. L’éducation, la vie quotidienne, l’interaction avec nos semblables de différentes origines, cultures et religions sont les moyens par lesquels nous appréhendons concrètement notre commune humanité et comprenons qu’elle est, par essence, constituée par la diversité et une myriade d’identités et de traditions. Nos semblables agissent comme des miroirs et nous permettent de comprendre que nous avons nous-mêmes de multiples identités et que nous ne pouvons être réduits à une origine, une religion, une couleur ou une nationalité. Cette éducation et ces relations forgent un savoir et façonnent une psychologie. Il faut du temps, de la patience et de l’engagement : faire évoluer les mentalités, et ainsi transformer les perceptions et les représentations, nécessite un travail permanent d’accompagnement aux niveaux local et national. Il faut donner corps à « une philosophie du pluralisme » par l’élaboration de projets portés par des acteurs représentant une diversité de cultures et de religions et habités par le souci partagé de relever des défis communs. On crée ainsi une psyché collective, une sensibilité commune, un sentiment mutuel d’appartenance.

Les choses ne se passent pas au niveau de la loi mais déjà bien en deçà. Comment et pourquoi, à un moment particulier de l’Histoire ou de l’existence, un groupe est capable de dire « nous » en permettant à ses membres de s’y sentir bien, reconnus, chez eux ? Un groupe, une société qu’une législation régule et organise et qu’une sensibilité commune cimente et unifie. Il n’est pas alors question de connaître la limite formelle de nos droits mais d’entrer en contact avec la sensibilité de l’autre, ses valeurs, ses doutes et sa quête. On rencontre des trajectoires nouvelles et les efforts qu’autrui fait pour s’appartenir, pour atteindre son équilibre, sa paix. On accède à l’empathie, dont nous avons déjà parlé, et l’on devient capable d’identifier les espaces sacrés de cet « autre » qui est notre voisin : l’importance de ses valeurs, de ses amours, de ses convictions et même la géographie de sa psychologie et de sa sensibilité. Nous avons tous, comme le relevait Mircea Eliade, entre autres, notre carte personnelle d’espaces et d’éléments profanes et sacrés : nous formons une société quand nous devenons à même, à deux, à trois, à des centaines de milliers ou à des millions, de déchiffrer mutuellement les grands axes de nos itinéraires respectifs et que nous les respectons parce que nous en comprenons le sens général.

La loi est nécessaire, nous l’avons maintes fois répété. Néanmoins, former une société suppose que nous dépassions le législatif pour accéder à l’ordre de la civilité. Ici, il n’est pas question d’utiliser la loi pour savoir jusqu’à quelle limite je vais pouvoir user de mes droits pour m’imposer ou agresser l’autre qui me gêne (ou dont je me méfie), mais, au contraire, il importe de se préoccuper de la convivialité, selon l’expression bienvenue et les aspirations du penseur de l’écologie politique Ivan Illich. Nous l’avons dit, il est des choses qui sont légales mais que la dignité et la décence nous invitent à éviter. Il faut savoir user de ses droits en gardant le sens de la communauté humaine, la préoccupation de l’autre, la sensibilité partagée et l’affectif commun. Il s’agit d’éthique et d’humanisme en amont – et en deçà – de la loi. Illich s’opposait à l’école, cette «nouvelle Église », qui promettait le « salut » à la lumière d’un ordre économique qui orientait les savoirs et façonnait les comportements vers la compétition et le rendement. En s’inspirant des paraboles bibliques, il avait repris l’adage : « La corruption du meilleur devient le pire » et s’était efforcé de réfléchir sur l’avenir de nos sociétés modernes : nos désirs de vitesse, de gain, de réussite sociale de même que nos craintes de l’autre, de la différence, de l’insécurité nous mènent effectivement à transformer le meilleur en pire. Nos États de droit deviennent des forteresses à l’intérieur desquelles nous protégeons nos intérêts et légitimons nos égoïsmes. Nos droits, la liberté d’expression au premier chef, deviennent des instruments servant à marquer des territoires et à provoquer inutilement l’ire et les réactions de ceux dont on se méfie ou dont tout simplement on n’aime ni la présence ni les croyances. Nos démocraties utilisent la persuasion et la manipulation « légales » de masse pour justifier – avec ou sans l’accord de la masse – les nouvelles guerres de civilisation, destinées à civiliser et à démocratiser. Ces perversions entretiennent les peurs et les méfiances et empêchent localement et internationalement d’accéder à la convivialité qui nourrit chez les individus un sentiment d’appartenance. Nous nous sommes internationalement et globalement transformés en producteurs de ghettos. Nos appartenances se recroquevillent, notre humanisme devient tribal et «tripal» et notre universalisme est bien étriqué.

Il faut réapprendre à dire « nous » ! Comme je peux dire « je » en m’appartenant, il faut pouvoir dire « nous » en reconnaissant notre commune appartenance. D’aucuns aimeraient que les hommes s’assoient autour d’une table et dialoguent sur la meilleure façon de dire « nous » et de « nous » respecter mutuellement. Il se pourrait pourtant que c’est la méthode elle-même qui empêche le résultat d’advenir. Il en est de même avec le concept d’intégration : le meilleur moyen d’empêcher l’« intégration » de se réaliser est de continuer à en débattre obsessionnellement. Le sentiment d’appartenance ne se décrète jamais dans les salles de réunion, mais il naît dans le quotidien commun, dans les rues, à l’école, face aux défis communs. Faire des théories et des débats sur le « sentiment d’appartenance », c’est le rendre proprement impossible : il s’agit d’un sentiment, on y accède en le vivant, en l’expérimentant. La loi commune nous protège, mais ce sont les causes communes qui nous permettent de nous respecter et de nous aimer (en agissant ensemble « pour » une cause et non pas seulement « contre » une menace). S’engager ensemble pour le respect de la dignité humaine et la sauvegarde de la planète, ou dans la lutte contre la pauvreté, les discriminations, le racisme, ou encore pour la promotion des arts, des sciences, des sports et de la culture dans la responsabilisation et la créativité, c’est le meilleur moyen de développer une convivialité réelle, vécue, effective. Dans la confiance, on cesse d’agresser inutilement son voisin pour le tester et l’on sait par ailleurs prendre une distance intellectuelle critique par rapport à son humour ou ses provocations. On se constitue en sujet, en « je », quand on a découvert le sens de son projet personnel ; on se constitue en « nous », en communauté ou en société, quand on a déterminé un projet collectif commun. Ce n’est pas le dialogue entre les sujets humains qui le plus souvent change leur regard sur l’autre, mais la conscience qu’ils sont sur le même sentier, la même route, avec les mêmes aspirations (ce dont leur interminable dialogue parfois les divertit). Quand la conscience a admis et reconnu la communauté des cheminements, elle a déjà entrouvert une porte du cœur: on a toujours un peu d’amour pour ceux qui partagent nos espérances. « Nous » est au bord des chemins qui mènent aux mêmes fins.

8 Commentaires

  1. Tout à fait d’accord avec vous Mr ramadan moi je vis ce mal , le rejet de ma propre société je suis algérienne , kabyle (berbère) je suis musulmane je porte le voile islamique j’aime ma culture Amazigh , j’aime ma langue maternelle , mais comme la majorité des kabyles trouvent que pour être kabyle un vrai kabyle ou une vraie kabyle il faut détester tout ce qui est arabe il faut détester l’islam il faut s’habiller en mini jupe ne pas jeûner . . .
    Pour eux je suis traître , lâche . . .et je passe
    Comme je suis musulmane je porte le voile donc je suis une fausse kabyle on m’exclue de ma culture , de mon appartenance , de tout ce que je suis , et tout ce que j’aime
    Ça me rappelle la conception zemouriennnne de la France , celle qui n’existe que dans ces fontasmes , vous voyez Mr ramadan cette ségrégation ce racisme existent même dans nos sociétés , (mères ou natives) si les mots sont justes
    Et ceux qui demandent l’autonomie de la kabylie . . .je leurs dis :qu’est ce que vous allez faire de moi , de ces milliers de musulmans et musulmanes qui sont pratiquants et pratiquantes ? Nous envoyer au désert ? Ou nous maitre dans des prisons ? J’ai peur pour mon patrie , c’est ce problème là qui va détruire l’Algérie , c’est notre tour maintenant , le cauchemar continu et les forces obscures , les forces du mal sont en route , elles avancent doucement et sûrement sans répit et nous , notre someil est lourd et sans égal , à quand le réveil ??? J’ai peur

    • Excusez moi madame Haddid, mais ce que vous avez déclarer sur la Kabylie et tous a fait faux pour la simple raison que: si vraiment les kabyles détestent l’islam comment se fait- il la plus part des imams en Algérie venant de la Kabylie? comment se fait-il la Kabylie contienne la plus grande partie en matière des mosquées ma sœur ? je pense qu’il faut changer votre vision, perspective ..
      Et a propos de ceux qui demandent l’autonomie MAK ( Mouvement Autonome Berbère) ils représentent aucun kabyle et a titre d’information le droit d’autonomie est fait parti des droit de l’homme,
      Mais au lieu de dire contre L’autonomie vous devez quand même faire une petite recherche sur la répartition des richesse naturelle du pays ? la part de la Kabylie ? dit moi svp vous vivez ou !!!! vous ne voyez cette différence .
      je suis un Kabyle musulman pratiquant. chose est sure que les Kabyle sont des amont de la liberté et la démocratie et c’est le seul bastion qui reste en Algérie et qui revendique ces droit . il faut dire et reconnaître une chose Dieu merci que cette minorité reste encore en Algérie sinon ….

