J’ai de vieux souvenirs qui viennent me hanter
Au cœur de mes nuits, les yeux fermés, mon cœur éveillé
Je revois ces images, douceurs de mon enfance, blessures de la vie
Je n’arrive pas à dormir, mes larmes inondent mon corps, et mon esprit
Je te revois à table, tu me regardais, tu ne me regardais plus
J’ai cherché tes yeux pour savoir, et je n’ai jamais su
J’ai tellement eu mal, tu sais, j’ai pleuré pour te parler
Tu n’as vu ni les mots de mes larmes, tu ne m’as pas écouté
C’est vrai, tu ne m’as pas abandonné, tu ne m’as jamais frappé
Tu étais absent, j’étais seul et blessé
Ta violence était nulle part, papa, la blessure partout
Sans violence, c’est vrai, mon cœur porte pourtant la violence des coups
Je pense à toi, papa, tu es parti là-bas, et tu m’as quitté
Il fait nuit dans mon cœur et ma couche chavire dans l’obscurité
Toutes ces douleurs, ce soir, s’invitent dans mon lit
Je te ressemble tellement, tu sais, je n’ai pas les mots, et mes silences crient
Où es-tu ? Pourquoi m’as-tu laissé cette blessure et ces doutes ?
Il aurait suffi de m’aimer, de le dire, me murmurer la route
Tu n’es plus là, tu me parles, fallait-il ta mort pour que tu voies ma vie ?
Quelle est donc cette douleur qui fait saigner mon cœur et étouffe mon esprit ?
Je suis dans mon lit et j’essaie de comprendre le sens de cette vie
On fait comment quand l’aube est aussi triste qu’un enfant sans ami
Tu m’entends ? Là où tu es, t’a-t-on dit qu’un papa est l’amour et la main ?
Tu sais, toi, là-bas, ma tristesse, ma douleur, mes doutes et mes besoins ?
Là, papa, j’ai juste besoin qu’au chevet de mon lit tu entendes ton enfant
Ils disent que tu es parti, que tu es mort, que c’est fini, que je dois être grand
Viens papa, assieds-toi près de moi et dis-moi, maintenant, ce que tu taisais.
Maintenant, j’ai besoin, de toi, de tes mots, de tes caresses, faisons la paix.
C’est vrai, tu ne m’as pas abandonné, tu ne m’as jamais frappé
Tu étais absent, j’étais seul et blessé
Ta violence était nulle part, papa, la blessure partout
Sans violence, c’est vrai, mon cœur porte pourtant la violence des coups
Il fait nuit et je te parle. Je ne veux plus ni larmes, ni mots, ni confessions
Je ne veux ni me plaindre, ni crier, ni demander pardon
Je veux comprendre pourquoi la vie t’a fait absent et la mort si présent
Pourquoi, à mon âge, un père, dans la nuit, parle comme un enfant.
Je te ressemble tellement. Est-ce la destinée ou une malédiction ?
Mes enfants, tu sais, je vois dans leurs yeux et ta violence et mes questions
Jusqu’à quand portons-nous les blessures du silence et les amours sans mots ?
Parle-moi, s’il te plait, tu dois enfin connaître le secret des douleurs et des maux
Il est tard papa, assieds-toi près de moi. Écoute, je voulais que tu saches enfin
J’ai essayé, et j’aurais tant voulu t’entendre me dire le sens, ma main dans ta main
Il fait nuit et soudain je prie. Je ne dis rien et tu es là. C’est l’amour n’est-ce pas ?
Mon cœur saigne, cet amour fait si mal et personne ne voit, assieds-toi papa.
C’est un vide, une blessure, une torture qui chaque nuit m’étouffe. Tu es parti.
Je revois notre salle à manger, tes gestes, ta voix, tes yeux, tes mains, tes habits
Le temps est passé, je deviens ce que tu étais et je pleure que tu ne sois plus là
Je sais. C’est la vie, la mort, le manque, la douleur et l’amour d’un papa.
C’est vrai, tu ne m’as pas abandonné, tu ne m’as jamais frappé
Tu étais absent, j’étais seul et blessé
Ta violence était nulle part, papa, la blessure partout
Sans violence, c’est vrai, mon cœur porte encore la violence des coups
Le soleil se lève et je ne sais pas dire les mots de l’amour
Les enfants sont-ils nés, amputés pour toujours ?
J’aimerais tant, tu sais, offrir à mes enfants le rêve de cette nuit
Comme si ma blessure était leur cadeau pour la vie.
Je serai ton fils pour toujours et je serai leur père
Dans la nuit, j’ai vu les mots et la lumière.
C’est la vie n’est-ce pas ? Comme ma souffrance le dit
Viens papa, tu es parti et tu es là. Merci pour la vie.
C’est vrai, tu ne m’as pas abandonné, tu ne m’as jamais frappé
Tu étais absent, j’étais seul et blessé
Ta violence était nulle part, papa, la blessure partout
Tu es là ce matin, reste, j’ai besoin, dis-moi, dis-moi tout.
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