Dialogue du 1er Mars 2005

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Question posée par Driss :  (Postée le 1er mars 2005 à 22h02) 


 

 

Assalam Oulaykoum. L’être humain est doté de tous les ingrédients qui ont tendance à l’éloigner de Dieu. Le plus important est bien entendu la façon dont on se rapproche de Dieu. La prière est une façon de marquer ce rapprochement. Dans un monde où tout va vite et où le contexte ne permet pas de consacrer une place importante à la pratique religieuse, je pense particulièrement à la prière quotidienne. Penses-tu qu’il nous sera pardonné de regrouper nos prières en fin de journée faute de pouvoir les accomplir suivant l’horaire établi. Merci pour ton aide et que Dieu te donne la force de continuer dans cette voie pleins de mérites.

 

 

Réponse de Tariq Ramadan :

 

 

 Cela ne peut être que de façon exceptionnelle. Le sens même de la prière cinq fois par jour est de rester lié à la Présence de Dieu. En fin de journée, dans la fatigue et la précipitation, le sens se perd. Non, de soi à soi, notre coeur nous dit qu’il ne faut pas… quand tout va trop vite, c’est justement le moment de trouver, par tous les moyens, de s’arrêter, de prière… cinq fois, à cinq moments différents, de la journé

 

 

Question posée par Abdel Adil : (Postée le 1er mars 2005 à 16h42) 

 

 

As salamou aleykoum wa rahmatou ALLAH wa barakatouhou.


Cher frère Tariq, J’aimerais savoir le meilleur moyen de rester concentré dans sa prière ? Comment sait-on losque la fois a pénétré son coeur, quel sont les signes ?.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Il faut se donner les moyens de la concentration. Cela commence au moment des ablutions. Se concentrer sur le sens réel et profond de l’ablution (purification physique et spirituelle). Il faut ensuite trouver un espace calme, se conditionner avanat la prière à prendre conscience de se rendez-vous avec Dieu. Quand on connaît l’arabe, se concentrer sur ce que l’on dit. Parfois répéter un verset. Si on ne parle que le français, apprendre la signification de ce que l’on dit en arabe (les traductions existent). Il faut se mettre dans une dispositions d’esprit et de coeur : parfois les prières seront réellement pleine de souffle, parfois sans grande spiritualité. Mais il faut continuer car on atteind parfois la profondeur de la lumière que par une permanente exigence sur les formes de la pratique. Que Dieu nous aide


 


 


Question posée par Jalel :  (Postée le 1er mars 2005 à 21h57)


 


 


Salam ‘alaycom très cher frère Tariq. Qu’est ce que vous pensez de assahifa assajadia de l’Imam assajad et pourquoi les musulmans sunnites sont coupés de ce grand patrimoine spirituel qui est celui des Imams du shiisme duodécimains ?


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Beaucoup de stupidités et de non sens sont dites par les musulmans concernant le chiisme. Beaucoup n’en connaissent pas les tendances et les enseignements. Il vaut mieux alors tenir sa langue. A l’étude, oui, on comprend que beaucoup d’enseignements sont profonds, nécessaires et utiles.


 


 


Question posée par Toufilasteen :  (Postée le 1er mars 2005 à 21h52)


 


 


Asalam aleikoum, ya akh al kareem, barek Allahu fik, nous avns une questions par rapport à la prière. Comment peut-on cultiver la spiritualité, la profondeur, dans la prière et éviter qu’elle devienne un ensemble de mouvements mécaniques ? Merci pour votre engagement et pour vos rappels constants à la spiritualité dans ce monde désenchanté.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Nous avons parlé plus loin de la prière. La profondeur suppose des prédispositions mais il ne faut pas tomber dans le piège d’opposer l’exigence formelle stricte et la profondeur. Il n’y a pas de profondeur spirituelle sans exigence formelle dans la prière, les connaissances et le rapport au temps. Toutes les spiritualités et les religions nous l’apprennent. L’éducation à la profondeur en amont devrait donner sens à la précision formelle en aval, wa Allahu a’lam


 


 


Question posée par Ibrahim : (Postée le 1er mars 2005 à 21h43)


 


