QUAND LES MUSULMANS SE RÉVEILLERONT (2/100 ) 2. Peur du terrorisme ou terrorisme de la peur ?

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QUAND LES MUSULMANS SE RÉVEILLERONT (2/100 )

2. Peur du terrorisme ou terrorisme de la peur ?

 

Depuis 2001, plus de 18 ans aujourd’hui, la menace terroriste a changé nos vies et nos sociétés. Des organisations et des groupuscules ciblent des innocents, tuent et terrorisent en Orient comme en Occident. Les peuples sont sous le choc, les musulmans du monde entier condamnent, et condamnent encore, alors que les gouvernements occidentaux imposent des politiques sécuritaires au nom desquelles tout devient permis : le profilage discriminatoire, la surveillance des citoyens, la restriction de nos libertés, le non respect de nos vies privées, etc. Cette nouvelle réalité touche tous les citoyens, certes, mais les musulmans sont devenus une cible prioritaire puisque la majorité des terroristes dont on parle sont « musulmans »…

La peur s’est installée. Au gré des actions terroristes et des couvertures médiatiques, l’émotion prend le dessus; on plie et on finit par accepter les mesures liberticides imposées par les Etats et les gouvernements. Il devient impossible de penser librement, de penser contre le courant, voire même de penser tout simplement. La peur du terrorisme se traduit en un terrorisme de la peur, une paralysie de l’intelligence, une colonisation émotionnelle des esprits … un terrorisme intellectuel qui, de citoyens libres, nous transforme en « victimes » qui ne savent plus agir avec discernement mais se contentent de « réagir » émotionnellement, et précipitamment.

Les musulmans ont peur. Peur d’être critiqués, peur d’être stigmatisés. Ils ont peur des pouvoirs, peur de l’autorité, peur des gouvernements, peur de la police, peur des medias. Ils ont même peur de leur communauté religieuse, des jugements de leurs coreligionnaires, peurs des exclusions… Tétanisés. On peut bien essayer de le nier, mais malheureusement les preuves quotidiennes de ces peurs paralysantes sont légion. La première exigence est donc de le reconnaître en se rappelant les propos du Prophète (PBDL) : « Le fort n’est pas celui qui renverse son ennemi, mais celui qui se maîtrise quand il est en colère. » Ainsi la sagesse n’est pas de ne jamais être en colère, ou sous le coup d’une émotion, mais de savoir la maîtriser. Dans le même sens, Nelson Mandela disait très justement que le courage ne consiste pas à ne pas avoir peur, mais tient au fait de maîtriser sa peur. L’essentiel est donc la prise de conscience de son état émotionnel et l’éducation personnelle et collective à mieux se maîtriser. Avec patience et sagesse.

Il importe donc aujourd’hui que les musulmans se libèrent du colonialisme des émotions en général, et du terrorisme de la peur en particulier. Les enseignements spirituels de leur religion vont tous dans ce sens : identifier ses émotions, ses pulsions et ses peurs, les analyser et les maîtriser. Ce long travail, quotidien, individuel et collectif, est impératif s’ils veulent cesser d’être dans la seule posture réactive, toujours en retard sur les événements, toujours en train de s’excuser et de condamner ceux qui, en leur nom, détruisent… sans avoir les moyens de se présenter, avec un sens affirmé de leur honneur et de la richesse de leur foi et de leur religion, comme des êtres qui contribuent, partagent et s’engagent à construire l’avenir pour le bien et le meilleur de tous, sans distinction de religions, de couleurs et de cultures.

Il n’y a pas à nier que, dans le monde comme il va, les musulmanes et les musulmans sont victimes de discriminations, de stigmatisations et d’injustices. Il n’y a pas à nier qu’un vent d’islamophobie, traverse tous les continents et même les élites occidentalisées (et certains gouvernements) des pays majoritairement musulmans. C’est un fait. Il y a pourtant loin entre reconnaître que des musulmans sont victimes et le fait d’entretenir un sentiment victimaire nourri par la peur, le déni de soi et la justification de ses démissions. Encore une fois, il est question de maitriser ses peurs, de se remettre à penser librement, de se prendre en charge et de devenir sujets de son histoire et de son avenir. Car enfin la victime qui refuse de se laisser faire n’est plus une victime mais un agent de réforme et de transformation, un souffle d’espérance, la promesse d’un avenir meilleur. L’histoire nous apprend que les changements politiques et sociaux les plus positifs sont le fait de femmes et d’hommes qui, dominés ou victimes d’injustice, ont refusé la fatalité et se sont levés avec courage. Non pas seulement pour défendre leurs droits singuliers mais au nom de l’égale humanité de tous.

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