Parler d’Amour… Toi

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Nous manquons d’amour, c’est certain. Nous semblons ne pas en avoir assez à donner et ne jamais en recevoir assez. Cela devrait nous convaincre que les effusions d’émotions ne sont pas toujours des effusions d’amour. La clef est ailleurs : revenir à soi, nous l’avons dit, et s’accompagner et s’éduquer afin d’apprendre, de mûrir et de donner corps et substance à son être. S’écouter, plutôt que se voir, et s’aliéner, dans le regard de l’autre. L’époque de l’image provoque de profonds mal-être : l’imposition d’un modèle de beauté, une oppression de l’apparence et un regard sur soi biaisé, « médiatisé », bon gré mal gré. L’époque est cruelle et les malaises douloureux. Dans toutes les sociétés, de plus en plus, et sans exception.

On remarquera que les anciennes traditions spirituelles d’Orient et d’Occident orientent systématiquement la conscience humaine vers la Nature. Elle est une école, elle est une initiation. Les éléments sont là, nous entourent depuis notre enfance et dans l’habitude. L’éveil de la spiritualité consiste à les regarder différemment, à voir en eux des signes, des célébrations et des concerts de chants, de louanges et de prières à l’ordre cosmique, à l’archétype universel, aux dieux ou à l’Unique. Cette conversion du regard est une conversion du cœur, le passage de l’état de celui qui observe à l’état de celui qui aime. La capacité à connaître, à reconnaître et à s’émerveiller provient du profond de l’intériorité, du « soi », de la conscience ou du cœur : elle exige une prise de distance avec le regard « immédiat », une disposition de l’intelligence et du cœur, un désir de proximité et souvent de sens. Alors l’ancien, l’habituel, devient nouveau. On y voit d’autres choses, que l’on avait ignorées, pas vues, pas notées…tout à fait négligées. Les éléments se révèlent à nous dans l’exacte mesure où nous nous révélons à nous-mêmes, où notre regard s’approfondit, se transforme et se densifie. Plus d’intelligence de cœur, de discernement spirituel, d’horizon imaginaire… plus d’amour. Si l’époque du progrès effréné et de la vitesse nous pousse à sortir de l’ennui en nous offrant toujours du nouveau, dans la surenchère des « nouveaux produits » et le consumérisme aveugle, les spiritualités, les philosophies, les religions et les arts nous appellent et nous invitent à mieux observer l’ancien, à trouver ce qu’il y a de perpétuellement nouveau en lui car jamais deux fois nous ne l’observons de la même manière, pour paraphraser la formule d’Héraclite. Il s’agit de discerner l’extraordinaire dans le plus habituel et le plus ordinaire : la Nature, le ciel, les éléments, notre environnement, notre entourage le plus commun. Changer de regard.

Les traditions les plus anciennes nous invitent à cette conversion intérieure, elle est l’étape initiale de tous les enseignements spirituels. Les spiritualités traditionnelles africaines (que l’on appelle trop vite et très approximativement « animistes ») ou amérindiennes font écho aux enseignements hindouistes et bouddhiques de même qu’aux révélations des monothéismes : la métaphysique habite le physique, l’extraordinaire se cache dans l’ordinaire, le sacré hante le profane et le sens se terre dans l’essence des éléments. Dans un texte parlant des traditions celtiques, Tissages (Weavings), Esther de Waal remarque qu’à notre époque de la technologie nous sommes capables « de voir plus » alors que nous voyons « moins ». L’étendue est inversement proportionnelle à la profondeur : les spiritualités celtiques, relève-t-elle, intègrent Dieu, le sacré, et l’extraordinaire dans le quotidien très ordinaire. Le poète anglais William Blake exprime la même intuition, recherche la même révolution du regard lorsqu’il écrit ces vers : « Voir un univers dans un grain de sable / Un firmament dans une fleur / Tenir l’infini au creux de sa main / Et l’éternité dans une heure ». Ce fut également la révélation du poète français Baudelaire : les Fleurs du Mal avaient déjà à voir avec le regard mais c’est entre ce recueil et les Petits Poèmes en Prose qu’il réalise que le poète doit chercher à extraire l’extraordinaire de l’ordinaire. L’alchimiste du verbe, qui « de chaque chose extrait la quintessence » et « de la boue » fait « de l’or », doit changer son regard : le Beau est dans le commun pour qui a une vue hors du commun. Rainer Maria Rilke répétera ces mêmes vérités de la spiritualité et de l’art : apprendre à regarder est une des façons d’apprendre à aimer. Ou peut-être est-ce le contraire : apprendre à aimer nous apprend à mieux regarder. Ou peut-être est-ce les deux, ensemble, contradictoirement, en tension et en harmonie. Eluard affirmait qu’il fallait aimer pour comprendre mais cette vérité ne peut exclure qu’il faille comprendre pour aimer. En amour, la logique d’Aristote était sans doute incomplète ou relative : deux thèses opposées peuvent être vraies, au même moment, et pour la même personne.

C’est avec ce regard de l’intérieur qu’il conviendrait d’observer les femmes et les hommes qui nous entourent. Apprendre à aimer, apprendre à regarder. Apprendre à regarder, apprendre à aimer. Au-delà des apparences, des rôles et des fonctions, s’imprégner des horizons intérieurs de ceux que l’on aime par habitude, par pulsions ou au détour d’un désir subit. Retrouver les chemins de l’émerveillement et s’efforcer de discerner l’original, l’extraordinaire, le nouveau non pas « au fond de l’inconnu » ou dans « le dernier modèle » mais dans le connu le plus naturellement exposé devant soi. Transformer la présence des êtres en paysage à découvrir encore et encore et les éléments qui les constituent en signes. Non pas multiplier la quantité mais densifier la qualité : il s’agit de l’exact opposé du consumérisme en amour, comme en amitié, comme dans son rapport au progrès technique. Un autre regard sur soi, un autre regard sur toi. Observer sa mère, son père, ses enfants, sa famille, son entourage plus large avec cette attention particulière de l’amour qui cherche l’extraordinaire miracle de la présence, le don du cœur, la singularité du « toi ». Dire « merci » à Dieu, au Cosmos, à la Nature et à « cet autre » qui nous ont fait, dans leur miroir, avec leur présence, à travers leur regard. Regarder, aimer, remercier … aimer, regarder, remercier… remercier, aimer, regarder…etc. Infinies combinaisons de l’amour.

« Toi », tu ne ressembles à personne. Mon cœur le sait, mon regard te le prouve. L’amour a besoin de preuves, tous les cœurs le savent. Apprendre à mieux aimer ceux que l’on aime est un exercice spirituel constant. Les psychologies modernes ne cessent de revenir à ces vérités premières que les premières spiritualités du monde nous avaient transmises déjà. « L’amour est à réinventer » disait le poète dans sa fougue et sa déception d’adolescent mais peut-être s’agit-il plus simplement d’avoir à le redécouvrir. Prendre du temps, de la distance, méditer, évaluer et se mettre en route : l’amour ressemble à la quête spirituelle parce qu’il est une quête de sens et de bien-être. Il appartient à chacun de découvrir l’extraordinaire qui se cache au cœur des présences si ordinaires de notre quotidien. Un trait de caractère, une émotion, un sourire, une expression, un regard, un sentiment, une blessure, un silence, une absence : tout parle à qui sait entendre. Entendre sans juger, ou plutôt juger qu’il n’y a rien à juger. Juger est humain, juger c’est aussi aimer, suspendre son jugement c’est mieux aimer… et aimer, malgré les jugements, c’est aimer vraiment.

(Extrait de L’Autre en Nous, Pour une philosophie du pluralisme, Presses du Châtelet, 2009)

71 Commentaires

  1. Waou !!!!! j’ai pas trouvé d’autres mots à part waouuu et soubhanallah

    Merci pour ce texte frère Tariq, merci pour avoir mis par écrit ce qu’il m’arrive de penser de temps en temps :
    j’ai 24 ans et je me rends compte de ce sentiment parfois :
    (elhamdoulillah) le fait qu’on a toujours à apprendre des personnes avec lesquelles on vit, parce que parfois on est tellement pris par la vie de tous les jours qu’on en oublie parfois d’aimer, de chercher en l’autre ce qu’il a toujours eu mais qu’on n’a pas encore découvert ou qu’on a oublié, pour faire vivre l’amour et pour que cet amour nous fasse vivre (ah, votre façon d’écrire m’influence haha), nous fasse vivre une vie de qualité et non une vie absente d’interrogations, de spiritualité et d’amour : ce souffle d’amour qui nous rend tellement fort, si fort mais qui n’est pas gratuit et qui est peut-être l’une des choses les plus difficles à gagner. A chacun de nous de chercher et de trouver cet amour. Un défit énorme qui s’il était pris au sérieux règlerait beaucoup de problèmes au sein de la famille, de la communauté, de la société et de l’humanité toute entière.

