Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont adopté, les 8 et 9 décembre, un texte intitulé « Council Conclusions Strengthening of the EU bilateral relations with its Mediterranean partners – upgrade with Israel ». Sous l’impulsion de la présidence française, le principe de rehausser les relations entre Israël et l’Union européenne a été accepté. Déjà, avant la tenue du sommet méditerranéen, Paris avait essayé de faire adopter cette mesure, mais avait dû reculer devant la levée de boucliers de certains régimes arabes, notamment l’Egypte (lire « Enquête sur le virage de la diplomatie française », Le Monde diplomatique, juin 2008).
Ce texte a été adopté après de nombreuses discussions. La première version présentée par la France faisait la part belle à Israël et a suscité des réserves chez certains des partenaires — notamment le Royaume-Uni et la Belgique — qui ont demandé un « rééquilibrage » du texte. Un comble, quand on pense qu’il y a quelques années encore, la France était accusée d’être pro-arabe.
Notons aussi que ce texte a été entériné le jour même où l’expert de l’ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens, Richard Falk, demandait la mise en œuvre de « la norme reconnue de la “responsabilité de protéger” une population civile punie collectivement par des politiques qui s’assimilent à un crime contre l’humanité ». Dans le même sens, ajoutait-il, « il semble que c’est le mandat de la Cour pénale internationale d’enquêter sur la situation, et de déterminer si les dirigeants politiques israéliens et les chefs militaires responsables du siège de Gaza doivent être inculpés et poursuivis pour violations du droit pénal international ».
Finalement, le texte adopté par l’Union européenne intègre des références à la politique de voisinage européenne, au Maroc, à la Tunisie, et à presque tous les Etats arabes, références purement formelles qui permettent de faire passer l’essentiel : le point 9, qui affirme la détermination du Conseil à rehausser les relations avec Israël. Il est toutefois souligné que ce rehaussement doit avoir lieu dans le contexte de « nos intérêts communs », qui incluent la résolution du conflit israélo-palestinien sur la base de la coexistence de deux Etats.
Une longue annexe comprend les lignes directrices pour renforcer les structures du dialogue politique avec Israël.
D’abord, la tenue régulière de réunions des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne et d’Israël, un privilège qui n’était accordé jusque-là qu’à quelques grands Etats, Chine, Russie, Inde, etc. La première réunion devrait avoir lieu sous la présidence de la République tchèque, pays qui, selon la formule d’un haut fonctionnaire à Bruxelles, « ne défend pas la politique du gouvernement israélien, mais celle du Likoud ».
Ensuite, la tenue régulière, au moins trois fois par an, de réunions entre ministres des affaires étrangères (ce qui n’est pas nouveau, et existait déjà de facto). De telles réunions sont étendues à d’autres secteurs que les affaires étrangères.
L’invitation régulière de responsables du ministère des affaires étrangères israélien aux comité pour la politique et la sécurité de l’Union. Inviter aussi plus systématiquement des experts israéliens dans les comités travaillant notamment sur le processus de paix, les droits humains, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, etc.
Organiser des consultations informelles plus larges sur les problèmes stratégiques.
Intensifier les échanges sur des points précis, notamment les droits humains et l’antisémitisme.
Encourager Israël à s’associer aux politiques étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne.
Permettre la coopération sur le terrain dans le cadre des politiques de sécurité et de défense commune. Des experts israéliens pourront ainsi participer à des missions extérieures de l’Union, que ce soit en Afrique ou ailleurs.
Dans la mesure où Israël, aux Nations unies, ne peut participer au groupe Asie, l’Union européenne tentera de l’intégrer au groupe Western European and other groups (WEOG), une vieille demande de cet Etat qui lui permettrait d’être élu dans différentes instances, dont le Conseil de sécurité.
Intensifier le dialogue entre le Parlement européen et le parlement israélien.
Ces décisions de l’Union européenne ont été vivement critiquées par l’Autorité palestinienne et par l’Egypte.
Dans un article de Haaretz du 9 décembre, « EU votes to upgrade Israel relations despite Arab lobbying », Barak Ravid rapporte que la semaine précédente, « la ministre des affaires étrangères israélienne Tzipi Livni s’est rendue à Bruxelles pour faire son propre lobbying auprès des ministres des affaires étrangères, et en premier lieu de Bernard Kouchner. A un moment de la rencontre, elle a demandé à le voir en tête à tête et à ce que les autres sortent de la salle. Durant cette conversation, les deux sont tombés d’accord sur le fait qu’il n’y aurait pas de “lien” (linkage) (entre le rehaussement des relations UE-Israël et les négociations de paix), mais que l’Union européenne publierait une déclaration séparée appelant à la poursuite de conversations de paix sur le statut final ».