 


salam alaykoum, en espérant que ce message vous trouvera tous en bonne foi ! Ma question est la suivante : Le prophète Mohammed(paix et bénédictions de Dieu sur lui) nous a enseigné que le rêve pouvait faire partit de la prophètie. Mais, qu’en est-il de leur interprétation, faut-il suivre son instinct ? ou bien existe t’il des ouvrages sérieux qui donnent des indications correctes ? BarakAllahou fiqu pour ta réponse et que Dieu rapproche les sincères.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Il faut faire attention aux rêves et à leurs interprétations. On ne sait ni leur origine spirituelle ni le sens à leur donner. Il faut d’abord vivre avec, se les rappeler, les analyser, chercher à comprendre, en faire nos compagnons. Peu à peu, on peut aller plus loin, se renseigner, lire sur la question. Il ne faut surtout pas se précipiter. L’état spirituel de votre coeur doit aussi rester un paramètre et les savants qui vous entourent doivent pouvoir vous aider


 


 


Question posée par Bilna  : (Postée le 1er mars 2005 à 21h38)


 


 


salam aleykoum



Je voulais dabord vous remercier pour ce que vous faites je me suis rendu compte que ce n’etait pas facile de « croire » c’est à dire atteindre une spiritualité forte je crois en dieu je fais ma priere mais je ne suis pas satisfait de moi même. que faire……..


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Je viens de répondre à une question sur la prière… il faut s’y référer. Il faut surtout se prendre en charge. Entre les prières, il faut donner du sens à son engagement, donner, servir, sourire. Donne aux hommes pour recevoir de Dieu dans ta prière…


 


 


Question posée par malika : (Postée le 1er mars 2005 à 21h13)


 


 


Salam,



Une autre question. Je suis en train de lire le livre d’al ghazali dont le titre est l’apaisement du coeur. Je suis au chapitre « blame du monde ». Dites-moi comment se détacher du monde alors qu’on y vit ? merci.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


« Eloigne-toi des biens de ce monde, Dieu t’aimera ; éloigne-toi de ce que les gens aiment, les gens t’aimeront » Ce n’est pas facile, mais il faut questionner ses priorités et le sens que l’on donne à son existence. Une épreuve, un accident peuvent nous réveiller des illusions du monde. Il faut commencer par donner de l’importance aux questions de sens, à l’amour, à la justice, à la fraternité et dans ce cheminement ne pas oublier l’horizon de l’Unique, au-delà de cette vie. Que Dieu nous aide


 


 


Question posée par Lajou :  (Postée le 1er mars 2005 à 20h01) 


 


 


Je me permets de vous poser une question qui me taraude vraiment ! Vous avez intitulé une de vos conférences Déconstruire la pensée islamique, un titre très évocateur mais je m’attendais plus à une critique de type derridienne où vous remettriez finalement en question les concepts et outils hérités de nos savants prédécesseurs que revenir sur des concepts obsolètes qui n’ont pas encore été étudiés en profondeur. Comme vous vous plaisez à le dire, les « jeunes » qui sont attentifs à votre parcours sont souvent des universitaires et par conséquent ils réfléchissent et font du doute leur méthode. Je pense notamment au Qiyas, à l’analogie. Il est unanimement reconnu que les deux sources sont le Coran et la Sunna. Ensuite, intervient l’Ijtihad et l’analogie. Je n’ai pas besoin je pense de vous dire ce qu’est procéder par analogie. On dit donc qu’il faut procéder par analogie dans certains cas, certes ! Mais ce que l’on ne dit pas, et c’est ça qui est intéressant, c’est en tous cas ce à quoi m’a fait penser votre fameux déconstruire, c’est que l’analogie est devenue comme un dogme alors que si l’on étudie de près cet outil, on se rend compte que c’est du logocentrisme grec ! Déconstruction et logocentrisme sont deux termes clés (avec la différance) de la pensée de Derrida. Donc ce qui serait intéressant, c’est de dire – en tant qu’universitaire qui est censé sonder, observer et surtout analyser ce qui est sous-jacent – qu’en effet, rien ne naît de manière ex nihilo et que tout le monde subit l’influence de son contexte. A l’époque, c’était sans doute le néo-platonisme, aujourd’hui c’est sans aucun doute le relativisme. Par conséquent, avant d’utiliser ces concepts, il faudrait d’emblée en faire la grammaire ou l’archéologie pour pouvoir faire évoluer la pensée et construire de nouveaux outils. Je pense pour terminer notamment à Bokhari qui est un des auteurs les plus connus et reconnus des musulmans du monde entier. La preuve est son Sahih utilisé dans les 4 coins du monde. Cela dit, de nouveau, chaque individu naît dans un contexte et est influencé par celui-ci. L’homme moderne l’est par le relativisme d’Eistein, la psychanalyse freudienne, les facteurs socio-économiques que Marx a relévé etc. et les savants musulmans ??? Qu’en est-il ? La pensée de Kant, de Niestzche etc. est utilisée pour être critiquée, réadaptée, en faire de nouvelles lectures… ( Heidegger était fort mécontent et l’a fait savoir quand il a constaté que dans la seconde édition de La critique de la raison pure toute la dimension de l’imagination avait été supprimé par Kant !). Qu’en est-il de nos savants et intellectuels qui sont adulés mais jamais critiqués ??? Quelle est la démarche à suivre ??? J’espère vraiment et sincèrement que vous me répondrez… même si j’ai mauvais espoir. Alaykoum salam