    Merci pour ce rappel. Baraka allahou fik ya akhi. 😉

    • Salam Walikoum,

      beau texte à part ce passage « …aux dieux ou à l’Unique » pourquoi ne pas dire au Dieu Unique au lieu de « aux dieux »
      bref je n’ai pas compris l’interêt de ce passage surtout pour un musulman qui croit à l’unicité de Seigneur.

    • Justement parce que le texte s’adresse à tout le monde et pas seulement aux musulmans.
      Et puis surtout ça doit avoir un rapport avec la philosophie : ça ne veut pas dire que c’est contraire à l’islam mais seulement c’est un texte qui fait réfléchir comme tous les textes de Tariq Ramadan.
      Encore un exemple de pourquoi on l’accuse toujours de pleins de choses qui sont fauses : parce qu’on ne sait pas lire. C’est ça la triste réalité. Quand on lit du Tariq Ramadan Il faut lire chaque lettre, si tu enlèves une lettre ça porte à confusion.
      Par pitié apprenons juste à lire !!! S’il vous plaît surtout je ne comprends vraiment pas comment on peut critiquer de façon négative Tariq Ramadan : c’est tellement clair, tellement juste, précis et beau quand il écrit.
      C’est un don d’Allah qu’il nous fait partager.
      Il ne faut pas oublié qu’il a un certain niveau en français très élevé donc par pitié : apprenons à lire !
      kheir incha allah

      Bon courage Tariq : qu’Allah t’aide, du fond du coeur

    • De même je ne sais pas si tu as remarqué Hassan mais Tariq Ramadan à mis une majuscule à « l’Unique » mais pas à « dieux », c’est qu’il fait bien la différence. Donc je disais que la compréhension des textes de Tariq se jouent à une lettre près mais elle se joue en fait à une majuscule près : comme quoi il faut tout analyser. Bienvenue dans l’univers de Tariq Ramadan : c’est à chaque fois un véritable voyage, que ce soit pour les livres ou les conférences.

      Qu’Allah nous facilite le chemin qui mène vers le savoir et le chemin qui mène à lui. Amine ya rab el’alamin.

    • Merci T.Ramadan

      Très bel extrait que je trouve comblé d’amour, de sincérité et d’idées vraies.

      A travers vos livres, vous nous aidez à nous familiariser avec la paix et la sérénité dans notre coeur, dans notre famille, dans notre entourage exterieur, dans notre vie, au quotidien …

      Que Dieu vous bénisse et qu’Il bénisse votre travail. Amine.

  2. salam

    Tariq ne parle que d’amour, jamais j’ai lu ou entendu Tariq sans qu’il parle d’amour.

    dans le livre « entre l’homme et son cœur » rien que de l’amour, amour de Dieu et amour des hommes…

    d’ailleurs voici un lien très intéressant pour Alexandre Jardin:
    http://www.agoravox.tv/forum.php3?id_article=23752

    Que ton amour Tariq te protège et protège les tiens.

    • merci pour le lien j’ai trouvé cela très beau, j’ai hâte que l’on soit le 30 octobre où professeur Tariq Ramadan nous parlera de la centralité de l’amour en Islam.

      J’ai eu une fois une conversation avec une ancienne collègue qui était auparavant Chrétienne et qui ne croit plus en Dieu ,elle me dit qu’elle ne croit plus qu’en l’atome.
      Mais je lui dit derrière l’atome et la Sience qui
      il-a t-il?

      Derrière le corps humain ou le ciel ,les astres , les planètes, qui trouve-on?

      Je lui dit regarde le ciel,d’un geste elle regarde le ciel et elle me répond que lorsque elle regarde le ciel elle ne voit rien.

      Elle a vraiment regardé le ciel qu’avec les yeux et avec un coeur vide, elle a perdu l’amour de Dieu.

      Triste est le destin des hommes: verset (signe) du Coran qui m’a beaucoup marqué.

  3. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », un des commandements, et un des enseignements de Issa (sur lui la Paix). Je l’ai longtemps entendu comme « Tu aimeras ton prochain comme (tu t’aimes) toi-même »…

    Mais quand j’ai compris : « Tu aimeras ton prochain comme ( étant un autre ) toi-même », cela m’a ouvert un nouvel horizon de méditation: L’autre est un autre moi-même, parce que sa Nature profonde est la même que la mienne: Nous sommes tous d’Adam, nous avons tous reçu le même Dépôt.

    Monsieur Ramadan, dans les années qui ont précédé ma re-conversion, vous avez été un des penseurs de l’Islam qui ont nourri ma réflexion et favorisé mon « choix ». Actuellement, quelques années après ma Shahada, j’apprécie plus encore de suivre le développement de vos idées toujours subtiles et courageuses. Merci!

    • salema 3aleykoum ma sœur, cette réflexion m’intéressent vivement,et pour ce j’aimerais savoir si celle-ci provient de vous? d’un savant ? ou bien es ce que c’est l’optique que nous devons avoir au sujet de ce commandement ,wa barakallahoufik

    • Salam Aleikum mon frère,

      Merci de ton message, mais, désolée je ne sais pas quelle est « l’optique que nous devons avoir » ni quel est l’avis des « savants » à propos de ce commandement.

      C’est seulement une intuition que j’ai eue un jour… qu’on pouvait comprendre ce commandement ainsi.
      Ce jour-là j’ai peut-être commencé à changer ma vision du réel… Et c’était plusieurs années avant ma re-conversion.

      Depuis que je chemine dans l’Islam, je réalise de plus en plus que le « coeur », la « sagesse » – ou quel que soit le nom qu’on donne à ce « goût » ou à cette « vision » de l’âme – est qqpart dans cette autre manière de voir le monde, et donc l’humanité.

      Qui implique d’être conscient-e que c’est Son Esprit qu’Il a soufflé dans chacun-e de nous (Coran 38, 72) donc que l’autre, mon prochain, ne peut être qu’un autre « moi-même« , puisque le même Esprit l’anime derrière l’apparence de notre différence.

      Cela va très loin, si on prend la peine de s’arrêter sur ces versets par exemple… Ne soyons pas comme notre ennemi déclaré, ne refusons pas de reconnaître en notre prochain ce que Allah a voulu qu’il soit.

      Il y a beaucoup de manières de le dire, et le même message nous a été donné par beaucoup d’envoyés.

      « Aucun d’entre vous n’est véritable croyant tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. »
      (si mes sources sont exactes, Hadith de Nawawi, rapporté par al-Bukhari et Muslim)

      Salam Aleikum

  4. sublissime extrait, je l’ai lu et relu maintes fois sans me lasser un instant, aimer sans juger, et aimer malgré les jugemets que l’on porte sur autrui c’est ca l’amour. il faut savoir qu’en islam il y’a une doctrine que les gens ont tendance d’ommettre qui n’a pour raison d’etre que la quete de l’amour et le sens de lavie, c’est le sophisme ( il faut bien distinguer le sophisme authentique et le sophisme tel qu’il est pratiqué aujourdh’ui dont certaines manifestations et pratiques n’ont absolument rien a voir avec l’islam voire anti-islamiques). et dire que l’islam est une religion hostile.

  5. Paroles…paroles…et encores des paroles que tu sèmes au vent!
    L’amour cerains en parlent si bien, mais n’en portent pas échantillon sur eux!

    • En tout cas ce qui est certain c’est que toi ‘certitude’ c’est la haine que tu portes si bien en toi!

  6. Mr Ramadan si jamais un jour vous lisez mon commentaire pourriez-vous y répondre : oui il faut aimer et donner des signes d’amour autour de nous MAIS le problème c’est quil existe des personnes qui N’ONT PAS de sentiments (leur histoire personnelle ne leur a pas donné l’occasion d’en avoir, leur enfance ayant été marquée par la violence et le manque d’attachement et d’amour) du coup ces gens là sont très penibles à vivre car ils sont très durs. Comment justement ne pas cacher ce que nous sommes c’est à dire des êtres aimables et aimants pour ne pas en être les victimes. J’ai déjà été victime de ce genre d’humains et SVP SVP soyez vous même vigilant car le mal nous guette. OUI ALLAH veille sur nous mais la réalité est tellement difficile et compliquée… OUI il ne faut jamais baisser les bras et continuer à répandre le bien. Mais ma question restera toujours la suivante : comment avoir du coeur quand on en a pas, comment avoir de l’intelligence quand on en a pas. C’est ce genre de question qui me taraude l’esprit et qui ne me permet pas d’avoir l’esprit tranquille pour bien vivre ma spiritualité. Cordialement.