Même si l’article est un peu à la gloire de Livni et note des « avancées » qui n’en sont pas – les réunions régulières des ministres des affaires étrangères avaient déjà lieu –, le texte est significatif de la victoire israélienne. D’autant plus que Livni a aussi empêché l’adoption d’un texte stratégique d’action qui rappellerait la position de l’Union européenne sur le conflit du Proche-Orient. Ce texte, préparé par la France, a été « retiré ».
On peut noter que toute la stratégie française (et européenne) de rapprochement avec Israël est justifiée par le fait qu’une amélioration des relations permettrait à l’Union européenne et à la France d’influer sur la politique israélienne. Il suffit de voir ce qui se passe à Gaza, l’extension des colonies, les pogroms anti-arabes, pour mesurer le succès de cette stratégie.
En revanche, Israël a subi une importante défaite au Parlement européen (lire « Israël devra attendre », La valise diplomatique, 5 décembre 2008). Ce refus du Parlement européen aura des conséquences concrètes sur un certain nombre de projets de coopération. Notons, pour l’anecdote, que le vote négatif a été provoqué à la fois par le lobbying d’un certain nombre de pays arabes et par l’arrogance et les pressions israéliennes, qui ont suscité le ras-le-bol d’un certain nombre de députés européens.
D’autre part, on lira deux textes intéressants sur le conflit, l’un de Barak Ravid et Anshel Pfeffer dans Haaretz du 4 novembre, « Britain to EU : Clamp down on imports from settlements », qui souligne la manière dont Israël tente d’exporter les produits des colonies vers l’Union européenne ; l’autre, d’Yves Aubin de La Messuzière, publié dans Le Monde (10 décembre) : « Pourquoi l’Europe doit parler au Hamas ».
SOURCE : Les blogs du Diplo
ba dis donc la palestine c’est devenu le centre du monde, dans certaines consciences, ça va devenir une obsession
Le centre du monde depuis très longtemps c est Israël. Il serait peut être temps que la Palestine devienne une réelle obsession, comme vous dites.
israel est le centre du monde dans certaines conscience humaines, dans certains discours de musulmans…
mais l’injustice,la soufrance humaine est ailleurs aussi sur terre; et pas forcement au sud, ou quand on a une certaine couleur de peau, ou une certaine langue, superficialité du regard, selectivié de la résistance, ghafla peut-etre,intimement, et collectivement…
Il est beau de parler d’universalisme, quand on parle de la palestine…universalisme bien étrange, bien pratique, quand il occupe tout l’espace de l’agir internationnal…
Allah ordonne la justice et l’exellence de partout, pas qu’en palestine
Derrière des discours universalistes se trouve parfois des mentalités, enfermées dans une lecture de la justice quand même sélective, bien souvent éveillé que lorsqu’il sagit du sud, et que lorsque israel et l’occident sont sur le banc des accusés, facile, trop facile
Allah est le Rabb de l’orient et de l’occident, à méditer…..
Sortir aussi de cette vision médiathico-politique du mouvement du monde, le monde ne fonctionne pas
par ce canal…
La palestine devrait etre le signe d’une résistance globale contre l’injustice,et non enfermé dans l’exclusité d’elle même…
A moins que l’injustice et le racisme ça soit l’autre, habitude dogmatique, habitude de passion, et la passion mène à la perte ,intimement, et collectivement…
Allahou Malikou Qouddous
AR Rahman….
Mon frère Tariq, ton article se lit beaucoup plus comme un « compte-rendu » que comme une prise de position claire et sans équivoque. S’il est vrai que tu donnes beaucoup plus de détails sur la façon dont l’UE et Israël en sont venus à ce upgrade sous la présidence française mais tu ne dis pas clairement que cette « capitulation » est en soi une honte et un manque de courage pour l’UE mais aussi et particulièrement une pure sournoise de l’état français. I don’t want to put my words in your mouth but i know you more outspoken than you are in this text. Est-ce de la prudence ou tout simplement de l’objectivité? Malgré tout, c’est déjà très courageux de votre part d’écrire cet texte, quant on sait ce que vous a déjà coûté votre sens critique envers quelques intellectuels français prédicateurs d’un universalisme ou la distance critique envers les politiques radicales de l’état israélien est tout simplement une abomination.