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


Raté Lajou pour le « mauvais espoir » philosophique.



Ce n’est pas moi qui avait intitulé ainsi mon exposé mais ce la ne me dérangeait pas, au contraire.



Je crois que vous avez une vision un peu caricaturale des concepts islamiques dans le domaines des usûl al-fiqh et du fiqh appliqué. On peut, bien sûr, faire de la philosophie mais encore faut-il maîtriser les concepts et les méthodologies utilisées dans les sciences islamiques, sous peine de se perdre. Le qiyâs est une des formes de l’ijtihâd appliqué et les savants, dès l’origine, l’ont discutée et disputée. Le rapport complexe au contexte n’a jamais été remis en cause par les grands savants à la seule différence qu’ils différenciaient les domaines d’application. Il faut donc aller plus loin que la démarche que vous proposez mais cela m’est impossible ici.



Cette question n’était pas liée au sujet, je l’ai quand même choisie… pour votre espoir. Fraternellement


 


 


Question posée par riri :  (Postée le 1er mars 2005 à 17h44) 


 


 


salam alaikoum



une question autour des intentions..



Riyaa…shirk… sincérité (siddk)…et sincérité (Ikhlas)



Concrètement : lorsqu’une action, qui nous semble nécessaire sur le terrain, qui semble être une bonne idée… mais à laquelle il manque la certitude : est-ce vraiment pour Allah ? est-ce vraiment JUSTE pour Allah ?… et puis qu’on s’aperçoit qu’il réside peut être…sûrement…dans le coeur, quelque part, un peu de Riyaa… que faire ???? 1-laisser tomber l’action ?…et par là, une bonne occasion de changer des choses, et davancer… 2- ne pas laisser tomber l’action, mais rester dans un mal aise intense, risquer de tomber dans le « shirk »…



bref, il y a sûrement une troisième voie… Tu pourras peut être m’éclairer !!



Qu’Allah te protège notre frère ! baraka Allahou fika ! wa salamou alaikoum


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Le shirk (l’association des intentions) est toujours un risque et le doute est une réalité. Il ne faut ni négliger cette réalité ni en être obsédé. Les Compagnons se demandaient s’ils étaient hypocrites et continuaient pourtant à s’engager à l’instar de ‘Umar. Il faut donc questionner son intention, agir, évaluer et continuer en cherchant à s’améliorer… dans l’exigence de l’évalutaion, la patience de sa purification et la confiance de son acceptation in shâ’ ar-Rahmân.


 


 


Question posée par Tâlib  :  (Postée le 1er mars 2005 à 17h40) 


 


 


Bismillâhir Rahmânir Rahîm As’salamoualaykoum wa rahmatoullâhi wa barakatouh,



Etant donné que le sujet tourne autour de la spiritualité musulmane, je souhaiterais savoir, si vous pouviez effectuer un petit rappel sur : « Moûhassabâ wa tawba » … Comment faire ? Quand faire ? … ?