  7. De la conversion du cœur et du regard

    Le regard qui explore les surfaces suppose le cœur qui sonde les profondeurs. Le regard reste sans aucune emprise sur la réalité vraie s’il ne s’enracine dans le cœur dont il tire toute son acuité. Le regard ne voit rien si le cœur est aveugle. Le regard ne peut rien si le cœur est impuissant. Le regard n’est rien si le cœur est absent. Le regard est tout si le cœur est sain(t).

    Un cœur sain(t) bonifie la totalité de l’être, y compris le regard. Le regard, effectivement, qui puise sa puissance dans un cœur sain(t) voit sans aucun doute « l’extraordinaire dans l’ordinaire », la solution dans le problème, le beau dans le laid, la paix dans le chaos, tant de poésie dans un coucher de soleil… Bref, il voit les miracles de Dieu dans les lois physiques. La création des cieux et de la terre, l’alternance du jour et de la nuit deviennent ainsi des « Signes » pour les gens doués de cœur. Un cœur sain(t) demeure ouvert à « l’inconnu et à l’inconçu » car il n’a pas de préjugés, en tout cas négatifs. Un cœur sain(t) n’est ni optimiste, ni pessimiste. Ces catégories ne font pas partie de sa grille de lecture. Il est plutôt « mélioriste »*. Il se contente ainsi de faire effort sur le sentier du « bel-agir » (al’ihsan’) sans s’attendre à être remercier ou à être récompensé. Les logiques consuméristes ainsi que les approches mercantiles ne font pas partie de sa méthodologie, ni de sa philosophie. Un cœur sain(t) est un donneur universel. Il est en quête permanente de l’agrément et de l’Amour de l’Un et l’Unique. Car l’Amour que l’on porte à Dieu sert les hommes (annass’).

    L’Amour suppose, à n’en pas douter, le cœur**. Pas n’importe quel cœur ! Un cœur pourri ne sait aimer. Il est condamné à convoiter. Un cœur corrompu ne sait donner. Il est condamné à quémander. Un cœur égoïste ne perçoit l’autre que comme un tremplin vers la satisfaction de ses désirs et de ses plaisirs. Qui veut aimer doit avoir un cœur sain(t). Le cœur devient effectivement sain(t) quand la personne humaine entretient des relations saines avec « soi ». Les traumatismes de l’enfance doivent être résolus sans tarder. Il y va de notre maturité, de notre lucidité. Bien des désagréments seraient résolus si l’être avait été purgé des poids-morts qui l’accablent. Le cœur devient sain(t) lorsque l’autre n’est plus perçu comme un obstacle, une proie, un ennemi… Le cœur devient sain(t) quand l’autre cesse d’être une énigme à déchiffrer pour devenir un horizon à contempler, une oraison à célébrer, une raison à écouter, à aimer, à comprendre. « Comprendre est au-delà d’aimer » disait V. Hugo. M. Ramadan pourrait, à juste titre, lui rétorquer « aimer est au-delà de comprendre ». Toujours est-il que pour comprendre et aimer, il faut posséder un cœur. Dans cette optique, les deux propositions deviennent plausibles puisque le problème de la précellence de l’une sur l’autre se résout dans la perspective du cœur sain(t) dont aucune conception de l’Amour ne peut faire l’économie.

    La tradition prophétique authentique dit en substance qu’un cœur sain/réformé rend tout le corps sain… le Désir symbolisé par le corps (amour exclusivement physique) tombe sous le magistère du cœur sain(t). Le Désir reconnaît ainsi la Loi. Il est fixé par le cœur sain(t) à l’instar des pompiers qui fixent le feu. Le Désir n’est pas nié. Il est sublimé. Sa satisfaction dans un cadre éthico-légal est hissée au rang d’adoration. L’amour dans cette perspective n’est plus consommation : il est « consumation »***.
    Et le Coran de conclure : « Ce ne sont point les yeux qui sont frappés de cécité, ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines. » (S22/V46). Et pour paraphraser Ibn Alqayyim, le chemin qui mène à Dieu [à « soi », à l’autre, à l’aimé(e)] n’est pas franchi avec les pieds mais avec le cœur.
    Seule une conversion du cœur, en bonne et due forme, permet celle du corps dans tous ses attributs, y compris le regard.

    Seul Dieu est Savant.

    *Il s’inscrit dans la voie du perfectionnement.

    ** « Il y a en ceci un rappel pour celui qui possède un cœur… » (S50/V37)

    ***Terme issu de Georges Bataille signifiant recherche d’intensité vécue, engageant l’être tout entier. (Voir Edgar Morin, « Ethique », La méthode 6, partie vocabulaire).

    • A relire ceci, je m’aperçois que le plus difficile est sans doute « se libérer des traumatismes de l’enfance ». On ne le fait pas par la volonté, on ne le fait pas par l’introspection non accompagnée… Et il faut être accompagné de la bonne personne… Et peut-on le faire seul, sans travailler aussi sur le « système familial »? Souvent quelqu’un qui va mal est celui qui exprime le problème d’une famille, et pas seulement le sien.

      La plupart d’entre nous même ayant fait un « travail sur soi » gardent toujours la trace de ces traumatismes… Quelle place pour la psychologie dans l’éducation islamique? Je vois tellement de « c’est halal », « c’est haram » (cas typique : l’homosexualité,qui me semble résulter d’une identification manquée au parent de même sexe dans l’enfance bien plus qu’à une nature perverse)… Et la compréhension de ce qui est intime peut-elle se plier à des comportements imposés en termes de morale?

      Parfois, à vouloir suivre la « voie droite » sans prendre conscience des barrières intérieures, on se bride, on s’étiole, on s’épuise, on se rend coupable, pour rien… On passe à côté de l’amour qui a manqué, de l’acte qui a blessé à vie, de tant de choses… Le travail spirituel peut en devenir stérile. Le socle est trop fragile.

      Il n’y a qu’un ardent amour pour Dieu (se traduisant par un amour de l’humanité incarné) qui me semble pouvoir nous libérer du poids du passé familial.

      Qu’il n’est pas évident d’atteindre. Le Livre du monde, dans sa beauté, est d’une aide précieuse. Et aussi l’exemple de ces annonymes capables de tant aimer…

      Il nous faut tant de patience et de persévérance sur la route.

      Qu’Il nous guide en Sa bienveillance. Sans Son amour, nous n’irions pas très loin.

      Mais il nous est demandé d’ouvrir tout grand notre intelligence et notre sensibilité. c’est notre responsabilité.

  8. Deux phrases qui me touchent (et les quelques vers de Blake, magnifiques de simplicité).

    « « Toi », tu ne ressembles à personne. Mon cœur le sait, mon regard te le prouve. L’amour a besoin de preuves, tous les cœurs le savent. »

    Mais .. « loin des yeux, loin du cœur » ? Preuves fugaces que les mots ne confirment pas. De quel amour s’agit-il ?

    « Entendre sans juger, ou plutôt juger qu’il n’y a rien à juger. Juger est humain, juger c’est aussi aimer, suspendre son jugement c’est mieux aimer… et aimer, malgré les jugements, c’est aimer vraiment. »

    Oui, on a envie de dire, oui, absolument. Aimer sans juger, aimer sans retour… Mais c’est quasiment la sainteté… Qui peut y accéder ? Aimer quand les blessures ne sont pas reconnues, parce que oui, on connaît la blessure de l’autre, et on a envie d’oublier sa faiblesse, tellement envie..? C’est beau. Possible ? Je crains que non. Faut-il s’oublier dans l’amour ? Ne vivre que pour l’Autre ? Même pour un enfant, on ne le peut pas. Il y a toujours le besoin de s’écouter soi-même, de reprendre souffle pour pouvoir continuer à aimer.

    Et puis, quelque chose me questionne : réformer son cœur, son regard, oui, c’est la voie …
    La voie vers Dieu, la voie vers l’autre. Mais l’amour humain se construit aussi dans l’échange. On ne bouge pas tout seul dans la relation à Dieu. On bouge aussi par la richesse des rencontres, par ce que l’on en fait. L’amour est aussi construction dans le temps et l’échange. Les mots, pas des mots trop rapides, mais des mots liés à l’intériorité, sont nécessaires.