Premierement c’est Alain Gresh l’auteur et non T.Ramadan.Deuxiemement Alain Gresh est un journaliste engagé qui écrit objectivement et de manière pertinente.Troisièmement T.Ramadan à toujours denoncé de manière courageuse la politique de cet état voyou qui ne respecte aucune loi.Quatrièmement le titre résume bien le contenu du texte.
Merci de me faire comprendre mon erreur. A force de lire les articles de notre frère Tariq sur ce site, je n’ai pas prêter attention a qui signe le texte. C’est justement la raison pour laquelle je ne sentais pas l’approche critique de notre frère Tariq. Mais ce n’est malgré tout pas la peine de me jeter des chaussures en criant que je l’invective ou que je semble dire qu’il manque de courage.
Désolé ce n’etait pas mon intention.C’est vrai que je me suis un peu emporté.
J’ai bien aimé ton image « …jeter des chaussures… » c’est d’actualité lol
Bonne continuation!
L’article est de Alain Gresh, pourquoi invectiver Mr Ramadan???
A l’unanimité, les 27 ministres européens disent oui à l’Apartheid !
Admirez!
[Admirez->http://quebecogres.info/IMG/bmp/livni_baiser_sarko-2.bmp]
Lien: [http://quebecogres.info/article.php3?id_article=1338->http://quebecogres.info/article.php3?id_article=1338]
Le président de l’Assemblée Générale des Nations Unies appelle à des sanctions contre l’Apartheid israélien
Miguel d’Escoto Brockmann, le Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies, sera-t-il traité d’antisémite pour sa prise de position envers Israël ?
Petit extrait:
Comme je l’ai dit dans ma première allocution à l’Assemblée générale en Septembre dernier, je crois que le fait de ne pas avoir créé d’État palestinien comme il l’avait été promis est le plus grand échec dans l’histoire des Nations Unies. 60 ans se sont passés depuis que 800000 Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et leurs biens, pour devenir des réfugiés et deq personnes déracinées et marginalisées.
Nous ne pouvons pas éviter l’amère ironie que le mois prochain, nous célébrerons le 60e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui consacre le droit à l’autodétermination de ces mêmes personnes. Nous assistons à des décennies de conditions terribles endurées dans l’ensemble du territoire palestinien occupé, et la promesse – le droit – du peuple palestinien à une patrie demeure aussi insaisissable que jamais.
Alors que je parle ici aujourd’hui, près de 1,5 millions de Palestiniens subissent un blocus sans précédent dans la bande de Gaza. Tous les points de passage des frontières dans la bande de Gaza sont fermés, bloquant même la livraison de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les Nations Unies. Le manque de carburant plonge la population dans l’obscurité et le froid, les médicaments de base manquent, la malnutrition est chronique et les mécanismes d’adaptation des gens sont épuisés.
En solidarité, je demande instamment à la communauté internationale d’élever la voix contre cette punition collective du peuple de la bande de Gaza. Nous devons appeler à la fin de ces violations massives des droits de l’homme. Je demande à Israël, la puissance occupante, de permettre sans tarder l’entrée dans la Bande de Gaza de l’aide humanitaire et autre fourniture.
Source: [http://quebecogres.info/article.php3?id_article=1317->http://quebecogres.info/article.php3?id_article=1317]
BONNE NOUVELLE ESPOIR INCHA ALLAH DE VOIR NOS FRERES ET SOEURS DANS UN ETAT PALESTINIEN EN PAIX ET HEUREUX AU MOINS UNE FOIS DANS LEUR VIE. NOS PRIERES SONT POUR EUX QUE LE NOUVEAU PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE DE L’O.N.U RECONNAISSE LA SOUFFRANCE ET LA MISERE QUE VIVENT LES PALESTINIENS. JE LE REMERCIE DE CETTE PREUVE D’HUMANITE ET QUE SON DISCOURD DONNE ENFIN UN NOUVEL AVENIR POUR UN ETAT PALESTINIEN ET UNE NOUVELLE VIE DE BONHEUR.
Je crois que malheureusement Alain Gresh ne nous apprend rien sur le virage de la France…
Pourquoi Israel qui se veut laic mais d’essence historique monothéiste ne conviendrait pas de l’irrecevabilité de départ de coloniser un pays alors même que le monde se pacifiait par le mouvement, ô combien légitime et reconnu unamimement comme tel par l’opinion internationale, d’indépendance dans le texte ? Quel anachronisme que cette acceptation précipitée ! Pourquoi Israel, forte des moyens financiers collossaux d’une diaspora solidaire ou du moins compréhensive de l’élan (pressent induit par les discriminations, en général, puis la shoha, en particulier) de créer un état majoritairement constitué par l’affiliation du patriarche Moise et autres prophètes de l’ancien testament(pour reprendre la terminologie chrétienne), ne chercherait pas à convenir de l’achat des terres du Sinai et de renoncer (pour pacifier cette région et trouver la quiétude nécessaire à un Etat jeune), ainsi, au mode guerrier et injuste de la colonisation adopté dès le départ ? Pouvons nous réalistement espérer une création salubre sur de telles bases affectées ? Salam
Alain Gresh est journaliste et son article est instructif.
