« La position prise dans le texte est celle de son auteur et pas forcément celle du site qui l’accueille et la publie »
L’immigration est un thème qui fait couler beaucoup d’encre. En France, elle est l’objet de vives querelles entre ceux qui disent qu’elle porte préjudice à notre pays, surtout en ces temps difficiles, et ceux qui aiment à rappeler les bienfaits de celle-ci et ce qu’elle a pu apporter à la construction de notre nation.
Mais qu’en est-il réellement ?
12 millions ! C’est le nombre d’immigrés et de descendants directs d’immigrés en France d’après les chiffres de l’INSEE, soit 19% de la population (dont 5,4 millions d’origine européenne et 3,6 millions d’origine maghrébine).
Cependant les chiffres et les statistiques ne suffisent pas, car la définition même du mot « immigré » (ou « immigration ») n’est pas claire pour tout le monde et surtout, n’est pas unique.
Pour l’ONU, un immigré est une personne née dans un autre pays que celui où elle réside.
Alors que pour l’INSEE, un immigré est une personne née étrangère, à l’étranger et entrée en France en cette qualité, en vue de s’établir sur le territoire français de façon durable.
Pour cette dernière définition, les personnes nées françaises à l’étranger (ou dans un territoire alors français comme les anciennes colonies) ne sont pas immigrées. C’est pourquoi en 2010, les Nations Unies estiment que 11,1 % des habitants sont immigrés en France, tandis que l’INSEE n’en trouve que 8 %.
L’INSEE définit un étranger par le fait d’une personne qui réside en France et qui ne possède pas la nationalité française.
Une autre question se pose quant à la question des enfants d’immigrés.
Comment les nommer ? Quel est leur statut vis-à-vis de leurs parents et de leur pays ?
Pouvons-nous les dissocier des français de souche ? Sont-ils des français de branche ?
La réalité est qu’il faudrait définir ces mots pour être plus précis mais surtout, pour savoir si on peut les utiliser ou non.
Car la réalité de notre pays est qu’un français de souche est juste un français de plus longue date, (il suffira à chacun de regarder de plus près son arbre généalogique pour s’en rendre compte).
Le débat est ouvert !
N’oublions pas les vérités établies au sujet de l’immigration à force de débats télévisés et de théories en tout genres.
Tout cela a contribué à créer un fantasme autour de soi-disant vagues d’immigrations sans précédent, alors que les chiffres de l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques) montre que depuis trente ans, l’immigration a certes augmenté, mais pas de manière aussi spectaculaire que l’on veut bien nous le faire croire. De plus, l’information en continu et les conflits auxquels elle s’intéresse (et qui est la raison pour laquelle beaucoup fuient leur pays pour se réfugier ailleurs) donne l’impression d’un flux massif d’étrangers venant s’installer sur le sol européen, ceci est à prendre avec du recul et à relativiser, même si c’est une réalité. D’ailleurs, le nombre d’étrangers en situation irrégulière est stable depuis trois ans lui aussi en Europe. Aussi, la France accueille moins d’étrangers que ses voisins anglais, allemands ou encore italiens, elle se situe à la 80ème place pour l’immigration. Pour terminer, d’après une source du Ministère de l’ intérieur, on accorde en France, de moins en moins facilement la nationalité aux étrangers.
On pourrait continuer avec le RSA qui n’est accordé qu’au bout de cinq ans de résidence sur le sol français ou encore, avec le fait que l’immigration rapporte des milliards de bénéfices à l’Etat (il est très facile de trouver ces statistiques sur le net).
Enfin, n’oublions pas les ravages que font les amalgames notamment avec l’islam qui serait intrinsèquement lié au désastre des flux migratoires, comme pour signifier que l’islam est extérieur à la France et même à l’Europe, ce qui est totalement faux.
Mais alors quel est le problème avec les étrangers ?
« La position prise dans le texte est celle de son auteur et pas forcément celle du site qui l’accueille et la publie »
L’un des sujets de prédilection des médias est l’immigration et son cortège de menaces à la sécurité nationale, au niveau de vie des Français, aux valeurs sacralisées de démocratie et de laïcité.
A chaque fois que des enjeux politico-économiques sont sur la table, que les Français ont l’occasion de revendiquer un smic un peu plus élevé, des impôts équitables entre riches et pauvres, ou n’importe quel droit légitime (contre des aberrations comme « travailler plus pour gagner plus », travailler au delà de 65 ans, des semaines de plus 38 heures, des CDD mal payés, la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux…), on re-sort les bons vieux sujets de débat. On détourne l’attention, on laisse les gens en discuter en long et en large, et les vrais problèmes de société restent là, dorment, jusqu’à la « prochaine nouvelles crise ». La crise est pourtant là, et elle sera là tant que ces problèmes ne seront pas sérieusement examinés et résolus. La crise couve, elle est là tout le temps, mais on la masque, on la maquille puis on la met sous les projecteurs : elle est pendue aux bras d’immigrés, ou cachée sous un voile porté à l’école, elle habite chez des musulmans « mal intégrés », ou elle complote avec des terroristes musulmans violents, ou encore avec les Noirs ou les Arabes des cités… Elle est associées à ce que vous voudrez, ce qui vous chante, mais pas aux sources réelles des problèmes des Français, qui demandent une meilleure gouvernance, une justice sociale, une présence courageuse sur la scène internationale… Une France des Lumières, et non de lâchetés, lâcheté et connivence des médias, des politiciens et des puissances industrielles.
Mais : le public, le consommateur, le client, doit arrêter d’avaler tout ce que les médias lui servent matin et soir. Le consommateur a ce pouvoir qu’il n’utilise pas, celui de ne pas consommer n’importe quoi. Les gens de la rue, dans les universités, les écoles, les théâtres, les usines, les bureaux… tous doivent arrêter de faire semblant de ne rien voir à chaque fois. Pour chacun, la question qui devrait se poser n’est pas « quel est le problème avec les étrangers ? » mais « quel est mon problème ? ». Ce n’est pas « Immigration: le malheur de la France ? » mais plutôt « Quels sont les (vrais) malheurs de la France ? ». Sinon, nous jouons aux mêmes jeux que les partis d’extrême droite.