Porter la foi et vivre l’amour

12
6740

On s’est très vite arrêté en Occident sur l’expression « visible » de la soumission de la femme dans l’univers musulman : le voile, finalement, ne faisait que confirmer ce que déjà l’on savait. Or, la signification du voile, qui est – rappelons-le – une obligation de l’islam mais qui ne peut faire l’objet d’une contrainte, n’est pas « un signe » d’appartenance religieuse. Cette lecture très réductrice agit comme un écran sur la compréhension de l’univers culturel musulman. Il s’agit pourtant de l’expression concrète d’une dimension bien plus fondamentale dans la relation homme-femme : le voile, sur le plan social, c’est la manifestation de la dimension spirituelle et sacrée de l’être. Le regard que l’homme doit baisser, la chevelure que la femme voile, le corps que tous deux doivent protéger et préserver, relèvent d’une foi qui prend sa source dans la pudeur. Exprimer dans notre vie sociale, que nous ne sommes pas un corps, que notre valeur n’est pas dans nos attraits et de nos séductions ; telles sont les règles que la culture musulmane enseigne dans la proximité du sacré. Le Prophète (PBSL) n’a rien fait d’autre que de le rappeler :

« Il y a certes, parmi ce que les gens ont compris des premières prophéties, (ce message) : Si tu n’as pas de pudeur, alors fait ce qu’il te plaît. » Hadîth rapporté par Bukhârî.

L’homme et la femme, dans leur lien avec le Créateur, sont fait pour aimer, pour s’aimer et pour vivre leur sexualité. Cette vie du cœur et du corps les insère dans l’harmonie globale de la création : l’amour, la sexualité et le plaisir ne sont jamais séparés du sens de la vie. Un amour sans respect de l’être ; une sexualité sans amour ; un plaisir alimenté par le seul attrait du désir ou du plaisir sont autant d’expressions de la vie éloignées de la culture islamique et qui témoignent de la rupture avec la spiritualité et la Transcendance.

La vie amoureuse et sexuelle est donc nourrie, orientée et réalisée au sein d’une conception plus globale qui lui donne sens et harmonie. Devant Dieu, en respectant les limites et les équilibres, il est possible et même recommandé de vivre pleinement : le sacré permet la vie, la vie enfante le sacré.

Porter la foi, vivre l’amour, c’est respecter les équilibres et, dans la pudeur, tout accepter de notre constitution. La relation homme-femme participe de cette compréhension profonde. Ils sont égaux, absolument égaux devant Dieu et portent, chacun de la même façon, la responsabilité de leur être devant le Créateur.

12 Commentaires

  1. Bonjour,

    Malheureusement, qu’on le veuille ou non, le voile est devenu une connotation non seulement religieuse mais aussi politique. Disons, à l’occasion les politiciens de tout bord s’en prennent à cœur joie de cette distraction politique.

    Je me permets d’ouvrir une parenthèse sur le voile. À l’époque de notre prophète, les femmes ont bien vécu leur religion sans le voile sur plusieurs années. La description du voile dans le coran lue avec l’âme et es yeux d’une femme est loin d’être définie comme ces différents modèles vus à travers tous les pays musulmans dont certains sont des aberrations. Ma compréhension est sur le fond et non sur la forme. Avoir une tenue descente qui concorde avec le bon comportement. (les versets lus en français)

    Or, la signification du voile, qui est – rappelons-le – une obligation de l’islam mais qui ne peut faire l’objet d’une contrainte…
    Ici, ne met-on pas la femme entre le marteau et l’enclume?

    Pour le reste, je suis fondamentalement d’accord avec vous.

    Mille Mercis pour vos écrits qui sont une source d’apprentissage, de conscience et de compréhension.