De plus, je souhaiterais avoir votre avis sur l’éducation et l’instruction dans notre communauté, de maniére générale et individuelle … Quelles priorités ???



Voilà, baraka’ALLAHou fiqa wa djazak’ALLAHou khaïran …



Qu’ALLAH (swt) vous accorde Ses Bienfaits dans votre vie d’ici-bas aisni que dans celle de l’au-delà, qu’IL vous préserve du châtiments de l’Enfer ainsi que les chatiments et supplices de la tombe et qu’IL vous accorde Al-Firdaous, Amîne ya’Rabi Al-Alamîne.



Signé : Tâlib, Cyril – L.M de Chambéry. (un « musulman non-maghrébin et non arabe » mais pas un « converti » … juste « musulman »)



Was’salamoualaykoum wa rahmatoullâhi wa barakatouh.


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


Une longue expression de ton identité Tâleb…



On n’avance dans la foi que si l’on se donne des moyens de l’évaluer. Aussi, chaque, jour, chaque soir, après les prières ou seul, il faut faire le compte de ce que l’on est, de ce que l’on fait. Il n’est pas nécessaire d’en parler, simplement d’être avec soi et Dieu et Il entend et comprend.



Quant à nos erreurs et nos blessures, il faut revenir (tawba) à Dieu. Ici, trois choses sont en général rappelées : regretter ce que l’on a fait, ne plus vouloir recommencer et être intimement persuadé que Dieu pardonne. At-tawba marie l’exigence de la conscience et la confiance en Sa bienveillance… C’est une école de la vie.


 


 


Question posée par Banass : (Postée le 1er mars 2005 à 14h42) 


 


 


BONSOIR MAITRE.MA PREOCCUPATION C’EST DE SAVOIR QUELLES SONT LES VERTUS D’UN BON EPOUX EN ISLAM ET QU’EST-CE-QU’ON DOIT ATTENDRE D’ALLAH APRES LE MARIAGE ?


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN : 


 


 


 Certains m’ont interrogé sur le mariage, la sexualité, les rapports hommes-femmes : nous reviendrons, promis in shâ Allah, sur ces sujets qui ne sont pas notre sujet de ce soir. Les textes publiés aujourd’hui l’ont aussi été par rapport au début mars, la question des femmes et la journée du 8 mars. Mais j’y reviendrai dans une prochain dialogu in shâ Allah


 


 


Question posée par fouad :  (Postée le 1er mars 2005 à 14h31) 


 


 


Salam aleikom mon frère. Je remarque qu’en matière de spiritualité il est répandu qu’on travaille en groupe, entre frères ou entre soeurs, dans des cercles de rappel.



Cependant, j’ai beaucoup de difficultés à établir un programme spirituel à l’intérieur de mon foyer, avec ma femme. Beaucoup de frères à qui j’ai demandé conseil rencontre cette difficulté. Pourriez-vous m’éclairer ?



PS : un grand Salam à Hani de la part de Fouad de Vigneux. Baraka Allahou fik wa Salam aleikom.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


Il s’agit de savoir se discipliner.



Il faut des cercles, des groupes comme il convient d’établir des cercles familiaux.



Il faut commencer par le commencement. Chacun doit pouvoir exprimer ces besoins, ce qui lui manque, ce dont il ou elle a besoin. Il faut partir des besoins et établir des programmes simples et modestes (quant au contenu et au temps) mais que l’on est sûr de pouvoir suivre. Il faut savoir se discipliner. Une fois par semaine ou une fois chaque deux semaines : un cercle n’est pas seulement un cercle d’étude… parfois, dialoguer, s’écouter est aussi s’éduquer. Il faut, une fois, décider de se prendre en main et rester patient. Et in shâ ar-Rahmân, les choses s’améliorent


 


 


Question posée par salsabyle : (Postée le 1er mars 2005 à 14h00) 


 


 