    Transformer son regard, et son écoute, savoir se dire, savoir entendre l’autre se dire… Il y a dans nos amours terrestres pour qu’ils s’épanouissent un besoin de dialogue, de réciprocité…

    Et le titre du livre dont est tiré ce texte est « L’Autre en nous ». L’Autre, il n’est pas toujours comme on voudrait qu’il soit. Lui faire une place est exigeant… Combien de fois, on accepte ce que dans l’Autre on reconnaît de soi-même, et pas le reste…

    Oui, le relationnel est ce qu’il y a de plus difficile. Il faut un travail sur soi de part et d’autre, et un travail entre soi. Sinon, on avance tout seul, en croyant aimer, en idéalisant l’amour et en ne prenant pas le risque de l’amour confiant…

    Une route belle et difficile…

  9. Salam

    On a souvent été habitué à regarder Dieu, par ce qu ‘on lui doit, non parce qu’il est, et fait pour nous , pour le monde

    Il n’y a pas de théologie en islam, parait-il

    Il n’y a surtout pas(ou si peu) dans nos discours, de parole sur ce qu’Allah est et fait pour nous, juste ce que l’on doit a Allah,

    déroutant, pour le religion qui a la conception la plus parfaite de la transcendance et de la miséricorde de Dieu

    syndrome du devoir, devoir envers Allah, envers les parents, envers la société… triste et violent discours…

    le risque de dire ce qu’il ne lui correspond pas, parler sur Allah

    l’on croise ensuite des paroles: crois-tu en dieu? non j’ai arrêté , ce n’était pas réciproque ….. de l’orgueil? pas sur…

    Tout cela à un lien avec notre perception sur l’amour, perception

  10. asalamoualaykoum ,mon frère Tariq Ramadan .
    Bravo,pour ton analyse de poésies de réferences que vous nous avez cueillies subtilement. J’ai vraiment apprécié cette fresque anthologique . En tant que jeune poète depuis cinq ans , je vous avais posté un poème que j’ai spécialement conçu pour vous ,mais, en vain l’administrateur a rejété par sentiment de censure ou je ne sais quoi .

    En tout cas , ce n’est pas grave ,car on dirait que vous ne nous lisez plus ,que vous ne nous repondez plus. Vous aviez raison , il y’a du silence et « Nous manquons d’amour, c’est certain. Nous semblons ne pas en avoir assez à donner et ne jamais en recevoir assez. » et je vous repond mon frère :
    Je t’avais aimé mais je t’aimerai !

    Excellent débat chez Ruquier . Adapte bien ta rhétorique avec qui tu parles . Que l’ironie soit une arme pour toi contre les chroniqueurs occidentaux ( comme Zemmour que vous avez éclipsé ) et que l’encouragement affectif soit votre canal de communication avec les jeunes .

    wassalamoualaykoum , d’après un étudiant musulman en philosophie !

  11. Salem,

    Voilà un article qui démentie ce que certain pensent sur Prof.Tariq Ramadan qu’est pour eux insensible dans le cœur et austère dans son caractère ! En tout cas l’austérité et la sévérité sont des tempéraments et non pas des caractères ! Voir aussi que bcp de personnages historiques et des maitres penseurs sont loin d’utiliser l’amour, l’affection, la tendresse quand ils débâtent … Donc, cet article montre la délicatesse, les sensations d’amours, d’amitié, de sympathie de l’auteur !

    Revenant à l’article …reste pour moi un énigme,des secrets !
    le dernier paragraphe attire mon attention : « Aimer vraiment, c’est apprendre à aimer l’autre et l’écouter sans le juger » C’est un amour sage ! et de ce genre ne résiste pas dans notre époque ..Seule l’amour puissante, sincère qui résistent seulement aux diverses brises mais le cœur de son porteur doit prouver son courage ! ..

  12. Je me suis (auto)imposee une regle.. celle de ne parler de Tariq Ramadan qu’a…Tariq Ramadan.

    Tariq Ramadan pourrait bien nous expliquer le fonctionnement de la bombe a neutrons que l’on trouverait cela limpide et que ‘ma foi mais bien sur !!’ Pourquoi en serait-il autrement lorsqu’il nous parle d’amour?

    Comme vous publiez mes commentaires une fois sur cinq; je re(re-re-re)pose la question :quel rapport entre ‘parler d’amour’ et ‘parler avec amour’ ?

    La question reste ouverte, donc.. celle-ci et pas mal d’autres

    Salam

    • Bien-évidement, on parle d’amour quand on vit avec l’amour ! un proverbe arabe dit :  » celui qui perd quelque chose ne peut pas le donner »

    • ..ah.. merci d’avoir répondu même si je ne vois toujours pas l’évidence.
      Mais peut-être que l’amour est réservé à une sorte d’élite qui est à même de juger qui est susceptible ou non de s’en entourer ?

      Pour se détendre un peu, et comme nous aimons les proverbes; celui-là(wolof) dit : « devant le lion, la hyène mange de l’herbe »

      « Amourablement » votre
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  13. Changer notre regard et aimer malgré notre jugement et la propre perception que l’on ce fait de l’amour de la vie des sens profonds qui guide notre être ne s’acquiert réellement que si l’on se connait parfaitement et que si l’on mesure la vie présente en se projetant dans le future à long terme. Je n’ai pas beaucoups de culture j’ai étudié brièvement la philosophie en terminale à raison de 3 heures par semaines je m’en suis éprise cela reste une passion pour moi je n’ai pas exploré cette voie jusqu’au bout, j’ai parfois l’impression d’etre passé a cote de ma vie, d’avoir pris un chemin qui n’était pas le bon de ne pas avoir su traiter mes proches comme il se devait j’étais perdu dans cette société a vouloir ressembler a tous le monde et à la fin n’etre personne. Allah m’a sauvé avant qu’il ne soit trop tard (je pense)ma quete de soi et la remise en question de la philosophie m’a mené a la foi et par conséquent à l’amour. L’islam a été mon education en tous points de vue il nous apprend les fondamentaux en commencant par l’amour de soi et des proches.

  14. Cher frère Tariq,

    Tes paroles sont très belles!

    Malheureusement, on vit dans un monde matérialiste qui détruit les sentiments. Comme tu as dit mon frère « tout parle à qui sait entendre ». Il faut être très sensible et très fin pour entendre ou voir un signe parmi les signes que tu as cités. Aussi, l’amour ne peut pas être d’un seul côté, on a besoin d’une rétroaction.

    La vérité c’est que ce monde commence à me faire peur au point que je n’ai plus confiance en mes sens. Parfois, même si je reçois un signe ou je vois une preuve, je me dis : non, c’est juste une illusion. C’est trop beau pour être vrai.

  15. Salamouhalaikoum,
    trés beau texte,je trouve que c’est une bonne chose de parler d’amour,effectivement, Tariq Ramadan à raison, nous manquons d’amour….en islam on passe plus de temps à se poser de questions sur l’illicite ou à insister là dessus,c’est vrai j’ai l’immpression que dans l’education chez nous les musulmans, on ne reçoit pas assez d’amour….c est pour ça peut-être qu’on a l’impression qu’on a été trés « serrer » et que certains nient les convictions de leurs parents,combien de personnes d’origine maroccaine n’ont pas renier les convictions de leurs parents(surtout les filles) à cause de cette attitude sévère que les parents ont envers leurs enfants…Ceci ne vient pas de l islam evidemment…..et Tariq Ramadan fait bien de le rappeler et d’insister sur l amour…..

    GHariba de Belgique

    • Is that true that it’s mainly the girls who distance themselves from the values of their parents (which are not always the ‘right’ ones by the way). As many Maroccan girls do so because they are treated too harshly, many boys do so because they are spoilt and not disciplined enough. It’s just that with a girl we find it more worrying. Why?

  16. Et contrairement,à ce qu’on essaie de faire croire : Tariq Ramadan a toujours parler d’amour et loin de faire peur par sa façon de parler et a toujours dégager chaleur et gentillesse,ce sont les médias qu’ils lui ont donné aux yeux du public manipulé une autre image qui n’est pas la sienne mais tous ceux qui ont écouté Tariq Ramadan et qui le connaissent à travers ses livres et débats savent qui il est vraiment: un homme de bien qui se bat pour un monde libre où l’on peut exprimer librement ses convictions quelles qu’elles soient….
    Merci tres cher FRére Tariq Qu’Allah te Garde.
    Ghariba de Belgique

