Mosquée Escaudain :  » L’ éthique  » 01/06/2013

Je rebondis sur les commentaires de certains déphasés (1) avant de donner mon avis (2).

1. Les commentateurs déphasés

@ Un Français ouvert aux autres…

Et alors, ce que tu dis c’est le minimum. Le problème c’est qu’il reste des inégalités. Que la France donne ou non, nous nous en moquons éperdument. Tu es passé à côté de la problématique. Ce que tu fais c’est décrier une situation que tu n’admets pas : tu aimerais leur retirer le peu d’aides. Ensuite concernant les BMW que certains arabes ont. C’est l’argent de la drogue. Donc ce n’est pas un argument en faveur de la France, mais ca montre cette fracture sociale. Cette inégalité. Cette incitation à un communautarisme raciste. Et tout ton propos est raciste.

@ j’ai une question svp

« L’éthique » c’est très loin d’être le bon comportement. C’est la morale areligieuse.

2. Mon avis concernant la vidéo.

Rapidement car il faut que j’aille me coucher.
Premiere chose :
Il est dit dans cette vidéo que « prier vite » c’est un automatisme et que donc nous en perdons la profondeur. Mais tout ce qui est habituel ne devient-il pas un automatisme ? Est-ce réellement possible de toujours mettre de la profondeur puisque nous n’avons pas toujours la tête aux émotions et à la sensibilité. C’est un automatisme, une habitude.

Deuxième chose :
42 min 06 : ce qui est dit ici ressemble à un léger raccourci. C’est un détail. Mais je rebondis car c’est une chose que certains font de déduire de leur pensée du moment, ce que Dieu a voulu dire. Ma mère est experte en cela. Je cite : Dieu « vous dit cette beauté c’est pas l’obsession de la grammaire » ? Dieu dit cela donc ? Ah oui… ca c’est votre pensée ! Pas celle de Dieu.
Ce que fait ma mère elle c’est penser une chose et pour soutenir sa pensée, elle cite un verset et ensuite elle dit Dieu dit que, et le reste ca se termine par sa propre pensée. D’autres musulmans font cela aussi. Ca n’a pas d’importance.

Troisième chose :
Il est dit dans cette vidéo que les musulmans doivent éviter la vulgarité pour se distinguer en bien. Pour cela il faudrait que la situation de ghettoïsation des musulmans évolue car notre parlé dépend de notre entourage et en l’occurrence de notre accès à la culture, donc si nous sommes regroupés en incultes, nous allons tenir un vocabulaire d' »ouvriers ».

Quatrième chose :
Je suis gênée – même si c’est tout à son honneur – par ce qui est dit de la « distinction » et la « moralité ». il est dit dans cette vidéo assez substantiellement que la finalité de l’islam (la pratique de l’islam) c’est le bon comportement. Je pense qu’il ne faut pas idéaliser le bon comportement. Il y a dans le bon comportement une dimension perverse : celle de la désintégration de soi, de la disparition de soi. Qu’y a t il de mal dans les désirs ? L’être humain par essence est désir & désirs, passions. Idéaliser toute cette « moralité », la « distinction » et le « bon comportement » c’est perdre la dimension humaine.
Je m’inclinerais face à l’homme qui saura nous apprendre à nous pervertir. Pas dans l’absolu. Mais je pense qu’il y a du bon dans le fait de se pervertir modérément quand la dimension de la moralité est trop présente en nous. Qui nous apprendra à nous pervertir ? Il faudrait un homme d’une intelligence particulière. J’ai tant cherché dans ma vie. J’ai passé des nuits à chercher, je ne dormais pas. Je n’ai jamais trouvé la réponse. La perversion c’est aussi une façon de se récupérer, une forme de résurrection de soi. Car encore une fois, il y a dans le bon comportement et dans la moralité, une dimension de mort de soi.

Merci à tous. Salam

1. Développement sur la quatrième chose : sur la moralité
Sous-titre : Définition actuelle de la moralité fausse et perverse.