Asalem ‘aleykum Mr le Professeur,



Je souhaiterais dans la mesure du possible, vous entendre sur un sujet tel que l’education de l’ame. Djazakum Allahu khairan. Puisse Allah swt vous assister.ameen



wasalem ‘aleykum.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


C’est un profond sujet et des traités entiers ont abordés la question. Je pourrais ici mettre en évidence trop dimensions fondamentales :



1. L’âme s’éduque et donc nécessite la prise de conscience (al-imân wal-furqân), le souvenir et le rappel (adh-dhikr) et la discipline évaluée (al-muraqaba)



2. Jihâd an-nafs wa sabr (l’effort et la résistance personnels et persévérants)sont les dispositions et les qualités qu’il faut d’abord pour s’attacher aux exigences fondamentales (les pratiques cultuelles et la proximité du Coran et du Prophète)



3. Au-delà il convient de se nourrir de l’idée que l’on est jamais seul. C’est l’excellenece « d’adorer Dieu comme si on Le voyait… » Alors, on Lui parle, on L’invoque, on L’appelle, on Lui demande Sa douceur et Sa miséricorde comme Son pardon. Sur la route l’éducation de l’âme veut dire que si tous les hommes de la terr ne nous pardonnaient plus, Il pourrait le faire. C’est apprendre à Lui faire confiance… à devenir confiant. Wa Allahu a’lam, wa a’lâ, wa ahkam


 


 


Question posée par Toufilasteen : (Postée le 1er mars 2005 à 13h31) 


 


 



Salam aleykum Cher Frère Tariq, Que pensez-vous de l’usage excessif du mot Haram pour des domaines qui n’ont rien à voir avec le haram, comme par exemple l’idée commune de dire qu la femme qui ne porte pas le voile fait quelques choses de Haram. Wa salams


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


 Oui, je ne cesse de le répèter par ailleurs. Le halâl et le harâm existe en islam et il convient à chacun de connaître les limites et l’éthique de l’action. Mais il faut se souvenir que que la pédagogie coranique (entre la Mecque et Médine) de même que celle du Prophète (BSL)était en fait une pégagogie de la limite, une pédaggie du halâl et du harâm : il convient d’être conscient que Dieu est présent, de faire habiter un peu de lumière dans son coeur, avant d’être capable non seulement de comprendre mais d’adhérer spirituellement et intellectuellement aux limites que l’on respecte. L’habitude de la limite est aussi un facteur déterminant, wa Allahu a’lam


 


 


Question posée par Mouslim :  (Postée le 1er mars 2005 à 13h18) 


 


 


Salam alaykom wa rahmatoullah. Je voudrais vous questionner au sujet du salafisme.Nous constatons depuis un certain nombre d’années une montée en puissance d’une idéologie que l’on pourrait qualifier de « salafisme »,dans bon nombre de quartiers et de cités de grandes villes françaises et plus récemment,de villes moyennes.Quel est votre avis sur ce phénomène ?Comment réagissez-vous aux attaques de plus en plus nombreuses et violentes,sur votre personne et votre pensée, de la part de ceux qui se réclament du salafisme ? Que Dieu vous aide et vous permette de toujours garder le courage et votre honnèteté intellectuelle.Amiine. Salam alaykom.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


D’abord, il faut faire la différence entre les savants salafi et leurs élèves. Les premiers sont souvent très très prudents dans leurs jugements ; les seconds sont souvent excessifs, peu patients et se permette de juger sans avoir les moyens de la faire (peu d’études) ou sans même prendre le temps de comprendre ce qu’ils jugent.



Sur les deux domaines du credo (al-‘aqîda) et la pratique (al-îbadât), les savants salafi (ou littéralistes) sont des références importantes car leur méthodologie et l’usage des textes correspond exactement à la nature du sujet qui requiert que l’on ne s’appuie ici que sur les textes. Dans ce domaine, mon respect ne se discute pas et je n’hésite jamais à lire leur production.