Tariq Ramadan fait aussi preuve d’intégrité et d’audace en le publiant sur son site..
Une petite pensée pour le journaliste nus pieds
Que la paix soit avec lui
M. RAMADAN, Permettez moi de m’étonner de votre refus de publier mon précédent commentaire. Celui-ci constatait que la CE n’avait probablement plus aucun intérêt majeur à soutenir la Palestine puisque les médias s’évertuent à imposer une image de terreur des pays musulmans, qu’il serait bon que des carricatures viennent dénoncer cette vision binaire de l’ennemi sarrazin par un Jésus outré par de telles récupérations, entre autres. Pensez vous les lecteurs si peu critiques et fragiles au point de ne pouvoir leurs exposer ce type d’intervention ? Devons nous rappeler que la CE n’est pas constituée majoritairement de parlementaires de gauche dite extrème ? Que le fil conducteur actuel est le libéralisme par défaitisme mais aussi pour une bonne part par confort ? N’est ce pas par un regard direct de la réalité que dess solutions réalistes, adaptées, efficaces et pacifiques se trouvent ? Ne croyez vous pas que les conflits partent souvent d’un refus d’analyse et de clairvoyance ? Bien cordialement, Salam
Il s’agit d’une décision du Conseil Européen, non pas de la commission…
F
[http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/12/20/le-pari-israelien-de-l-union-europeenne_1133431_3218.html#ens_id=1106055->http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/12/20/le-pari-israelien-de-l-union-europeenne_1133431_3218.html#ens_id=1106055]
Une analyse complémentaire du journal Le Monde tout à fait instructive!
F
Analyse
Michel Bôle-Richard
LE MONDE | 20.12.08
LE PARI ISRAELIEN DE L’UNION EUROPEENNE
A l’unanimité, les vingt-sept ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont décidé, le 8 décembre, de renforcer les liens avec Israël.
Pourtant, le 3 décembre, le Parlement européen avait estimé qu’il n’était pas opportun de procéder à un approfondissement des relations avec l’Etat juif et avait lié ce « rehaussement » à l’amélioration de la situation sur le terrain et aux progrès accomplis dans le processus de paix. En cela, les députés européens n’avaient fait qu’appliquer la consigne édictée le 16 juin – date à laquelle ont été lancées les négociations – selon laquelle cette évolution devait s’effectuer « en tenant compte des intérêts des deux parties, et dans le contexte de la résolution du conflit israélo-palestinien », selon les propos tenus à l’époque par Benita Ferrero-Waldner, commissaire européen aux relations extérieures.
Six mois plus tard, bien qu’il n’y ait eu aucune avancée dans le processus de paix et aucune amélioration sur le terrain, les Vingt-Sept ont voté comme un seul homme un rapprochement avec Israël qui va permettre à l’Etat juif d’être associé beaucoup plus étroitement aux travaux et aux décisions de Bruxelles. Les Etats membres n’ont pas entendu les cris d’alarme lancés par le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, qui avait demandé aux Européens d' »attendre avant de relever le niveau de représentation d’Israël à l’UE ». « L’UE, avait-il dit, est un groupement fondé sur des valeurs et des idéaux qui sont incompatibles avec les violations du droit international et des droits de l’homme commis par Israël. » « Le processus politique dans lequel l’UE souhaite être un acteur-clé a pour objectif la création d’un Etat palestinien, avait ajouté M. Fayyad. Comment un tel Etat peut-il voir le jour avec la poursuite de la colonisation ? »
Le 1er décembre, soit juste un an après la conférence d’Annapolis (Maryland) du 27 novembre 2007, le département des négociations de l’Autorité palestinienne a publié un rapport dressant un bilan de la situation. Plutôt éloquent ! Les appels d’offres pour les constructions dans les colonies ont augmenté de 1 678 % depuis Annapolis. Le nombre de permis de construire a été multiplié par plus de trois. Aucune des 110 colonies sauvages n’a été démantelée ? et selon Peace Now, une ONG israélienne qui lutte contre la colonisation, « 125 nouvelles structures dont 30 maisons permanentes » ont été construites. Enfin, 498 Palestiniens ont été tués et 2 148 ont été blessés au cours des onze mois qui ont suivi Annapolis. Tout cela fait dire à Saeb Erekat, principal responsable palestinien des négociations, qu' »Israël a concentré ses efforts pour accroître son contrôle et la colonisation de la Cisjordanie… Israël doit décider s’il veut poursuivre le chemin de la paix et de la sécurité ou s’il veut continuer le conflit à travers la punition collective, la dépossession et la destruction ».