  17. Assalamou alaïkoum,
    E.Zemmour veut que l’on juge de tout selon un Etat, une idéologie.
    L’égoïsme nous contraint à ne juger de tout que par rapport à soi (il n’y a que Moi).
    L’amour, quant à lui, nous enseigne que l’autre doit être au creux de soi (il n’y a pas que Moi).
    Il faudrait, de prime abord, sortir de « l’armature préfabriquée du monde des concepts » afin de s’immerger, autant que faire se peut, dans l’univers de l’Amour qui est une approche transcendante de la vie, de soi, de l’autre, de Dieu…
    L’Amour se distingue, il me semble, de l’amour-propre. Celui-ci me porte à me comparer à autrui ; ce qui génère jalousie et autres sentiments négatifs. Quant à l’Amour, il nous apprend « la dépossession enrichissante » parce qu’il est « révélation de l’autre », « création continuée de l’un par l’autre ». L’Amour n’est pas la négation de soi, tant s’en faut. Il est la relation de soi à l’autre, une relation s’inscrivant dans un double dépassement. Le premier dépassement de soi consiste à reconnaître ses limites (démarche non nombriliste) et à se reconnaître les moyens de les transcender (c’est l’expérience de la transcendance). Le second dépassement, lui, vise à accorder un crédit d’intelligence, de pertinence, de cohérence à l’autre non par naïveté, mais par principe. L’autre certes n’est « ni ange, ni démon ». Il est pétri de chaire, de sang et de sentiments. Il porte la marque d’une culture, d’une histoire… bref, il a un vécu propre (comme tout un chacun).
    La problématique de la relation d’amour reste tributaire de certaines conceptions de l’amour héritées du platonisme (amour platonique), de Racine (dramaturge du XVII siècle) qui conçoit l’amour comme une fatalité, une passion dévastatrice. Aujourd’hui, hélas, l’amour se réduit aux normes scientistes/positivistes de « l’éducation sexuelle ». La première conception de l’amour nie le corps ; la deuxième relègue la liberté à l’arrière plan de ses préoccupations ; la troisième pervertit et l’amour et la sexualité. Comment donc purger l’amour, en général, des rétrécissements de l’unidimensionnalité ?
    L’intellectualisme qui prévaut aujourd’hui et qui réduit tout au concept est un premier travers. Travers parce qu’il veut réduire la Foi au silence et la religion à l’insignifiance. Par conséquent, a une existence ce que l’on peut mettre en équation, ce que l’on peut formuler. Les chiffres et les lettres priment et oppriment la vie. Il faut donc exhumer la vie de la chape de plomb rationaliste sous laquelle on l’a enterrée par la reconnaissance que le « sensible » et « l’intelligible », l’esprit et le corps, « moi » et « l’autre »… ne s’opposent pas, mais composent. Cette approche dualiste de l’être, de la vie, est à l’origine, me semble-t-il, de bien des désagréments. Quand on ne sépare pas abusivement, on mélange outrageusement. Comme si on n’avait le choix qu’entre la distinction qui oppose ou le syncrétisme qui confond. L’opposition ne relève nullement d’une méthodologie/épistémologie de l’Amour/respect. De même, le syncrétisme n’est pas la synthèse respectueuse des différences. Epistémologie de l’Amour et « Eloge de la différence » sont, à mon sens, les deux impératifs que nous ne devons point perdre de vue pour que la relation à l’autre au sens anthropologique et au sens personnel soit un enrichissement. Cet enrichissement n’est pas de nature mercantile. Il est de l’ordre de l’engagement salutaire qui ne mendie rien. Car il est amour et respect, c’est-à-dire miséricorde. Et la miséricorde ne se monnaye pas.
    Donc, mélanger les niveaux d’analyse ainsi que les références est, je crois, un crime de lèse-pensée. Il s’agit effectivement de respecter les spécificités de chaque champ de compétence et de l’approcher selon ses propres fondamentaux. Peut-on, dans cette optique, penser la foi par « la raison raisonnante » ou l’éthique par la technique, ou l’Amour par les avantages que l’on peut en tirer ? Il me semble que non !
    Dans la sphère religieuse, en général, et la sphère islamique, en particulier, nous utilisons des approches typiquement religieuses tout en restant ouvert à la pertinence des autres champs de compétence et assoiffés de leur sagesse. L’islam (je parle de ce que je connais) est ouvert à toute sagesse « quelque soit le récipient d’où elle sort » (hadith). Ceci étant dit, même la relation à l’autre, dans ses différentes dimensions, reste inscrite dans un cadre éthique et légal que structurent des impératifs hautement spirituels. Ainsi, l’amour qui exacerbe le « moi » au détriment de l’autre, n’est pas de l’amour. Il est juste de l’égoïsme. L’amour qui ne tient pas compte des limites et de la liberté de l’autre est juste de l’individualisme. L’amour qui étouffe l’autre est juste du totalitarisme. Le véritable amour étoffe l’autre en le faisant briller. Certes, l’autre peut être invivable parce qu’il a d’énormes défauts. Aimer est la chose du monde la plus difficile. C’est parce que haïr est plus facile qu’aimer que François De Closets, sur un ton dépité, nous encourage à « détester à bon escient ». Aimer dans la durée est devenu aujourd’hui presque une performance rare. Les peuples se détestent à mort ; il n’y a qu’à voir les tonnes de bombes que l’on déverse sur certaines populations. Les couples, en général, subissent la même logique. C’est pourquoi, la démarche d’amour devient impérative. Elle nous inscrit en faux contre nos désirs et nos plaisirs. La démarche d’amour est, à mon sens, une question d’offrande et d’accueil parce que l’amour est, par excellence, l’expérience de la transcendance. Une offrande parce que tout simplement aimer est un don de soi. Accueil parce que l’autre n’est pas Moi et il n’y a pas que Moi. Il ne faut surtout pas rendre le conjoint responsable de son équilibre et de son bonheur. Le bonheur et l’équilibre sont des attitudes personnelles. Il faut les avoir réalisés en soi avant d’envisager une vie de couple. La démarche d’amour nous situe ainsi au-delà de nous-mêmes afin de nous révéler l’autre comme pierre de touche de notre liberté et de notre sens des responsabilités. De plus, comme a dit en substance un grand homme, l’amour tient du génie et il n’y a pas plus de couples authentiques que de Shakespeare ou de Beethoven.
    Qui a dit qu’aimer était facile ?
    Seul Dieu est Savant.

    • Salam

      En Amour il ne faut surtout pas penser et parler à la place de l’autre!Pour vivre pleinement cet amour il faut être libre de..
      Certains ont une facilité à se compliquer la vie c’est phénoménal!En amour le plus important c’est d’être aimé en retour!
      Je remercie DIEU chaque jour pour cet amour..même si ce n’est pas toujours facile.
      Puisse DIEU nous donner la patience!!

    • Comment sait-on qu’on est aimé de Dieu?

      La réciprocité, c’est entre les humains.

      Entre l’homme et Dieu la relation est d’une autre nature. Mais cet amour pour Dieu, d’où nous vient-il sinon de notre expérience d’humain aimant d’autres (un autre) humain(s)..

      Bref, sans amour terrestre, pas de clé pour l’amour divin. Sans amour divin, rétrécissement de l’amour terreste…

      Finalement aimer en l’Aimant, cela pourrait être la voie…

      Si réciprocité il y a … Si la Loi ne tue pas l’amour. Dieu de crainte, Dieu d’amour… J’avoue que je trouve difficilement la cohérence entre les deux « visages » de Dieu. Très difficilement… Amour : le souci du bon. Qu’y a-t-il de mieux comme moteur d’une existence. Comment conduire sa vie dans l’amour sous la crainte?

      Que Sa grâce nous aide à résoudre une impossible équation.

    • Salam

      Comment sait-on qu’on est aimé de DIEU?

      Bonne question je te dirais ça bientôt! Insha’Allah!
      Enfin selon moi,mon vécu..
      Et pourquoi veux-tu que la loi tue l’amour?
      En amour une fois que le cadre « éthico-légal » est respecté et que DIEU à donner sa bénédiction alors on peut
      tout se permettre lol :p

      OUPS enfin presque tout! 🙂

      Tu vois des difficultés de partout!la zen attitude voila ce qu’il te faut et tu rajoutes à cela des tonnes de patience lol : ) (c’est le plus beau)

  18. Imprimer Offrez à un ami

    * Rainer Maria RILKE (1875-1926)

    Comment encore reconnaître

    Comment encore reconnaître
    ce que fut la douce vie ?
    En contemplant peut-être
    dans ma paume l’imagerie

    de ces lignes et de ces rides
    que l’on entretient
    en fermant sur le vide
    cette main de rien.

  19. Salam ahlikoum
    J’ai trouvé votre texte magnifique et la quête de paix intérieure trés présente. Mais le jihad intérieur est celui qui est le plus méconnue car invisible à l’oeuil nu.
    Lorsque les sens sont déconnectés du coeur, nous agissons tels des automates et les signes glissent, nous glissons sur le temps et la chaada finale (inch’Allah) arrive dans un coeur desseché et sans amour. chacun acte est peut etre matérialisée par un soldat de l’un des deux camps et leur force peut être redoutable. Se remettre a un autre être qu’Allah, lui demander de nous secourir de nous porter de nous guider corps et ame est sans doute une forme d’association, j’essaie à tout prix de conserver mon esprit ouvert à la critique mon ame, mon coeur est aussi sujet à la critique car imparfait. J’immagine l’ame et le coeur comme une substance tellement lumineuse et mouvante que vouloir les travailler directement est pour moi chose difficile. La seul facon de l’atteindre est le ricoché, il lui faut un support, des actes..ainsi elle s’impregne de l’énergie dégagée. J’ai un profond respect pour vous Mr RAMADAN, merci pour ces clés de reflexion que vous m’avez offertes.