En ce qui concerne les affaires sociales (les mu’âmalât), la situation est différente et nos opinions divergent grandement. Il existe une diversité acceptée d’opinion en islam que ceretains savants, et surtout leurs disciples, refusent d’admettre et se permettent de penser qu’ils sont les seuls vrais musulmans. C’est attristant et surtout on reste interdit demain la superficialité de certaines de leurs lectures ou critiques…



Je ne crois pas qu’il faille perdre trop de temps dans ces débats. Le plus important est de savoir suivre sa route, pratiquer, fortifier son coeur et garder l’esprit ouvert en ne pensant jamais que parce que l’on suit telle ou telle école on est meilleur que sa soeur ou son frère en islam. Il faut juste essayer d’être meilleur que ce que l’on est… meilleur demain qu’on l’est aujourd’hui. Le reste, Dieu seul Le sait. Wa Allahu a’lam


 


 


Question posée par Ibrahima LO : (Postée le 1er mars 2005 à 11h35) 


 


 


Assalamou Aleykoum !



Celui qui vit une difficulté majeure, comment peut-il savoir que ce qui lui arrive est une épreuve divine(qui rapproche de Dieu) ou au contraire est le fruit de la malédiction divine(qui éloigne de Dieu) ?



Salam sur vous !


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


La vie est une épreuve… il faut savoir que l’on souffrira, que l’on pleurera, que l’on sera éprouvé.



« Dieu éprouve ceux qu’Il aime »… est-ce à dire que tous les éprouvés sont aimés ? Non, deux seuls être peuvent trouver le secret de l’épreuve. Dieu la connaît, bien sûr, et la femme et l’homme qui la vit cherche à comprendre.



Pour ce faire trois dimensions doivent être prises en considération, comme l’exprimait Abû Hâmid al-Ghazâlî : la façon dont on essaie de mener sa vie (dans l’oubli ou le rappel) ; nos intentions vis-à-vis du Créateur et la nature de notre souvenir de Sa Présence. Ces éléments peuvent aider à mieux comprendre sans toujours pouvoir comprendre tout de suite. Il faut être patient : l’épreuve peut être la marque d’élection des bienaimés et des Prophètes ou le châtiment des négateurs ou des inconscients. Mais même dans ce dernier cas de figure, il se peut que ce soit une marque d’élection et d’amour puisqu’éprouvés dans la vie, Dieu envoie le message que l’on peut encore vivre le réveil et la prise de conscience…


 


 


Question posée par khalil : (Postée le 1er mars 2005 à 11h25) 


 


 


Salam oualaykoum mon Frére Tariq,



Tout d’abord je voudrais vous encouragé pour tout ce que tu fait pour la communauté musulmane , que allah te préserve de l’enfer. j’aimerais savoir votre point de vue sur le rapport entre la raison et le coeur en ce qui concerne la spiritualité en islam ? je te remercie mon frére tarique d’avance . et à laprochaine fois . et salam oualaykoum


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


Salam ‘alaykum wa rahmatulLahi wa barakatuhu



Merci d’abord pour ces encouragements.



La question posée est de première importance car souvent on oppose la spiritualité, qui viendrait du coeur, à la l’intelligence ou la rationalité produite par la raison.



Or, la raison, qui nous permet de comprendre, de méditer, d’analyser et de discerner est l’une des voies de l’exercice spirituel. Le Coran invite « ceux qui portent la foi » à se distinguer en tant que ceux « qui sont doués d’intelligence ». L’intelligence nous fait appréhender les éléments, la foi les transforme en signes, porteurs de sens.



A un certain degré de complexité, la création, la nature, le cerveau humain ou les espèces, nous renvoient à la spiritualité, à la poésie du réel… à on comprend que Dieu parle, et nous parle


 


 


Question posée par Lena :  (Postée le 1er mars 2005 à 12h32) 


 


 


Cher Monsieur,



Tout d’abord je tiens à vous remercier du fond du coeur, c’est toujours un réconfort de vous lire.



Je vous souhaite de tenir bon envers et contre tout.



Dans le cadre du thème proposé, la spiritualité musulmane, j’aimerais vous poser quelques questions au sujet de la prière (dhikr et salat).



 Quelles sont au sein de l’islam les différents regards portés sur les invocations « spontanées », au sens où un croyant s’adresse à Dieu simplement avec ses mots, sans prière récitée ? Cette forme de prière a-t-elle sa place en islam ? Lui reconnaît-on une valeur particulière ? Y a-t-il une sorte de hiérarchie entre les invocations récitées et celles faites avec les simples mots du croyant ?