Malgré ce bilan négatif, le Conseil européen a décidé qu’à partir d’avril 2009 Israël gravirait un nouvel échelon dans le cadre de la politique de « voisinage » de l’UE passant du statut d’associé établi en 1995, et entré en vigueur en 2000, à celui de partenaire privilégié qui, souligne le texte, « doit être basé sur des valeurs communes pour les deux parties, particulièrement de démocratie, de respect des droits de l’homme, d’application de la loi et des libertés fondamentales, de bonne gouvernance et de lois humanitaires internationales ». Ce renforcement se traduira par trois réunions annuelles au niveau des ministres des affaires étrangères, une coopération plus étroite en matière de sécurité, un dialogue sur les questions stratégiques, la possibilité d’organiser des sommets de chefs d’Etat et de gouvernements sur des questions spécifiques, une intensification du dialogue ministériel et parlementaire. Ce rapprochement permettra à Israël d’être associé beaucoup plus étroitement au fonctionnement des institutions européennes.
RAPPROCHEMENT SANS CONDITIONS
Afin de faire taire les critiques dans le monde arabe, des hauts responsables européens ont fait valoir que ce rapprochement permettrait à l’UE d’influer sur le cours du processus de paix. L’avenir le dira. Pour le moment, la décision des Vingt-Sept a été considérée comme « un cadeau » à Israël. Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères, y a vu l’aboutissement d’efforts entrepris depuis avril. Selon le quotidien Haaretz, lors d’une visite à Bruxelles avant le Conseil européen, Mme Livni a obtenu de Bernard Kouchner, ministre français des affaires étrangères, qu’il n’y ait aucun lien entre le renforcement des relations avec Israël et les négociations de paix, mais seulement une déclaration parallèle.
D’autre part, le plan d’action concocté par la France permettant de matérialiser certains progrès a été réduit à une simple proposition. M. Kouchner n’a pas démenti ces informations. Il s’est contenté de dire que la décision prise par les ministres des affaires étrangères de l’Union n’avait pas « de signification politique » et que « le rehaussement des relations avec la Palestine allait suivre ». « Ce qui sera plus difficile, a toutefois reconnu M. Kouchner, car les Palestiniens n’ont pas d’Etat. »
La France, qui assure la présidence de l’UE jusqu’à la fin de l’année, avait précisé qu’il n’était pas question d’imposer des conditions à Israël pour pouvoir bénéficier de ce rapprochement. M. Fayyad n’a pas réagi officiellement à cet échec diplomatique. Il a trop besoin de l’aide européenne pour maintenir sous perfusion l’Autorité palestinienne. Mais, officieusement, le premier ministre palestinien n’a pas caché sa déception. Sur le conflit israélo-palestinien, l’Union européenne semble incapable de préserver un juste équilibre entre les deux parties. Elle s’est rangée derrière les Etats-Unis pour imposer des sanctions économiques à l’Autorité palestinienne après la victoire démocratique du Hamas aux élections de janvier 2006. Elle n’a pas su saisir la chance de la constitution d’un gouvernement d’union nationale en avril 2007 pour rattraper son erreur.
L’Europe continue de choisir une politique de petits pas alors que l’urgence est à la porte. Elle continue de se donner bonne conscience en fournissant une aide importante à l’Autorité palestinienne sans rien exiger véritablement des Israéliens en contrepartie, ce qui revient à financer l’occupation. Et si un jour prochain, l’Europe invitait avec plus de fermeté Israël, conformément aux résolutions des Nations unies, de quitter les territoires qui sont occupés désormais depuis plus de quarante et un ans ?
Les hurlements
C’est l’hiver, et tous les jours sont presque morts.
Comme les vieux serments piétinés du siècle.
Deuil, deuil. Colère, colère. Débâcle, débâcle…
Les maisons s’effondrent, les maisons… s’effondrent.
Une plainte s’élève depuis les décombres.
Mortiers, bombardiers, roquettes, éclats d’horreurs:
C’est l’année qu’on achève, c’est Gaza, qui meurt.
