« Si tu apprends par cœur mon poème  » Par Emmanuel Joseph

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« La position prise dans le texte est celle de son auteur et pas forcément celle du site qui l’accueille et la publie »

Si tu apprends par cœur mon poème
Ne le dis pas aux égorgeurs d’aube
Ni à ceux qui portent la nuit sur leur poitrine
Ne le dis pas aux chiens de garde de la race vipère
Ni aux courtiers néolibéraux
Mais dis-le constamment aux enfants de la ville
Qui mangent de la terre pour avoir le soleil
Dis-le aux gens qui pleurent l’absence de la nudité de l’arc-en-ciel
Au carrefour du silence
Pour leur apprendre que la vie ne se cache pas derrière ces montagnes
Qui ont longtemps vendu leur corps à la nuit
Si tu apprends par cœur mon poème
Ne le dis pas aux assassins de nos rêves
Ni à ceux qui blessent nos étoiles à coup de pierres
Ne le dis pas aux tueurs à gage de nos espoirs
Ni aux fantômes qui nous gouvernent
Ne le dis pas, je te prie, à ceux qui se prostituent
Pour maintenir l’ordre socio-métabolique du capital
Mais dis-le sans cesse à la folie du vent de nos îles
Et aux bruits de nos vagues frêles et caressantes
Dis-le à la face de l’aube et à la profondeur de l’abîme
Quand la ville allonge vers nous les ratures de ses rues en dentelles
Dis-le à ceux qui n’ont pas de bouche
Mais qui appellent la liberté avec des cailloux blessés et de bruits d’orage
Dis-le aux petits Toussaint de nos brousses, nos savanes
Pour leur apprendre que, de nos jours, l’insidieuse n’est pas à l’égale mesure du vide.

« La position prise dans le texte est celle de son auteur et pas forcément celle du site qui l’accueille et la publie »

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