 Comment décrire en quelques mots la relation du croyant avec son Créateur ?



 Quelles sont les conditions pour qu’une prière dite « interreligieuse » puisse se faire avec des croyants de confession musulmane ?



 Qu’est-ce qui selon l’islam donne à la prière sa valeur, qu’est-ce qui fait qu’une prière sera considérée comme plus ou moins agréée par Dieu :



> l’exactitude des gestes, des paroles, et le respect des règles à suivre (horaire, ablutions etc) ?



> ou bien l’intention, le coeur, le recueillement, le désir de se rapprocher de Dieu et de sa Volonté ?



Probablement que ces deux types d’éléments sont liés dans l’islam ( ?), mais reconnaît-on généralement une priorité ?



 Quelle est la valeur du dhikr par rapport à la salat ?



 Lorsqu’on dit que telle prière vaut un certain nombre de fois telle autre, ou que tel acte est x fois plus important que tel autre… ces comparaisons avec des chiffres parfois précis est-elle symbolique ? Est-ce une manière d’insister sur l’importance d’une prière/d’un acte, ou bien est-ce considéré comme exact (mathématiquement) ?



N’y a-t-il pas parfois (à cause de l’importance accordée à ces chiffres) un risque de « superstition » ?



Je vous prie de bien vouloir m’excuser : il est fort probable que je vous aie déjà entendu (ou lu) vous exprimer à ce sujet, mais j’ai besoin je crois de me rafraîchir la mémoire.



Si vous n’avez pas le temps de répondre à ces questions, ou si elles n’entrent pas bien dans le cadre de ce dialogue, pourriez-vous s’il vous plaît me conseiller un/des livres ?



Je vous remercie par avance.


 


 


Réponse de Tariq RAMADAN :


 


 


Beaucoup de questions. Ce sera notre dernière question ce soir in shâ Allah.



1. Les invocations spontanées sont le bienvenues. Il faut dialoguer avec Dieu quand on veut et dans la langue que l’on maîtrise le mieux. 2. Le croyant est en quête de Son créateur. Cette quête est nourrie d’amour, de respect, de crainte, de révérence et de don. Le croyant appelle ; le Créateur répond 3. On peut participer à des prières interreligieuses à condition que chaque tradition soit respectée et que chacun prie et invoque Dieu selon ses critères et ses pratiques. Pas de syncrétisme déplacé de fait. 4. La prière est accepté par les deux dimensions : l’exactitude et la rigueur des gestes et de la pratique ; l’intention,la profondeur et l’intensité du don du coeur pour le Très-Haut. Une partie est maîtrisée par l’être humain, une autre pas. 5. La prière, la salat, est une forme du dhikr, sa forme supérieure et canonique. 6. Les savants ne sont paas tous de la même opinion quant à l’interprétation de la symbolique des chiffres. On peut trouver un point d’accord : il existe des lieux ou des moments durant lesquels les prières ont une dimension spirituelle particulière. Il faut en être conscient et s’en approcher… comme par exemple la prière en commun.



Voilà, al-hamdulilLah, nous arrivons à la fin. J’ai essayé de répondre aux questions liées aux sujets et parfois des questions se ressemblaient donc il faut se référer aux autres réponses. Nous nous retrouverons bientôt in shâ’Allah. Non… je ne serai pas au Bourget, oui vous pouvez continuer à nous faire part de vos remarques critiques.