… par Alain Gresh
[http://blog.mondediplo.net/2008-12-28-Gaza-choc-et-effroi->http://blog.mondediplo.net/2008-12-28-Gaza-choc-et-effroi]
Et l’infinie et insupportable lenteur de la « communauté internationale »…
Que pourra l’Europe après avoir « rehaussé » ses relations avec Israël?
F
Gaza, « choc et effroi »
lundi 29 décembre 2008 – par Alain Gresh
Samedi 27 décembre, l’aviation israélienne a mené des raids meurtriers contre Gaza. Selon les autorités israéliennes, les lieux visés étaient des centres de commandement du Hamas et de ses forces armées. Le bilan de cette journée s’élève à plus de 270 morts et plusieurs centaines de blessés. De nombreux civils ont été touchés, comme le rapporte le correspondant du New York Times à Gaza, Taghreed El-Khodary (« Israeli Attack Kills Scores Across Gaza ») :
« A l’hôpital de Shifa, de nombreux corps gisaient devant la morgue, attendant que leur famille vienne les identifier. Beaucoup étaient démembrés. A l’intérieur, la famille d’un bébé de cinq mois qui avait été grièvement blessé à la tête par un éclat d’obus. Débordé, le personnel de l’hôpital semblait incapable de fournir une aide. A la station de police de Gaza, au moins quinze agents de la circulation qui s’entraînaient ont été tués sur le coup. Tamer Kahrouf, 24 ans, un civil qui travaillait sur un site de construction à Jabaliya, dans le nord de Gaza, explique que ses deux frères et son oncle ont été tués sous ses yeux quand l’aviation israélienne a bombardé un poste de sécurité aux alentours. Kahrouf est blessé et saigne de la tête. »
Victime depuis plusieurs semaines d’un blocus total, Gaza (et ses médecins bien sûr) est dans l’impossibilité de soigner les blessés dans des conditions normales.
Le site Free Gaza a recueilli de nombreux témoignages d’étrangers et de Palestiniens sur place qui donnent une idée de l’ampleur des attaques.
Le Hamas a riposté en tirant plusieurs dizaines de roquettes sur Israël. Un Israélien a été tué et plusieurs ont été blessés à Netivot et Ashkelon.
Le dimanche 28 au matin, les agences de presse annonçaient que l’armée israélienne massait ses troupes terrestres autour de Gaza. Les bombardements avaient repris, les raids israéliens ayant cette fois touché notamment une mosquée et une station de télévision. Selon le ministre de la défense Ehoud Barack, il ne saurait être question d’un cessez-le-feu : « Il faut changer les règles du jeu » (« Israel resumes Gaza bombardment », Al Jazeera English, 28 décembre).
Vendredi, Israël avait de manière exceptionnelle rouvert brièvement trois points de passage et laissé passer plusieurs dizaines de camions. Selon un commentateur israélien qui défend le point de vue de son gouvernement, cette ouverture faisait partie d’actes de « diversion et de camouflage mis en place par le gouvernement ces derniers jours » pour prendre le Hamas par surprise. Le choix d’un jour de shabbat aussi. Le même commentateur, Ron Ben-Yishal, explique le 27 décembre sur le site Ynet la stratégie israélienne : « Shock Tretment in Gaza ».
« Ce qui a commencé à Gaza samedi matin est apparemment une action limitée visant à obtenir un cessez-le-feu à long terme entre le Hamas et Israël selon des termes favorables à Israël. Ces termes comprendraient la fin des attaques au mortier et à la roquette ; la fin des attaques terroristes à travers la frontière de Gaza ; des négociations sérieuses pour la libération de Gilad Shalit ; et un arrêt du renforcement militaire du Hamas.
Le moyen pour garantir les objectifs mentionnés est, littéralement, un “traitement de choc”. Ainsi, le Hamas ne sera plus capable d’être à l’initiative, et c’est Israël qui prendra l’initiative et montrera au Hamas qu’il répondra de manière “disproportionnée” chaque fois que les résidents du Negev occidental seront frappés. A ce stade, nous ne parlons pas de renverser le régime du Hamas, mais plutôt de formuler de nouvelles règles du jeu et d’un effort pour pousser le Hamas à accepter un nouveau cessez-le-feu. »
Sur le site en ligne du quotidien Haaretz, Amos Harel signe un commentaire intitulé « IAF strike on Gaza is Israel’s version of ’shock and awe’ ».