Non par plaisir d’écrire mais pour l’Intérêt Général.

Le monde a tord de penser que la moralité c’est la protection des intérêts d’autrui. La moralité c’est la protection des intérêts d’autrui mais aussi la protection de nos intérêts individuels. En effet, protéger les intérêts d’autrui au détriment de nos intérêts individuels c’est pervers. Autrement dit, dire que la moralité c’est faire le bien pour autrui c’est pervers. Caricaturalement le masochisme est une perversion (DSM V). La timidité est une perversion. La perversion n’est en effet pas le fait d’être attiré par le mal c’est aussi le fait de se faire du mal. Est aussi bien condamnable une personne qui bafoue ses propre droits qu’une personne qui bafoue les droits d’autrui.

Nous devons cesser immédiatement, dans le monde, de prôner une moralité qui se définit exclusivement par rapport à autrui. Je garderais à jamais cette amertume de voir combien la société glorifiait ma propre perdition. Parce que j’étais timide, parce que j’étouffais mes désirs, parce que j’étais morte, on se réjouissait de qui l’on croyait que j’étais. Je n’ai jamais été cette personne. Mes désirs étaient simplement étouffés et mon Moi refoulé.

La moralité c’est clairement l’équilibre entre nos désirs et la censure sociale. Bien souvent on amalgame – les théoriciens en psychologie en l’occurrence – censure sociale et moralité. Notamment quand ils représentent schématiquement les états du moi. Or c’est une erreur, un biais de raisonnement. La moralité c’est l’équilibre entre les désirs et la censure sociale. En d’autres termes ce qu’ils représentent par le Moi, c’est cela la moralité. La moralité c’est compter avec nos désirs pour être une personne équilibrée. Sinon nous sommes une personne déviante à notre encontre.

La timidité naît de ce biais de raisonnement : surinvestir la censure sociale en la faisant passer pour moralité, c’est une injustice. La timidité est une perversion, c’est une forme de masochisme.

2. Cinquième chose : le cadre du concept de « principes islamiques ».

M. Ramadan dit à moultes reprises qu’il est possible de considérer l’islamité en fonction des principes islamiques, ce qu’il nomme également finalités. Pense t-il que prescriptions inscrites noires sur blanc relèvent du purement formel ? Moi je pense qu’il y a toujours des principes et des exceptions. Mais quelle est la limite à cela ? Concrètement, si nous sommes pour les principes islamiques au détriment de certaines prescriptions islamiques, n’est il alors pas possible de rendre tout hallal ? Par exemple, me suffit-il de trouver des excuses pour m’autoriser à faire des choses haram ? Par exemple : il est haram de manger du porc. Un jour je suis en colère et j’ai un besoin irrépressible de manger (compulsion), je trouve du porc dans le frigo de ma voisine. Au nom du bien-être peut on tout s’autoriser ? Car si nous parlons en terme de principes islamiques, ne pouvons nous pas tout nous autoriser ? « Des excuses » (?) j’en ai à tire-larigot. C’est la raison pour laquelle nous voulons savoir comment définir ces principes islamiques et quelle est la limite. … si la question n’est pas trop complexe.

3. Sixième chose : les magistrats seuls compétents dans l’application des peines islamiques.

Refus de l’application des peines réservées aux transgresseurs par d’autres que des magistrats. Exemple : wa qatilouhoum « et tuez les » concernant les homosexuels.
Pour moi, il s’agit d’une application qui doit être ordonnée par des magistrats et il serait trop injuste car intéressé de demander au peuple lui même d’agir. C’est comme pour la trahison de l’honneur de la famille. Au nom de quoi les homosexuels devraient être même maltraités ou insultés dans les rues. Je pense que l’homophobie n’est pas islamique. Ce qui est interdit c’est la sodomie – non pas au nom du Tawhid (!) – mais pour des raisons médicales (verset qui dit que de notre propre main nous ne devons pas causer notre propre destruction). Or des couples musulmans qui pratiquent la sodomie ont des attitudes homophobes. Le peuple est trop intéressé pour prétendre rendre la justice, ce sont les magistrats qui doivent la rendre. Et là nous retombons sur le fait que l’applicabilité de l’islam n’est pas possible dans Dar al-Koufr (=pays où la législation islamique ne s’applique pas). Croyez moi l’islam n’est pas applicable là où la législation n’est pas islamique… tout en acceptant que mon propos soit sujet à caution, ma connaissance étant maigre.