Que Dieu nous accompagne tous, qu’Allah accepte nos invocations intimes et collectives. Fraternellement, avec mon affection Salam ‘alaykum wa rahmatulLahi wa barakatuhu


 


 

3 Commentaires

    • salam

      en fait, aucun verset n’en temoigne, sauf que dieu dit , sauf erreur involontaire de ma part

      « j’ai favorisee la langue arabe pour l’islam »

      autre choses

      dans la tradition, mohamed priait en arabe

      donc, on suit cette tradition unanime par le monde musulman

      ce qui ne veut pas dire que l’on doit tout suivre, car aucune certidute dans les traditions du prophete ne sont confirmees par le coran,
      sauf certaines bien specifiques

      le reste, sont des propos rapportes par ses compagnons et retranscrit apres sa mort,
      et donc, sont sujet a discussion

      il exciste enormement de desaccord a ce sujet la

      la seule garantie est le coran

      dieu n’a garanti que son livre revelee comme fiable et inviolable

      si tu etais dans l’erreur, fait confiance a dieu pour te rectifier,
      mais de toute facon, avant toute choses,
      seul et uniquement,
      la sincerite de l’intention compte

      ensuite, c’est « le travail » de dieu de te corriger si tu es dans l’erreur de bonne foi

      « il incombe a MOI MEME de guider ma creature dans la religion »

      voila, c’est la seule reponse que je puisse te faire honnetement, car , ta question reside d’un mystere divin

      en revanche, on se conforme a la majorite de l’etude des pratiques, car , aucune nuisance ne peut se repercuter a autrui , que de faire sa priere en arabe ou en francais, en revanche, il vaut mieux suivre les traditions en ce qui concerne les prieres et ses pratiques, car on ne peut affirmer que cela n’est pas excat, ni excat non plus, en revanche, jusqu’a present , on fait confiance a dieu

      si tu ne connais pas l’arabe, tu la fais progressivement en francais jusqu’a apprendre la priere en arabe, dieu t’y aidera
      je suis aussi une personne qui ne maitrise pas la langue arabe, en revanche, j’ai appris ma priere en arabe, ce qui fait, que je peux temoigner de sa facilite et de son apprentissage possible
      salam

      ,

  1. As salam aleycoum Tariq Ramadan mon très cher frère en islam

    Concernant votre réponse :

    « Sur les deux domaines du credo (al-’aqîda) et la pratique (al-îbadât), les savants salafi (ou littéralistes) sont des références importantes car leur méthodologie et l’usage des textes correspond exactement à la nature du sujet qui requiert que l’on ne s’appuie ici que sur les textes. Dans ce domaine, mon respect ne se discute pas et je n’hésite jamais à lire leur production. »

    Je trouve votre répondre plutôt étrange surtout venant du petit fils de Hassan al Banna (RahimaALLAH) celui-ci s’étant fermement opposé à une compréhension littéraliste des versets du coran et des hadiths qui concerne la ‘aquida et que l’on a appelé « ambiguë ». Contrairement à la méthodologie des wahabo-salafis l’écrasante majorité des savants musulmans ont affirmés que tout n’étaient pas à prendre de façon littéraliste dans la ‘aquida quand le Prophète (pbsl) dit que la pierre noir c’est le bras droit d’Allah, que Adam est créer a l’image d’Allah, que tout va disparaitre sauf le « visage » d’Allah (coran 28:88), qu’il est plus proche de nous que notre veine jugulaire (s50v16)… Je suis désolé mais le littéralisme n’est pas tjrs admissible contrairement à ce que les salafis veulent nous faire croire et cella va à l’encontre de l’avis de la très large majorité des savants dont Hassan al Banna lui même (r.a), voici un très bonne traduction la Risâlat Al-`Aqâ’id de Hassan al Banna :

    http://aslama.com/bibliotheque/articles/imane-foi/aqaid/aqaid_1.php

    En gros il explique (r.a) que les versets et hadiths « ambiguë » ne doivent surtout pas être pris dans le sens littéraliste, mais le sens doit être laisser à Allah seul. Les salafi sont des ultra-littéralistes ils prennent tout dans le sens premier et disent ignorer la façon donc les choses se font. Islamiquement de tel position ne sont pas défendable et je me demande comment vous qui êtes pourtant « élève » du sheikh Hassan al Banna et qui suiviez beaucoup le cheikh Qaradaoui pouvez laisser ces deux belles références pour rejoindre un groupe ultra-littéraliste, minoritaire à la limite de l’anthropomorphisme et qui se sont eux même(c’est leurs désirs) isoler du reste la communauté.
    Rester avec nous dans la majorité, le consensus et l’union, barakalaoufik.

    Très fraternellement votre frère Abdelsalam 🙂

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