« Les événements le long du front sud qui ont commencé à 11h30 samedi matin ressemblent fort à une guerre entre Israël et le Hamas. Il est difficile de dire où (géographiquement) et pour combien de temps la violence va se poursuivre avant une intervention de la communauté internationale pour l’arrêt des hostilités. Toutefois, la salve d’ouverture israélienne n’est pas une opération “chirurgicale” ou une frappe limitée. C’est l’assaut le plus violent sur Gaza depuis que ce territoire a été conquis en 1967. »
Cette offensive se place aussi dans le cadre, si l’on peut dire, de la campagne électorale israélienne. Des élections générales auront lieu le 10 février 2009 et chacun des candidats fait de la surenchère. Même le parti de gauche Meretz a appelé, avant le déclenchement de l’attaque israélienne, à une action de l’armée [1].
En revanche, Gush Shalom, l’organisation d’Uri Avnery, a fermement condamné l’action israélienne et les soi-disant partisans de la paix, comme Amos Oz, qui la soutiennent. Rappelons qu’en février 1996, le premier ministre d’alors, Shimon Pérès, avait lancé une offensive contre le Liban (« Raisins de la colère ») – restée célèbre pour le massacre de Cana, une centaine de réfugiés libanais tués – dans l’espoir de gagner les élections qui se préparaient. Résultat : Benyamin Netanyahou avait remporté le scrutin et était devenu premier ministre. Samedi soir, un millier de personnes ont manifesté à Tel-Aviv contre les attaques israéliennes.
Il est intéressant de noter que les commentateurs israéliens, comme la plupart des commentateurs de la presse occidentale, omettent de signaler la raison la plus importante de l’échec du cessez-le-feu de six mois, qui a duré du 19 juin au 19 décembre. Comme nous l’a confirmé Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas la semaine dernière, l’accord comprenait, outre le cessez-le-feu, la levée du blocus de Gaza et un engagement de l’Egypte d’ouvrir le passage de Rafah. Or, non seulement Israël a violé l’accord de cessez-le-feu en lançant une attaque qui a tué plusieurs personnes le 4 novembre, mais les points de passage n’ont été rouverts que très partiellement, et le blocus s’est même renforcé ces dernières semaines.
La population, qui était largement favorable à l’accord en juin, exige aujourd’hui une clarification : ou la guerre, ou l’ouverture inconditionnelle des points de passage et l’arrêt du chantage permanent qui permet à Israël d’affamer à petit feu (et de priver de soins) la population. Celle-ci ne s’y trompe pas, qui accuse Israël, ainsi que le rapporte le site d’Al-Jazeera en anglais : « Gazans : Israel violated the truce » (Mohammed Ali).
Le président Nicolas Sarkozy a réagi par un communiqué. « Le président de la République exprime sa plus vive préoccupation devant l’escalade de la violence dans le sud d’Israël et dans la bande de Gaza. Il condamne fermement les provocations irresponsables qui ont conduit à cette situation, ainsi que l’usage disproportionné de la force. Le président de la République déplore les importantes pertes civiles et exprime ses condoléances aux victimes innocentes et à leurs familles. Il demande l’arrêt immédiat des tirs de roquettes sur Israël ainsi que des bombardements israéliens sur Gaza, et il appelle les parties à la retenue. Il rappelle qu’il n’existe pas de solution militaire à Gaza et demande l’instauration d’une trêve durable. »
Dans un communiqué publié à la suite de son entretien avec Aboul Gheit, ministre égyptien des affaires étrangères, Bernard Kouchner a réitéré les mêmes positions, ajoutant toutefois que la France demandait « la réouverture des points de passage », un point ignoré par M. Sarkozy.
La sénatrice Nathalie Goulet, membre de l’UMP, membre de la commisssion des affaires étrangères, a publié la déclaration suivante : « Comme toujours, Israël fait un usage excessif de la force dans l’indifférence de la communauté internationale, qui laisse se dégrader la situation à Gaza depuis des mois et des mois. Il ne faut blâmer ni l’Iran ni le Hamas, mais l’inertie de la communauté internationale, le soutien sans faille de la politique américaine à Israël et l’intolérable “double standard” des organisations internationales. Israël viole depuis quarante ans des dizaines de résolutions onusiennes, sans embargo, sans sanctions et en toute impunité.
La situation est insupportable pour les habitants civils de Gaza depuis des années. La situation n’a fait que se dégrader, avec son cortège d’humiliations et une soif de vengeance. Œil pour œil rendra le monde aveugle, disait Gandhi. Cela fait trop, trop longtemps que nous sommes aveugles et sourds aux souffrances du peuple palestinien. »
Les attaques ont aussi suscité les habituelles condamnations des pays arabes. Une réunion urgente de la Ligue arabe devrait avoir lieu dimanche. L’Egypte a déclaré qu’elle tenait Israël pour responsable ; cette affirmation est peut-être une réponse à des informations de la presse israélienne affirmant que Le Caire aurait donné son feu vert à une opération limitée à Gaza visant à renverser le Hamas (« Report : Egypt won’t object to short IDF offensive in Gaza », par Avi Issacharoff, Haaretz, 25 décembre).
Un autre article de Haaretz publié le 28 décembre, et qui décrit la campagne de désinformation du gouvernement israélien avant l’offensive contre Gaza, explique que Mme Livni, la ministre des affaires étrangères, avait informé le président Moubarak de l’attaque (« Disinformation, secrecy and lies : How the Gaza offensive came about », par Barak Ravid). La complicité du Caire est confirmée par un rapport de Y-net, « Egypt lays blame on Hamas », par Yitzhak Benhorin (27 décembre), qui reprend les déclarations du ministre égyptien des affaires étrangères Aboul Gheit, expliquant que son gouvernement avait prévenu le Hamas et que ceux qui n’avaient pas écouté ces mises en garde portaient la responsabilité de la situation (sur les raisons de la politique égyptienne, lire sur ce blog l’entretien avec Khaled Mechaal).
Dans ces conditions, il est douteux que ces condamnations arabes aboutissent à des résultats. La seule initiative spectaculaire et efficace que Le Caire pourrait prendre serait de rouvrir le point de passage de Rafah, ce qu’elle ne veut faire à aucun prix – pour l’instant, elle s’est contentée d’ouvrir le passage aux blessés palestiniens. Et, selon l’agence de presse Maan, aucun blessé ne s’est présenté, les médecins palestiniens affirmant que le transport des blessés graves est impossible, à moins que l’Egypte n’envoie des hélicoptères (« Not one Gazan at Rafah crossing despite Egyptian promise to treat wounded, country to send medical supplies instead », 27 décembre).
Au-delà du blocus, il faut rappeler que :
le refus de la communauté internationale de reconnaître le résultat des élections législatives de janvier 2006, qui ont vu la victoire des candidats du Hamas, a contribué à l’escalade israélienne ; ainsi que le refus d’entériner réellement l’accord de la Mecque entre le Fatah et le Hamas ;
l’Union européenne et la France en particulier, quelles que soient leurs prises de position, encouragent concrètement la politique israélienne, notamment en récompensant Israël par le rehaussement des relations entre Israël et l’Union européenne, malgré les violations répétées par Israël de tous ses engagements (diminution du nombre de check-points, démantèlement des colonies « illégales », etc.)
enfin, rappelons cette vérité d’évidence trop souvent occultée : la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est sont maintenant occupés depuis plus de quarante ans. C’est cette occupation qui est la source de toutes les violences au Proche-Orient.
Notes
[1] « Leftist Meretz issues rare call for military action against Hamas », par Roni Singer-Heruti, Haaretz, 25 décembre.
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Je me pose une seule question comment peut on laisser mourir un peuple en l’occurence en 2009 apres toutes les horreurs des guerres precedentes.Comment peut on laisser croire que les torts sont partagés entre israeliens et palestiniens alors que tout ceci est le resultat d’une spoliation des terres palestiniennes par les les sionistes israeliens.Comment ne pas rentrer dans la resistance apres tant de mepris de la part de la communauté internationale qui tente de se racheter des massacres de juifs par le regime nazi .Non le peuple n’est en rien responsable et complice des crimes commis par les nazis sur le peuple juifs.Comment ceux ci peuvent ils faire endurer de telles souffrances a un peuple apres en avoir subis autant,y’aurait il une echelle de la mort de la souffrance.C’est vraiment désolant de voir que plus de 80% de la population israelienne soutiennent ces cette guerre barbare que mene l’armee nazi israelienne sur des femmes,enfants jeunes et vieillards.La seule lueur d’espoir ceux sont ces israeliens epris de justice et qui ne se font pas manipuler par ce regime sanguinaire israelien.Malheureusement ils sont boycotté volontairement.Le livre d’histoire d’israel est ecrit du sang des palestiniens et ceci pour l’eternite.Que dieu benisse le peuple pâlestinien et qu’il devienne le peuple elu.Peut etre l’est il deja???
j’apprécie beaucoup Mr.GRESH qui n’hésite pas à dire la verité à haute voix dans une société où on est condamné à vie si on dénonce le terrorisme d’Israel et l’hypocrisie des états qui le soutiennent.