4. Septième chose : les dominateurs & leur interdiction du haram

Il y a effectivement des dominateurs qui se servent de l’islam pour nous sommer de ne pas commettre des actes haram. Leur plaisir c’est de nous humilier. Alors oui ce n’est pas à eux de nous dire ce qui est haram. Eux font parfois pire. Je comprends donc que M. Ramadan a du mal avec ceux qui veulent le dominer en lui parlant de haram. Renvoyons chacun de nous à sa propre conscience.

@ Philippe WILLKOMM

Salut – Salam

Je suis très touchée de votre attention. Merci.

Peut-être me suis je mal expliquée. Je voulais dire qu’il y a une dimension pathogène pas seulement dans les désirs mais aussi au niveau de la censure sociale. Il faut de la modération simplement. As-tu lu le 2e texte dans cette page qui était lui plus explicite. Tu as raison je me suis mal exprimée dans mon 1er texte. Je ne voulais pas dire devenir « pervers dans l’absolu » mais l’être relativement, au sens où il faut donner libre cours à une partie de nos désirs (Ca). Pour moi ce que je voulais dire par perversion au niveau des désirs comme au niveau de la censure sociale quand ils sont en excès, c’est la déviation. Quand j’appelais à la Perversion, j’appelais simplement à aimer faire le mal. Ne crions pas horreur avant d’avoir compris. Aimer faire le mal cela veut dire l’aimer dans le cadre de la protection de nos intérêts. Aimer faire le mal pour la Justice. Il y a par exemple des juges « sadiques » : un de nos enseignants en était, il était reconnu comme tel pour tous les élèves. Donc je pense qu’il faut avoir un minimum d’attrait pour le mal dans le cadre de la Justice. Par exemple il serait totalement contre-productif d’éprouver de la pitié pour une personne qui nous fait du mal. Il faudrait au contraire prendre plaisir à lui faire du mal. Et d’ailleurs il me semble qu’il soit dit dans le Coran que les dominateurs doivent être humiliés ou au moins les pervers, si je ne m’abuse. Donc attention tout dépend de notre référent. Je n’ai jamais dit chercher un homme pervers. Oh oui il y en a. J’ai dit que je n’ai trouvé personne qui puisse m’aider à pervertir mon âme, peut-être me suis je mal exprimée, pervertir mon âme au sens où j’aimerais apprendre à décupler ma permissivité quant à mes désirs, mes caprices, etc… m’autoriser plus de choses. C’est cela l’équilibre mental. C’est cela l’opposé de la perversion. C’est cela la dimension humaine. C’est cela le fait d’être intègre à soi-même. C’est cela le fait d’exister. J’ai dit que je ne suis pas – malheureusement – une personne pervertie, je considère que je n’existe pas réellement car encore une fois mon Moi est refoulé, j’aimerais oeuvrer à sa résurrection. Je ne disais donc pas que je cherchais un homme pervers. J’ai dit que je cherche un homme pervers qui puisse m’apprendre – qui accepte donc – de m’apprendre à me pervertir. J’employais le mot perversion au sens commun. En réalité, à considérer ce terme de mon sens, j’appelais plutôt à un apprentissage du rééquilibrage du Moi. J’espère que vous me comprendrez sans me lire de façon fermée. Je suis de la rationalité, ne soyez donc pas des émotifs. Je calcul au nom de la Vérité, pour la Méthode.