    • Chère soeur,
      Ce que vous rapportez sur la Kabylie est terrible.
      L’islam n’est pas « arabe » ou « chinois ». Il n’est pas spécifique à un peuple ou à une langue. Dieu a voulu que le dernier rappel du Livre soit envoyé en terres d’Arabie, à son prophète Mohammed. C’est cette même religion dont les hommes avaient reçu le message, la représentation, en d’autres temps auparavant, en d’autres langues d’antan, dont la langue araméenne.
      L’islam est le judaïsme (véritable), et il est également le christianisme (dans sa forme d’origine), et il est la religion d’Abraham. Il est à l’image de la source, et à celle, plus complète, de la fin des révélations. (Entre parenthèses, le temps passant, certains « musulmans » -arabes, perses, autres- ont éloigné l’islam de son sens véritable, tout comme les Juifs ou les Chrétiens avaient transfiguré leurs religion d’origine. Mais ici, nous parlons de l’islam « pur », celui d’Abraham, de Moïse, de tous les prophètes et messagers, de Jésus et de Mohammed).
      Tenez, traduisez le mot islam en son équivalent en langue kabyle, traduisez les mots Dieu, prophète, prière, jeûne, droit des pauvres, pèlerinage etc ; traduisez paix, amour, bon comportement ; traduisez responsabilité individuelle de ses actes, de ses intentions ; traduisez gérance et responsabilité de sa gérance … etc ; traduisez-donc tous ces mots, détachez-les de la langue arabe, faites-les entièrement votre, dans votre propre langue, et propre culture. Ils resteront des mots de la religion de Dieu, la même, la seule, l’unique. C’est la religion de la paix. Ce n’est pas la religion des arabes -d’ailleurs il y a des arabes chrétiens, juifs ou athées, ou autres. C’est la religion de tous.
      Il n’y a de force ni de volonté que par la volonté de Dieu. Et Dieu est grand. Qu’Il vous donne force et courage en ces temps difficiles, qu’Il emplisse votre coeur, chère soeur, de la lumière de la foi, qu’Il vous assure de patience, et guide à Lui tous les croyants ainsi que les non-croyants. Amen.

  2. Le problème dans tout cela est que les Hommes n’ont pas, n’ont jamais eu, et n’auront jamais les mêmes aspirations, à part une seule : accéder au « pouvoir suprême » !
    C’est parce que X en rêve (de ce pouvoir), qu’il voudra assujettir les autres, et ne reculera devant rien pour y arriver : humiliation des autres, rejet, discrimination, exactions… etc. Et Y et Z voudraient faire tout pareil… Et plus il y a de monde (différentes cultures, religions, races, Histoires… etc), plus il y a des motifs de discordes, et de raisons de vouloir en découdre afin d’effacer cette diversité et (re)prendre le contrôle. Combien de fois l’Histoire ne s’est-elle pas répétée, avec ces rois « unificateurs » des peuples ? Se souvient-on du prix payé à chaque fois ? Le « Nous » qui se forme est le « Nous » conquérant, supérieur en force militaire et moyens d’invasion. Il n’y a pas de convivialité dans la jungle.

  3. Bonjour ,

    commentaire hors article .
    J’ai une véritable difficulté de retrouver les anciens articles .
    ex : je ne trouve pas « Nous ? 1/4 »- « Nous ? 2/4 »-« Nous ? 3/4 » ainsi que d’autres articles .

    Que proposez vous ?

  4. Voici un texte que j’avais préparé en mai dernier, s’intitulant les « Immigrés » en vue de sa publication sur ce site (rubrique « Vos contributions »). S’il a été rejeté en tant que contribution « littéraire » ou autre, je voudrais le re-soumettre ici, à toute fin utile.

    Nous avons émigré vers des pays qui nous ont permis de poursuivre nos études, de vivre et faire vivre des familles entières, ou simplement de vivre mieux. Nous avons laissé derrière nous des pays qui peinent à se développer, à sortir de la guerre, de la corruption, de la famine ou d’un tas d’autres fléaux rassemblés.
    Nous avons émigré, nous nous sommes exilés par nécessité vitale, pour défendre nos convictions, ou généralement pour nous assurer des moyens d’existence plus humains.
    Dans cette quête de vie meilleure, nous avons sacrifié tout ce qui nous reliait à nos terres natales : les soirées en famille, les amitiés, les connaissances, les bouts de paysages de la montagne, rue, maison, ou quartier qui nous abritaient, qui nous ont vus grandir, et nous ont accompagnés pendant tout un bout de notre vie.
    Nous avons travaillé, appris de nouvelles langues, tissé de nouveaux liens et fondé des familles. Nous apprécions à leur juste valeur, et peut-être mieux que les habitants plus anciens que nous, la paix, ou le niveau de développement, ou le niveau de vie qu’offrent ces pays d’adoption. Naturellement, si nous voulons que ces éléments appréciés ne se perdent jamais, nous devons y contribuer, y travailler, être actifs, être des bâtisseurs, des inventeurs, … etc. Mais ce n’est pas tout. Nous portons également un regard critique sur les sociétés des pays d’adoption, par effet de comparaison avec la société du pays natal. Nous pouvons identifier les lacunes ou faiblesses de ces sociétés-là, et proposer des solutions, de nouvelles manières de voir et traiter ces sujets.
    Nous sommes des immigrés qui devons participer et participons au progrès et au développement du pays d’accueil. Nous n’avons besoin ni de charité, ni d’assistance, ni de maîtres à penser, ni de représentant d’aucune sorte. Nous avons nos propres convictions, et c’est pour elles, en leurs noms, que nous avons traversé le plus dur, et que l’on se bat encore et toujours.
    Quand nous, immigrés ou descendants d’immigrés de première, deuxième, et énième génération, avons gardé un Dieu dans nos coeurs, une croyance et une langue comme seuls liens avec nos origines, alors nous en sommes fiers, et n’avons pas à en rendre compte, à personne ; parce que ces liens relèvent du domaine du privé, et du droit de tout un chacun de croire à quoi ou en qui il veut, et d’apprendre et transmettre à ses enfants les langues qu’il souhaite. Nous serions juifs, musulmans, athées ou autres, cela n’y changerait rien.
    En Europe, et partout dans le monde, nous avons besoin d’une charte de l’immigrant, que tout immigrant devrait comprendre et signer, et que tout habitant « de souche » devrait également comprendre et signer. Cette charte commencerait par :
    « Tout homme et toute femme a le droit d’exister, de vivre, voyager, s’installer, travailler en Afrique, en Amérique, en Asie, en Australie ou en Europe, et a comme devoir de déclarer ses revenus et de payer ses impôts.
    Tout homme et toute femme a le droit de fonder une famille et d’inscrire ses enfants à l’école de son choix.
    Tout homme et toute femme a le droit de poursuivre ses études dans une école supérieure ou université du pays de son choix.
    Tout homme et toute femme a le droit de poursuivre des formations et stages dans le pays de son choix.
    Tout homme, toute femme et tout enfant a le droit de pratiquer sa religion et de parler sa langue natale (ou ses langues natales) dans son foyer, avec sa famille et/ou avec ses connaissances, et dans les espaces publiques prévus à cet effet.
    Tout homme, toute femme et tout enfant a le droit aux soins de santé.
    Tout enfant de moins de 18 ans a le droit à un foyer, à un minimum de 30 minutes par jour de discussion avec un parent adulte ou un accompagnateur social, à la nourriture, à l’éducation et à une activité physique.
    Tout homme et toute femme de plus de 65 ans ont le droit d’accéder à une famille d’accueil, ou a une aide à domicile, et à un minimum de 30 minutes par jour de discussion avec un parent ou un accompagnateur social, s’il ou si elle le souhaite.
    … »
    Nous pouvons tous contribuer à cette charte, y intégrer nos souhaits, nos espoirs ; nous devons y travailler pour pacifier les rapports entre les immigrés et leurs pays d’adoption, dissiper les malentendus, faire table rase des préjugés et construire un avenir commun, un avenir où nous ne serions plus ces Musulmans d’Europe qui menaceraient tout le système, mais où nous sommes ces Européens musulmans, avec leurs spécificités et leur valeurs à partager.
    Tout comme nous n’aurions jamais dû être ces Juifs d’Europe bannis à travers les siècles, mais des Européens juifs, avec leurs spécificités et leurs valeurs à partager.
    Nous ne sommes pas non plus des Bouddhistes d’Europe, nous sommes des Européens bouddhistes.
    Et nous ne serons jamais des « Athées d’Europe », mais des Européens qui ne croient en aucun dieu.
    De même que nous ne sommes pas des Chrétiens d’Europe, mais des Européens qui se trouvent être chrétiens, nous ne sommes pas des Musulmans ou des Juifs du Maroc, mais des Marocains musulmans ou juifs.
    Et de même que nous ne serions pas des Juifs d’Israël/Palestine, des Musulmans d’Israël/Palestine ou Chrétiens d’Israël/Palestine, mais des Israéliens et des Palestiniens juifs, des Israéliens et des Palestiniens musulmans ou des Israéliens et des Palestiniens chrétiens qui partagent le vivre ensemble au sein du même pays de Palestine-Israël.

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