  20. Cet article survient curieusement à la suite de l’émission chez Ruquier où un écrivain vous interpellait quand au manque d’amour de vos propos ou plutot dans vos propos ?!

    Cela m’interpelle.

    Sinon je salue (et ne suis pas le seul)l’incroyable montée en compétence dans vos interventions télévisées, que ce soit chez Taddeï ou chez Ruquier. Cela vous manquait…cela nous manquait.

    • Salam à tous,

      Tariq Ramadan a toujours parlé d’amour, il dégage de lui sincérité et lumière.

      Personne ou presque personne ne peut voir ce qui se passe dans nos coeurs à part Allah, que l’on dise je t’aime ou non.

      Difficile de prononcer ces mots par pudeur à cause d’une éducation difficile, une gène et pourtant… des moments, souvent nous regrettons de ne pas l’avoir dit à temps ou bien avant d’avoir perdu un être cher. Et malgré tout nous recommençons ces erreurs et regrettons…

      Merci Tariq Ramadan d’exister et de nous apporter tant de choses dans cette vie si difficile et cruelle.

    • Il est clair, cher inconnu, que la mise en ligne de ce texte a à voir avec l’émission de Ruquier…

      Cela dit tout le chapitre sur l’amour dans le livre l’Autre en soi est très beau…

      Des mots très beaux qui dessinent une tentative…

      Après chacun sur cette terre est humain et l’aspiration au meilleur ne garantit rien..

      Humains, nous essayons…

      Quelquefois, le miracle d’un instant de grâce.. Une ouverture vers l’infini, fragile. Qui peut partir. Pour quelque temps ou pour toujours.

      Faire de son mieux et aller…

    • .. Il me semble qu’un des chroniqueurs avait plutot souligné une certaine violence, ce que j’interpréterai personnellement comme de la force..et ce que vous entendez comme « un manque d’amour ».. En attendant les autres émissions, visualisez encore une fois cette dernière.

      ( Et comment peut on souligné un manque d’amour avec ce qu’il dit ou se qu’il écrit .,. peut être qu’à travers ses mots, avez vous perçus, comme d’autres, ses messages de haine destinés à ses « disciples » et aux hypocrites!?..).

  21. Quelque chose me questionne : réformer son cœur, son regard, oui, c’est la voie …

    La voie vers Dieu, la voie vers l’autre. Mais l’amour humain se construit aussi dans l’échange. On ne bouge pas tout seul dans la relation à Dieu. On bouge aussi par la richesse des rencontres, par ce que l’on en fait. L’amour est aussi construction dans le temps et l’échange. Les mots, pas des mots trop rapides, mais des mots liés à l’intériorité, sont nécessaires.

    Transformer son regard, et son écoute, savoir se dire, savoir entendre l’autre se dire… Il y a dans nos amours terrestres pour qu’ils s’épanouissent un besoin de dialogue, de réciprocité…

    Et le titre du livre dont est tiré ce texte est « L’Autre en nous ». L’Autre, il n’est pas toujours comme on voudrait qu’il soit. Lui faire une place est exigeant… Combien de fois, on accepte ce que dans l’Autre on reconnaît de soi-même, et pas le reste…

    Oui, le relationnel est ce qu’il y a de plus difficile. Il faut un travail sur soi de part et d’autre, et un travail entre soi. Sinon, on avance tout seul, en croyant aimer, en idéalisant l’amour et en ne prenant pas le risque de l’amour confiant…

    2ème envoi, à demi-censuré. Pourtant, qu’y a-t-il de choquant dans ce qui est écrit?

    • Le bonheur, n’est-ce pas ce à quoi tout le monde aspire

      et ce que personne ne dédaigne?

      Ou donc l’a-ton-connu pour le vouloir ainsi?

      Ou l’a-t-on vu pour l’aimer comme on l’aime?

      Il vient assurément de toi, ô mon Dieu.Comment?

      Je ne sais pas.Il est en nous.On ne chercherait pas

      à être heureux si on ne connaissait déjà le bonheur

      S.A

      Tristesse.

  22. C’est vrai tout ça, mais le problème c’est que, pour atteindre ce bien-être par le biais de l’amour, il faut que cet amour et cette perception des choses et d’autrui soient présents chez l’autre aussi… un Amour réciproque.

    Je dis cela parce-que les expériences que j’ai enduré au cours de ma vie me le prouvent:
    Je suis une personne qui aime Aimer, càd que je sens un mal-être si je ne cherche pas à aimer la pesonne avec qui je parle ou que je rencontre. Je ne fais jamais attention aux apparences ni aux jugements portés par les autres. Je parlais à tout le monde, par respect, par considération et par amour, tout simplement parce-que nous appartenons tous à la Race Humaine. J’aimais donc autrui, mais autrui ne voyait pas cela comme de l’amour, mais comme de la naïveté. Alors, ils profitaient tous de ma gentillesse, de ma considération, de mon amour… et quand ils n’avaient plus besoin de mes aides,.. bye-bye…
    Alors, j’ai appris à ne plus aimer, à devenir égoïste, individualiste, à devenir comme tout le monde, même si j’ai toujours été en désaccord avec le fonctionnement et les « règles sociales imposées » de celui-ci.
    Voilà, pour survivre, il ne faut pas aimer, même si on ne peut pas vivre sans amour.. c’est contradictoire, mais c’est comme cela que ça marche de nos jours..
    Bon.. c’est pessimiste comme vision, mais, je vous assure Mr. Ramadan, j’aurais bien aimé rester « naïve » comme avant.. j’étais heureuse à l’époque.. mon visage était illumé par l’Amour et la Joie; mais la société a été plus forte et plus imposante que moi…maintenant, j’ai le visage terne comme le reste des humains.. Je suis dorénavant un humain.

    • Chère Yousra,
      je te souhaite de te réconcilier avec toi-même pour commencer..tu me semble encore assez fragile, et ton regard sur les êtres très pessimiste, tout d’abord, personne ne ressemble à personne, tu dis « devenir égoïste, individualiste, et devenir comme tout le monde.. » c’est triste comme vision du « monde », ne fais-tu pas parti de ce « tout le monde »? fais attention de ne pas tomber dans la schizophrénie..tu m’inquiète!
      Chacun à son parcours, certains vivent mal leur passé et deviennent maladroits, faisant souffrir d’autres sans pour autant en être conscients..sachons apprendre à pardonner, à défaut de comprendre, ne tombons pas dans le piège de la haine, qui n’attend que le moment opportun pour se manifester à travers nos comportements et nos paroles, le « malin » cherchant par tous les moyens à habiter notre être..et oui ma chère, la vie est un combat, rien n’est jamais gagné d’avance, pour personne..les apparences étant souvent trompeuses, ne pense pas l’once d’une seconde, qu’ici bas certains sont protégés, voire privilégiés..chacun son lot de souffrance, selon son milieu et son parcours..laissons l’amour et « rahma » de Dieu pénétrer nos coeur , soyons prêt à accueillir les signes et les messages qui sont partout autour de nous, ils sont visibles pour tous ceux qui sont disposés à les voir..nous n’avons pas besoin de nos yeux pour cela, ils sont perceptibles également à ceux qui sont dépourvus du sens de la vue, le regard du coeur, ma soeur! il n’est pas seulement un organe vital, il possède des pouvoirs indécelables pour ceux dépourvus de foi..
      L’amour est partout autour de toi, ce monde n’étant pas parfait, à notre image, mais si beau en même temps, et le bonheur n’est que moments volés puisque rien ne dure..apprenons à profiter pleinement..de ces instants de plénitude, aussi courts soit-ils..ce qui ne réduit en rien l’intentensité n’est-ce pas? ne regrettons rien , on se fait du mal comme on se fait du bien, les uns les autres, personne n’étant parfait, en cherchant dans tes souvenirs les plus lointains, n’as tu pas à ton tour, un jour, fait souffrir? ne serait-ce qu’en parole?
      Allez ressaisis toi ma soeur, regarde ce monde avec ton coeur, met ta rancoeur de côté, oublie les moments de douleurs, et souviens toi des moments de bonheur, de rire aux éclats..tu dois bien avoir quelques moments en stock dans ta mémoire..ton visage s’illuminera de nouveau et ton coeur se remettra à battre encore et encore..

      Avec toutes bonnes ondes..

    • Salam Hawa,
      merci pour ta réponse, ça m’a beaucoup touchée Wallah.. j’ai tellement pleuré que j’ai failli électrocuter mon ordi avec mes larmes…
      Je me suis peut-être mal exprimé, mais quand je dis que j’ai appris à devenir égoïste et individualiste, je ne voulais pas dire par là que je cherche à me venger… je n’ai aucune rancoeur… Certes, je n’arrive pas à pardonner ceux qui m’ont fait (beaucoup) de mal, mais en même temps, je ne leur en veux plus, càd, que je les ai laissé tomber, et je ne cherche de loin à me venger. Allah seul rendra justice le Jour du Jugement dernier. Mais les expériences qu’on endure dans notre vie, il faut en tirer des leçons. Et les leçons que j’ai apprises, c’est qu’il ne faut plus être gentille avec tout le monde, il faut garder de la distance, il faut poser des limites… Pour mieux dire, il faut garder l’esprit critique envers n’importe quelle personne que je rencontre. Je dois douter sur tout le monde, afin d’éviter de recevoir une grosse claque sur la figure. On m’a fait comprendre que, pour devenir adulte, il faut sortir du monde utopiste des enfants, où l’on voit des oiseaux, des fleurs et des papillons partout.. et que si je reste nostalgique de ces belles choses, de cette belle vision et perception du monde, ça signifie que je suis immature et que je ne réussirais pas dans ma vie, et que je finirais pas être « dévorée » par les autres. Vous avez surement entendu dire: « c’est la loi de la jungle qui s’impose maintenant!! » Et bien, j’ai fini par comprendre que cette phrase est vraie: les faibles c’est les gentils, et les forts c’est les méchants égoïstes et voleurs de Droits. Je n’ai plus envie d’être le faible, mais je ne veux pas devenir le méchant non plus parce-que c’est tout simplement contraire à nos principes islamiques. Mais j’ai appris à prendre mes précautions et à avoir l’esprit critique.. et c’est ça qui m’a fait perdre l’éclat du visage et la lumière innocente et infantile de mes yeux. Parce-que tout simplement c’est contraire à l’Amour, ça empêche l’Amour. Ces comportements viennent du cerveau et s’imposent sur le coeur, ils empêchent celui-ci de s’éveiller. Et moi, ce qui me fatigue, c’est mon cerveau, il ne laisse plus mon coeur respirer.. Je suis nostalgique de mon enfance et mon adolescence..je n’ai que 21 ans maitenant, je suis dans l’obligation de changer pour appartenir désormais au monde des adultes, et le monde des adultes c’est ça: Cerveau > Coeur, sinon, on se fait bouffer. Mais moi je ne veux pas ça, je veux laisser mon coeur aimer instantannément et instinctivement pour toucher au bonheur et au bien-être. Mais voilà, je ne peux pas, sinon on me traitera d’immature et d’utopiste. Je pense qu’avec le temps ça passera…je finirai par digérer cette dure réalité.

    • Je sais de quoi vous parlez, je vie la même chose j’ai essayé de ne plus aimer (le naturel revient au galop très rapidement) mais pouvons nous vivre sans amour ? La vie ne vaut pas d’être vécue sans amour (c’est mon avis).

      On a beau dire que je suis naîve, trop gentille, on a aussi profité de moi mais je continue à aimer car je suis incapable de ne plus aimer c’est au dessus de mes forces.

      Il ne faut jamais désespérer dans la vie il faut faire confiance à la vie, il faut être patient, c’est ce que je crois. Tant qu’il y a de la vie y a de l’espoir peut-être qu’un jour…

      La seule chose que j’ai à dire c’est qu’il ne faut pas faire comme les autres, faut rester soi-même et toujours écouter son coeur quoi qu’il arrive et tant pis si on se moque de nous, on tombera et on se relèvera.

      La méchanceté et la vengeance n’arrangent rien, faut ensuite pouvoir se regarder devant un miroir si vous en êtes capable…

  23. Aimer sans donner, est-ce aimer ? Aimer en souffrant est-ce souffrir?

    Le miracle de l’amour, ce n’est pas d’aimer un homme ou une femme: c’est de s’aimer soi-même juste assez pour être capable d’aimer vraiment une autre personne.

    Aimer savoir est humain, savoir aimer est divin.

    Il est évident que l’on manque d’amour, mais le plus triste est que nous partirons de cette vie, sans jamais l’avoir comblé..nous ne cessons de le chercher tout le long de notre existence, parfois nous pensons l’apercevoir..juste le temps d’effleurer son plumage, qu’il nous échappe par un envol, pour une destination qui restera mystérieuse , n’ayant les capacités suffisantes pour le suivre..loin..très loin..au delà de nos rêves…nos rêves les plus fous.

    • Je suis l’oracle dont il ne se doute pas..je ressens au plus profond de mon être ses moments de doute, de souffrance..ses vagues à l’âme sont miens..acculé de soupçons et d’accusations dénués de fondement..ses nuits agitées sans rêves, son être tourmenté..sa vie est un sacerdoce alambiqué..son parcours semé de mines prêtes à exploser à tout instant..que faire? je ne me pose pas la question, de mes voeux et souhaits les plus chers je l’enveloppe..de la haut Quelqu’un écoute et veille..il suffit seulement d’en connaître le langage..et cela..ne peut être à la portée de tous, tel le quêteur du Graal, mes voeux ont été écoutés, quelque part..il suffit de briser le silence pour entendre l’écho nous répondre..de sa voix chaude et rassurante.

      Oui, je lui ai dit ! vraiment ! avec ma voix, mon âme, mon coeur, et mes pensées quotidiennes 🙂

    • Salam

      Il semblerait que tu sois doué pour faire pleuré le coeur de l’autre!
      Ne sois pas surpris si elle avance à pas d’escargot..

    • Je n’aime pas te voir souffrir!vraiment c’est difficile..
      si tu l’aimes vraiment pourquoi agir comme tu le fais.
      pourquoi ne pas être respectueux de l’autre!être à l’écoute.

      essaie tout de même de ne pas noircir le tableau,tu es bien plus fort que cela!

      sais-tu la chance que tu as?Il veille et il t’accompagne..

      tu dois réformer ton comportement lol :p et tout iras beaucoup mieux! Dieu aime la simplicité!!L’ HUMILITE..
      Que DIEU t’aide à retrouver un sommeil doux et paisible identique à celui d’un nouveau né! 🙂

      je prierai pour toi..

    • Faire bon usage de sa souffrance..c’est faire un pas vers la sagesse, même s’il n’est que pas d’escargot.

      Si son coeur pleure, c’est peut-être alors qu’il revient à la vie..

      J’avoue ne pas avoir eu conscience de cette chance 🙂 et à charge de revanche, l’écho des ondes vibrera à la prochaine lune, du son enchanteur, d’un paragraphe soigneusement choisi, ici :):)

      Que Dieu te protège

  24. Salam

    21. Il sortit de là, craintif, regardant autour de lui. Il dit : “Seigneur, sauve-moi de [ce] peuple injuste ! ”.

    22. Et lorsqu’il se dirigea vers Madyan, il dit : “Je souhaite que mon Seigneur me guide sur la voie droite”.

    23. Et quand il fut arrivé au point d’eau de Madyan, il y trouva un attroupement de gens abreuvant [leur bêtes] et il
    trouva aussi deux femmes se tenant à l’écart et retenant [leurs bêtes]. Il dit : “Que voulez-vous ? ” Elles dirent :
    “Nous n’abreuverons que quand les bergers seront partis; et notre père est fort âgé”.

    24. Il abreuva [les bêtes] pour elles puis retourna à l’ombre et dit : “Seigneur, j’ai grand besoin du bien que tu
    feras descendre vers moi”.

    25. Puis l’une des deux femmes vint à lui, d’une démarche timide, et lui dit : “Mon père t’appelle pour te
    récompenser pour avoir abreuvé pour nous”. Et quand il fut venu auprès de lui et qu’il lui eut raconté son histoire,
    il (le vieillard) dit : “N’aie aucune crainte : tu as échappé aux gens injustes”.

    26. L’une d’elles dit : “ô mon père, engage-le [à ton service] moyennant salaire, car le meilleur à engager c’est
    celui qui est fort et digne de confiance”.

    27. Il dit : “Je voudrais te marier à l’une de mes deux filles que voici, à condition que tu travailles à mon service
    durant huit ans. Si tu achèves dix [années], ce sera de ton bon gré; je ne veux cependant rien t’imposer
    d’excessif. Tu me trouveras, si Allah le veut, du nombre des gens de bien”.

    28. “C’est (conclu) entre toi et moi, dit [Moïse]. Quel que soit celui des deux termes que je m’assigne, il n’y aura
    nulle pression sur moi. Et Allah est Garant de ce que nous disons”.