    • Salaamun wa rahmatullaahi, wa barakaatuhu,
      Il faut savoir que les versets (aayat) sur le port du voile dit « khimaar » dans le Saint Coran sont arrivés environ 18 ou 19 ans après le début de la révélation. C’est à peu près vers la 6ème année après la migration à Médine. Les gens avaient déjà eu beaucoup de lois islamiques (le halal, le haram etc), mais surtout ils avaient eu le temps d’assimiler les fondements de la foi, de comprendre les vertus de la foi et ses implications dans cette vie et dans celle d’après; les Musulmans ont pu « souscrire » à l’islam au quotidien, ils ont compris sa portée, son rôle dans la protection de la personne, de sa dignité, de ses biens, dans la construction d’une famille et d’une société saines.
      Sourate en-Nour (La lumière) est venue compléter la série de lois islamiques dans ce sens, et de rappeler que l’islam est une question de foi (spiritualité) et d’application de lois dans la société (qui guident les pratiques, comportements, etc). Bref, ceci pour expliquer que, certes les femmes avaient bien vécu presque 20 ans en islam, sans avoir à se soucier du port du khimaar, mais elles savaient déjà que la pudeur était la règle d’or pour les hommes et pour les femmes.
      D’un autre côté, il faut remarquer que cette Sourate est arrivée -historiquement parlant- en réaction aux rumeurs scandaleuses que certains « hypocrites » et gens de peu de foi nourrissaient et déversaient sur le compte de Aïcha la femme du prophète PBSL. En quelque sorte, la recommandation du port du khimaar d’une façon disons plus « enveloppante », nous indique ceci: il y aura toujours des gens de peu de foi qui voudront salir la réputation d’autrui, il faudra s’en prémunir et ne même pas laisser le début d’une opportunité à ce genre d’attaque de prendre forme; la réponse est ferme. Le fait que le khimaar doit être plus explicite, plus visible, veut dire une réponse des plus claires, des plus strictes à toute sorte de rumeurs honteuses, de trames qu’on tisse secrètement pour calomnier untel ou untel. Il est enfin un dispositif de régulation des relations hommes-femmes dans la société: la pudeur est de mise, qu’on ne l’oublie pas. Le khimaar est un voile qui servirait donc à dissuader ou freiner les ardeurs de personnes mal-intentionnées, à protéger la pudeur des filles/femmes et ainsi la foi de tous les croyants. Mais tout ceci est devenu malheureusement purement superficiel. Parce que l’élément essentiel à tout ceci est la foi, et la foi n’y est plus. Qu’allons-nous protéger avec des voiles?
      Parlons maintenant du côté purement pratique de ce fameux khimaar :
      Le khimaar est un voile que portaient les femmes arabes. Il ne devait pas spécialement couvrir tous les cheveux. D’après Aayat 31, Sourate en-Nour, le khimaar doit absolument couvrir la poitrine (et non les cheveux), car c’est la poitrine qui est signe de féminité par excellence, c’est le plus flagrant même sous une tonne de vêtements (alors que le reste du corps est difficilement imaginable sous un djellaba), c’est le premier attrait chez la femme, après le visage. Ne pas (ou peu) couvrir la poitrine est une invitation à accéder à plus d’intimité, c’est clairement vouloir séduire. Remarquez que dans n’importe quelle culture la féminité est soulignée par les courbes de la poitrine et des hanches. Les cheveux ne font pas l’unanimité (chez l’espèce humaine) pour désigner le caractère ou le critère de la féminité, donc cela relève de gouts ou de cultures spécifiques. Cette fixation sur la beauté/l’attrait des femmes qui seraient comme synonymes de cheveux des femmes est complètement délirante. Diriez-vous cela des très belles Africaines qui n’ont presque pas de cheveux sur la tête? Diriez-vous à un Japonais aux longs cheveux jade qu’il est « très belle »?
      Si les femmes arabes portaient déjà le khimaar sur la tête, ou une partie de la tête (avant la révélation de Aayat 31), c’était par pudeur ou par coutume, mais pour elles, s’envelopper complètement la poitrine n’était pas nécessaire, ce n’était pas de coutume. Comment est-ce possible ? couvrir la tête et laisser deviner le haut de la poitrine ou une partie de la poitrine ? et à l’époque du prophète ? Oui, tout est toujours question de convention (‘urf), de code vestimentaire dans la société. Aayat 31 chamboule les codes d’avant: il faut utiliser les khimaar pour bien couvrir la poitrine. Sourate en-Nour commence en disant que cette sourate est justement un amendement, avec des lois claires. La loi est bien claire: couvrir la poitrine, et ne pas montrer ni porter ce qui pourrait séduire. Et le but de tout ceci c’est de protéger la foi! le coeur empli de foi, et la tenue vestimentaire qui le reflète… Sans la foi, porter des armures n’aurait aucun sens et ne servirait strictement à rien. Il faut lire et relire la Sourate en-Nour (avec 66 Aayaat), elle est impressionnante: à son coeur, au centre de cette Sourate, il y a le centre de tout. N’oublions pas le centre, l’essence de toute chose. Ne nous perdons pas dans des futilités (faut-il couvrir le visage aussi? le menton? les cheveux? partiellement ou pas?) cherchons le coeur.

  2. Apres un mariage de raison ( donc pleins de raisons valables de se marier avec lui) j’ai attendu que l’amour vienne. Lui n’a jamais montré le moindre signe d’affection, de chaleur voire d’amour. Ca va faire 10 ans. 10 ans de souffrance car il n’y a jamais eu d’amour de sa part. Alors cet article prend tout son sens pour moi.
    La foi oui, la bonne pratique oui, mais tout ca sans l’amour qu’une femme est en droit d’exiger de son mari, rien ne marche.