    29. Puis, lorsque Moïse eut accompli la période convenue et qu’il se mit en route avec sa famille, il vit un feu du
    côté du Mont. Il dit à sa famille : “Demeurez ici, J’ai vu du feu. Peut-être vous en apporterai-je une nouvelle ou un
    tison de feu afin que vous vous réchauffiez”.

    30. Puis quand il y arriva, on l’appela, du flanc droit de la vallée, dans place bénie, à partir de l’arbre : “ô Moïse ! C’est Moi Allah, le Seigneur de l’univers”.

    sourate Qassas

  25. Salam,

    J’ai suivi votre passage télévisé chez RUQUIER, avec un grand intérêt. Je peux dire la chose suivante :

    on a envie de vous recevoir, c’est une certitude. On est content de vous voir et Eric Zemmour lui-même dit : « c’est un plaisir ». Alors qu’est ce qui ne va pas ? A première vue, vous sortez des stéréotypes, vous arrivez à parler des problèmes d’actualité mieux qu’un journaliste car vous êtes impartial et on sent que vos réponses sont fondées et documentées. A mon avis, ceux qui vous reçoivent espèrent qu’un jour vous changerez vos positions quant aux questions qui « dérangent » surtout après le moratoire (je suis désolée,
    la tradition musulmane veut que l’on ne touche pas au texte sacré). A part cela, je vous trouve en adéquation avec ce que vous défendez, c’est important de le souligner. Ces dernières années, j’ai vu personnellement, un engagement encore plus soutenu. On attend encore de vous (je suis désolée encore une fois, les autres islamologues ne partagent pas nos sentiments ni nos préoccupations, vous voyez ce que je veux dire) ?
    Concernant le chapitre sur l’amour ou que Monsieur RAMADAN ne parlait pas assez d’amour (je me base sur les paroles d’un des invités de Monsieur RUQUIER, j’ai du mal à retenir les noms), je pense que le clash des perceptions dont vous parlez, trouve toute sa justification car dans le monde arabo-musulmans, sans jamais parler d’amour, les gens vous le prouvent tout le temps et de mille façons : en vous disant bonjour sans même vous connaître, en vous invitant en mariage si vous passez devant chez eux le jour du mariage. On vous accompagne chez le médecin si vous n’y arrivez pas tout seul… Les preuves ne manquent pas… L’amour c’est aussi tout cela.

    Gâzâka Allahu khayran ‘annâ.

  26. Depuis un bon moment l’étincelle de l’amour a fané en moi. Plus d’amour, si ce n’est la peur, une mutation génétique assez violente exercée par les lois de la misère (autre mutation génétique de la nature).

    Voilà, chers frères. Vivre et après philosopher disaient les autres. Je change de regard quinze mille fois par jour pour ne redécouvrir que les dix sept milles visages de la misère. La manifestation du désamour collectif est si diverse et toujours novatrice. Une violence lente comme ces rivières de glace nordiques qui rongent les roches les plus durs, lentement. Aucun espoir et il n’y a pas de magie.

    Une image glacée, trompée d’intempérie, épuisée par le labour : un facteur (comme le fonctionnaire de la poste) mal habillé, santé médiocre, mal chaussé pendant une longue saison d’intempérie… il ne rêve que de transmettre le message, faire arriver le courrier au destinataire en bon état : c’est sa seul joie, son seul espoir, sa vraie vie. Un amour.

    Un amour contre les lois de la pesanteur

    Eteeeeeendre les voiles de la vie

    Et voler en pleine liberté

    Au ras du sol

    Grand défi !

    (Affectueusement)

  27. Le poète doit chercher à extraire l’extraordinaire de l’ordinaire. Simple mortelle, j’essaye depuis ma tendre jeunesse à cerner l’ordinaire dans l’extraordinaire Tariq.

  28. Eluard disait aussi:
    Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien
    disait un imbécile
    Plus je connais les hommes, plus je les aime
    disait un chien
    Plus je connais, plus j’aime, disait un homme

    Pour dire que l’amour est aussi une question de compréhension, de connaissance

  29. Le manque d’amour dans le coeur de nos freres et soeurs peuvent etre dangereux. le plus souvent c’est un manque de repere de limite qui ne leur permette pas de se remettre en question de faire un travail sur soi meme. Ils ignorent que les choses simples de la vie sont les meilleurs : prendre un repas entre famille, faire la priere en commum, regarder un paysage, se balader…
    Les gens ne vivent que pour le matériel souvent on retrouve des coeurs fades sans amour,sans pitié … mais c’est a nous musulman de leur montré les choses simples de leur indiqué avec tact de leur démontrer la vérité de la vie. Ce travail doit se faire tous ensemble et ne pas toujours jeté la faute sur l’un ou l’autre donc effectivement « jugé » Il y a que l’Unique qui peut jugé ensuite on peut s’explique chercher a comprendre faire en sorte que chacun respect l’avis de l’autre mais ne pas juger malheureusement c’est très récurent. Mais nous devons les guidez les aidé leur expliqué et le faite d’etre musulman il ne sont pas censé le savoir(au vue des préjugés) mais nous en aucun cas nous en éloigner.

  30. Il est precieux cet article.

     » Aimer c´est Voir  »

    Vous avez une grande vision dans votre coeur. Merci pour partager.

  31. un texte simple et profond ,un texte educateur d’âme et d’être par la suite
    un train cache tjrs un autre train
    c’est la mm chose pour les textes
    ce texte me touche , me parle m’éduque ,chacun de nous doit apprendre ou rapprendre à aimer !savoir aimer l’autre et quelque part avoir du respect pour soi même et de vivre dignement
    dire je t’aime et trouver ses propres mots ,son propre langage pour l’autre est la chose la plus extraordinaire et la plus simple qui puisse exister…
    merci Mr tariq ramadan

  32. Bonsoir Maître,
    vous me faite penser à un autre Maître : Confucius(551-479 avant Jésus-Christ) dont j’apprécie la doctrine avant que la Vôtre.

    Concernant l’article je le trouve magnifique dans son ensemble.
    De ce texte, j’en déduit notamment une chose essentiel :
    la quête du sens et de vérité à travers trois mots clés : l’amour,la nature et la spiritualité dans une perpétuel réflexion de son être ainsi que, de se qui nous entoure; pour aller au delà des stéréotypes que l’on se fait du monde, des gens et des choses.

    Je me suis permise de le diffuser sur mon site.

    Merci

    Cordialement

    Naima

  33. Cher frère Tariq,

    Parler d’amour… Parler et parler…

    Il y a différents types d’amour, différents degré d’amour.
    Personnellement, je considère l’amour comme la mer. Si tu es fasciné par la mer, tu vas entreprendre un voyage, une aventure…Vers l’horizon à la recherche…La beauté de la mer, son calme, son odeur te laisse vivre des moments inoubliables. Mais, il ne faut pas oublier que tu es à la recherche d’un endroit sur terre aimable et sécuritaire sur lequel tu vas t’installer. Et dans chaque aventure il y a des imprévus comme les tempêtes, les longues attentes…Tu attends avec impatience l’apparition d’une île pour te reposer et mettre les pieds sur terre. Oui, la rencontre nous donne beaucoup d’espoir et beaucoup d’énergie mais elle reste éphémère. Tu reprends ton voyage… impossible de retourner…Alors, soit tu te perds dans cette immense mer, soit tu arrives à ta destination. Il ne faut surtout pas oublier les prières car seul Dieu SWT est capable de nous sauver.

    Une fois sur terre il ne faut pas tourner le dos à la mer. Ne l’oubliez pas, gardez un œil sur elle, elle est si belle!

  34. C’est certainement une juste vision monsieur Ramadan.

    L’amour est création, il me semble être reconnaissance par la conscience pleine et entière du lien qui est de toute éternité entre chaque parcelle du divin, dont nous faisons partie.
    Mais il est si difficile de ne pas tomber dans ce péché qui consiste à confondre la passion, le feu brûlant d’avidité et la compassion, amour objectif, science véritable du divin qui n’est caché que par un voile d’incomplétude dans l’être.
    Une remise en cause intérieure et l’utilité d’une sensibilité pleine, d’une compréhension pleine sont plus que jamais nécessaires pour être Homme et marcher avec Dieu.

    L’Être est lien, la Vie est communication, Sens, Verbe créateur.
    La sexualité n’est que part d’un Art, d’un ensemble qui est infini et qui est Amour, qui englobe tout ce qui est l’homme et non seulement l’instinct de Vie en lui.
    Et quand sexualité se lie avec mental de consommation, quel malheur pour les hommes!

    Gardons Foi dans le Cœur, source de justice à l’intérieur, à l’extérieur.

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