    • Chère soeur, ton commentaire m’a affectée. J’entends que tu es en manque de l’amour de ton mari auquel tu as droit très certainement…
      J’encourage à invoquer Dieu afin qu’il mette dans le coeur de ton mari un amour profond pour toi.
      Ne sous-estime pas cela et invoque Dieu car c’est Lui qui tourne les coeurs. Ton mari certainement t’aime mais ne sait peut-être pas te le montrer (cela dépend de son histoire, éducation, etc) alors montre-lui comment t’aimer.
      Et Que Dieu t’aide et mette dans le coeur de ton homme un grannnnnd amour pour toi.
      Nous avons tellement besoin d’affection…

  3. … la femme devient de ce fait suscite un désir transcendant, mysthique lié à la foi. L’amour est légitimé par l’intention saine d’agir sous l’oeil d’Allah.

  4. Le voile est fait pour repousser les délinquants sexuels et les criminels sexuels.
    Déjà victimes de certaines de ces infractions, j’ai bien vu où leur regard se posait en premier.
    Mais par contre, les femmes voilées inspirent le respect et la crainte de la limite.
    On y lit les moeurs, on les craint déjà, subitement comme l’aurait fait un diable face au religieux, devant la femme voilà l’homme qui se dérobe. Et je ne le porte pas mais je l’ai vu, vu de mes yeux.
    Quand un homme porte son regard aussi dans vos yeux et que par suite vous venez à jeter le vôtre dans les siens, non par vulgarité mais par amour, que vous fuyez ces regards insistants, mais que rien n’y fait, votre corps se réveille et il semble alors à la femme qu’elle est aussi fragile que l’homme, que quelque chose pourrait la contrôler si elle se trouvait seule avec lui. Et malheureusement nous n’avons pas les mêmes religions. Alors quand vous pensez à lui, vous pensez à fuir. C’est le triste sentiment de certaines musulmanes à l’égard de non-musulmans.

    Voilà donc le bénéfice du voile bande d’incultes.

  5. Salaamou ‘alaykoum,
    merci pour cet article intéressant.
    Cela m’a rappelé une définition de la pudeur, que j’ai pu lire et que je partage avec vous :
    La pudeur concerne en fait tout musulman, homme ou femme : c’est d’avoir honte qu’Allah nous trouve dans une situation qu’Il nous a interdite.
    Or on a souvent de la pudeur envers autrui (dans notre tenue, dans nos gestes et paroles car on n’oserait pas dire ou faire ce qui blesse ou offense). Mais être pudique devant Allah avant de l’être devant les êtres qu’Il a crée c’est bien plus difficile. Cela demande beaucoup de courage : dire la vérité bien qu’elle soit amère, faire le bien et interdire le blâmable par le geste, la parole, ou au moins la pensée et aussi pour la femme, porter le foulard en ayant compris le pourquoi du comment…
    C’est cette pudeur qui empêche le croyant de désobéir à son Créateur car il L’aime et croit en Lui comme s’il Le voyait (cela rejoint le hadith ci dessus).
    Qu’Allah nous quide pour que l’on puisse atteindre un tel degré de foi !

  6. Le fameux voile écrit en arabe de l’époque trouve sa traduction aussi avec le mot  » rideau ». Les versets du Coran sont pour la plupart contextuels, et celui relatif au voile n’y échappe pas. C’est lors d’une plainte, auprès du prophète, d’un homme qui s’est vu chahuter sur le regard séduit que portaient d’autres hommes sur sa femme au moment où elle faisait le service que celui-ci ne sachant quoi faire s’en est remis au prophète qui dès lors lui conseilla de mettre un voile sur sa poitrine, un rideau entre les femmes et les autres hommes.
    Ce verset a été souvent détourné afin de couvrir totalement les femmes de la tête au pied et d’asseoir ainsi une forme de domination sur elle voir de culpabilisation d’être l’objet de désirs incontrôlables.
    Dans n’importe quelle zone désertique les femmes et hommes portent une protection sur la tête tout simplement pour ne pas avoir les cheveux remplis de sable.
    Le coran se lit surtout sur le fond et non sur une forme au premier degré, c’est bien cela que l’on reproche aux intégristes. Maintes versets font appel à l’intelligence, la raison, le bon sens, le juste milieu. Autant d’outils pour appliquer les préceptes coranique dans le message divin qui invite au juste milieu, à la recherche de cet équilibre entre le l’excès et le trop peu, dans le soucis du respect de la nature même de ce que Dieu a créer sans pour autant la renier et la conjurer. Etre une femme et ne pas être voilée ne fait pas d’elle une mauvaise musulmane c

    • D’accord avec toi Mina.
      Le voile c’est aussi par respect pour les pères.
      Je me souviens un jour d’un homme qui m’a regardé avec insistance devant mon père, si j’avais pu ouvrir le sol pour m’y réfugier et éviter le regard de cet homme je l’aurais fais.
      Le voile on doit le mettre par respect pour nos parents pour ne pas que les hommes à qui l’on plait se permettent de nous regarder avec autant d’insistance.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici